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La mission de l’Onu au Mali prendra fin le 30 juin – document

par David Lewis et Edward McAllister

DAKAR/NAIROBI (Reuters) – La mission de maintien de la paix de l’Onu au Mali prendra fin le 30 juin et son personnel quittera le pays d’ici la fin décembre, selon un projet de résolution français prochainement soumis au Conseil de sécurité que Reuters a pu consulter.

Cette décision vient clore des mois de tensions entre les casques bleus et la junte militaire au pouvoir au Mali depuis les coups d’Etat de 2020 et 2021.

Le 16 juin dernier devant les Quinze, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a réclamé le retrait sans délai de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), créée en 2013 après une offensive armée de groupes djihadistes partis du nord du pays.

Selon le projet de résolution, le personnel des Nations unies restera au Mali jusqu’à la fin de l’année pour assurer une transition mais ses activités seront revues à la baisse, y compris l’assistance fournie à l’armée malienne.

Le texte de la résolution, authentifié par deux responsables de l’Onu et un expert militaire, circule depuis la semaine dernière.

La Minusma « maintiendra son personnel jusqu’au 31 décembre 2023, afin de planifier et de mettre en oeuvre la cessation des opérations et le transfert des tâches », précise-t-il.

Deux des sources interrogées ne s’attendent pas à voir ce texte modifié d’ici à ce qu’il soit soumis au vote du Conseil de sécurité, prévu jeudi. La résolution devra obtenir au moins neuf voix en sa faveur et aucun veto de la part des cinq membres permanents pour être adoptée.

Un porte-parole de la Minusma n’a pas souhaité faire de commentaire.

Les autorités maliennes n’ont pas donné suite à des demandes de commentaire.

Un porte-parole des missions de la paix de l’Onu a déclaré que les Nations unies étaient prêtes à travailler avec les autorités maliennes sur un plan de retrait de la Minusma et que des discussions internes étaient en cours.

170 MORTS EN DIX ANS

Cette fin abrupte de la Minusma, forte de 13.000 hommes, fait courir le risque d’un vide sécuritaire même si les activités des casques bleus ont été restreintes par la junte malienne, estiment des experts et certains pays africains.

La France, intervenue en janvier 2013 contre l’insurrection djihadiste, a retiré ses forces du Mali l’été dernier, jugeant impossible de coopérer avec la junte au pouvoir, qui collabore désormais avec le groupe paramilitaire russe Wagner.

La Minusma a perdu quelque 170 hommes au combat en dix ans, le bilan le plus lourd jamais enregistré par une mission de casques bleus des Nations unies.

Si la junte malienne a critiqué la mission à de multiples reprises, d’autres pays africains ont souhaité qu’elle reste au Mali, voire augmente ses effectifs, lors de discussions cette année. Des experts de la sécurité redoutent que la situation dans le nord et le centre du Mali se détériore encore davantage après son départ.

La Minusma protège des villes comme Gao ou Tombouctou, prend en charge des évacuations médicales de soldats maliens et achemine par avion des responsables du gouvernement pour éviter de traverser par la route les zones de conflit. Elle a également coordonné des pourparlers de paix entre groupes armés rivaux du Nord malien après les accords d’Alger de 2015.

Selon le projet de résolution, les opérations se limiteront après le 30 juin à assurer la sécurité du personnel de l’Onu, de ses bases et de ses convois. Quand cela sera possible, et avec la permission des autorités maliennes, « la Minusma est autorisée à répondre à des menaces de violence imminentes contre des civils et à contribuer à l’acheminement par des civils d’une assistance humanitaire dans son voisinage immédiat », ajoute toutefois le texte.

(version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)

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