Pologne : Le Parlement entame le débat sur l’IVG, la coalition au pouvoir reste divisée
VARSOVIE (Reuters) – Les députés polonais ont entamé jeudi l’examen de projets de loi sur la libéralisation de l’accès à l’avortement, une promesse de campagne du Premier ministre Donald Tusk qui divise toutefois la coalition pro-européenne au pouvoir.
Les droits des femmes sont au coeur des débats sociétaux en Pologne, où le précédent gouvernement ultraconservateur de Droit et Justice (PiS) a introduit une interdiction quasi-totale de l’avortement en 2021.
Selon la loi en vigueur, les Polonaises ne sont autorisées à une IVG qu’en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la santé ou la vie de la femme. Les interruptions de grossesse pour cause de malformation du foetus sont interdites.
Depuis son arrivée au pouvoir en octobre dernier, la large coalition soutenant Donald Tusk, qui comprend à la fois des partis politiques de gauche et démocrates-chrétiens, a déjà rétabli le financement public de la fécondation in vitro et voté la modification des règles régissant l’accès à la « pilule du lendemain ».
Les partis gouvernementaux divergent cependant sur les conditions d’accès à l’avortement, alors que Donald Tusk avait promis durant la campagne électorale de revenir sur les restrictions introduites par le PiS.
Selon les observateurs politiques, le mécontentement des Polonais à l’égard de la loi sur l’avortement du PiS a été l’une des raisons de la participation record aux élections d’octobre qui ont porté l’opposition au pouvoir.
« L’atmosphère est tendue parce que c’est un sujet sur lequel les partenaires de la coalition ne sont pas d’accord », a déclaré mercredi à la presse Szymon Holownia, président de la Diète, la chambre basse du Parlement polonais, et du parti chrétien-démocrate Pologne 2050, partenaire de la Coalition civique (KO) de Tusk.
Le débat de jeudi se concentre sur trois projets de loi, chacun présenté par l’un des trois groupes de la coalition: deux d’entre eux légaliseraient l’avortement sans restriction jusqu’à 12 semaines de grossesse, et l’autre rétablirait le droit à l’IVG en cas d’anomalie foetale, revenant ainsi à la situation qui prévalait avant que la Cour constitutionnelle n’interdise cette procédure en 2020.
Selon un récent sondage Ipsos, 62% des Polonais sont favorables à l’IVG jusqu’à 12 semaines de grossesse.
Le président Andrzej Duda, un allié du PiS, pourrait toutefois opposer son veto à toute modification de la législation.
(Reportage Anna Wlodarczak-Semczuk, Karol Badohal et Paweł Florkiewicz ; version française Diana Mandiá, édité par Sophie Louet)