Syrie-Les insurgés aux portes de Homs, Deraa tombe à son tour
HASSAKEH, Syrie (Reuters) – Les insurgés conduits par les islamistes du groupe Hayat Tahrir al Cham (HTC), ex-branche syrienne d’Al Qaïda, ont annoncés être parvenus vendredi aux portes de Homs, grande ville du centre de la Syrie, poursuivant l’offensive qui fragilise le régime syrien de Bachar al Assad.
Selon des sources proches des rebelles, ces derniers se sont en outre emparés de Deraa, ville du Sud située à quelques kilomètres de la frontière jordanienne, après avoir garanti aux forces gouvernementales qu’ils pourraient regagner Damas sans être inquiétés.
« Nos forces ont libéré le dernier village dans les faubourgs de la ville de Homs et sont maintenant à ses murs », a dit le HTC sur une boucle Telegram, une affirmation que Reuters n’était pas immédiatement en mesure de confirmer.
Le HTC dit avoir lancé aux forces loyalistes un « dernier appel » pour qu’ils abandonnent leurs postes sans combattre.
La chute de Homs constituerait un nouveau revers pour l’armée syrienne qui éprouve d’immenses difficultés à contenir la poussée des rebelles. Une telle issue ouvrirait un passage vers le Nord où sont positionnés des miliciens du Hezbollah, mouvement chiite libanais allié de Téhéran et de Damas.
Plus tôt dans la journée, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont pris le contrôle de Deir Ez Zor, elle aussi évacuée par l’armée, ont dit vendredi trois sources proches des services de sécurité syriens et un militant en contact avec la ville de l’est de la Syrie.
Selon deux sources sécuritaires basées dans la région, l’alliance dominée par les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) et soutenue par les Etats-Unis s’est emparée de la ville dans l’après-midi de vendredi.
Omar Abou Layla, un militant de la plate-forme Deir Ezzor 24 qui a des contacts dans la ville, a déclaré à Reuters que les forces du gouvernement syrien et leurs alliés des milices chiites irakiennes s’étaient retirés avant l’arrivée des FDS.
Selon deux sources proches de l’armée syrienne, la ville d’Alboukamal, située à la frontière avec l’Irak, est également tombée aux mains des FDS.
La Turquie, tout en désavouant le HTC qu’elle considère toujours comme une organisation terroriste, soutient d’autres groupes rebelles combattant à ses côtés et son rôle sera crucial dans le scénario des prochains jours.
Ankara, qui nie avoir joué le moindre rôle dans l’attaque menée par les insurgés, s’est notamment fixé pour objectif de rapatrier en Syrie des centaines de milliers de réfugiés de la guerre civile entassés sur son territoire.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a invité jeudi le gouvernement syrien à « dialoguer d’urgence avec son peuple pour trouver une solution politique ».
(Orhan Qereman à Hassakeh, avec Maya Gebeily à Beyrouth; Jean-Stéphane Brosse pour la version française)