Hong-Kong: Le média indépendant Stand News ferme après un raid de la police
par James Pomfret et Edmond Ng
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HONG KONG (Reuters) – Le site d’information hongkongais Stand News a annoncé mercredi la cessation de ses activités à la suite d’un raid de la police dans ses bureaux, du gel de ses avoirs et de l’arrestation de plusieurs de ses dirigeants pour « publication séditieuse », dernier épisode en date de la répression qui vise les médias indépendants dans la région administrative chinoise.
« En raison de la situation, Stand News cesse ses opérations », a déclaré le média en ligne sur sa page Facebook. « Le rédacteur en chef adjoint par intérim Patrick Lam a démissionné et tous les employés de Stand News sont renvoyés. »
Stand News était le dernier grand média pro-démocratie de Hong Kong depuis la fermeture en juin dernier du tabloïd Apple Daily contrôlé par l’homme d’affaires Jimmy Lai, qui est en prison.
Steve Li, chef de l’unité de police chargée de l’application de la loi sur la sécurité nationale adoptée l’an dernier à Hong Kong après de vastes manifestations pour la démocratie, a accusé Stand News d’avoir publié des informations et des commentaires incitant à la haine contre les autorités.
Il a déclaré que certains articles de Stand News évoquaient à tort et de façon « malveillante » des disparitions ou des agressions sexuelles contre des militants démocrates lors du mouvement de contestation de 2019 qui visait à dénoncer l’emprise croissante du pouvoir central chinois sur le territoire.
« Nous ne ciblons pas les journalistes. Nous visons les infractions à la sécurité nationale », a assuré Steve Li.
La police a saisi des biens d’une valeur de 61 millions de dollars hongkongais (6,9 millions d’euros), dont des ordinateurs, des téléphones et du matériel journalistique lors de la perquisition dans les locaux de Stand News, qui a mobilisé 200 hommes.
RSF APPELLE À « DÉFENDRE CE QUI RESTE DE PRESSE INDÉPENDANTE »
Les forces de l’ordre ont annoncé avoir arrêté trois hommes et trois femmes âgés de 34 à 73 ans pour « conspiration en vue de publier du matériel séditieux ».
Selon les médias locaux, quatre anciens membres du conseil d’administration de Stand News, dont l’ancienne députée démocrate Margaret Ng et la chanteuse pop Denise Ho, ont été arrêtés, ainsi que le rédacteur en chef par intérim Patrick Lam et l’ancien rédacteur en chef Chung Pui-kuen.
L’épouse de ce dernier, Chang Pui-man, qui travaillait à l’Apple Daily, est également visée par des poursuites.
Reuters n’a pas pu joindre les personnes détenues ou leurs représentants légaux.
Le rédacteur en chef adjoint de Stand News Ronson Chan, également président de l’Association des journalistes de Hong Kong, n’a pas été arrêté, mais il a déclaré que la police avait saisi son ordinateur, du matériel électronique, sa carte de presse et des documents bancaires à son domicile.
« Stand News a toujours rapporté les informations de manière professionnelle », a-t-il dit.
Le numéro deux du gouvernement de Hong Kong, le premier secrétaire de l’administration John Lee, a apporté son soutien à l’action de la police, affirmant que toute personne tentant d’utiliser les médias à des fins politiques ou pour d’autres intérêts contraires à la loi, et mettant en danger la sécurité nationale, était « l’élément maléfique qui porte atteinte à la liberté de la presse ».
L’organisation Reporters Sans Frontières a dénoncé la fermeture de Stand News et appelé sur Twitter les démocraties à réagir pour « défendre ce qui reste de presse indépendante dans le territoire ».
La sédition n’est pas un crime en vertu de la nouvelle loi de sécurité nationale imposée par Pékin en juin 2020 dans la région administrative spéciale mais de récentes décisions de justice rendues à Hong Kong donnent latitude aux autorités pour utiliser des dispositions de la loi pour des faits antérieurs à l’adoption de celle-ci et remettre au goût du jour des lois datant de l’ère coloniale britannique et punissant la sédition.
Les activistes pro-démocratie considèrent la loi de sécurité nationale imposée par la Chine comme un moyen de faire taire les voix dissidentes et de restreindre les libertés dans le territoire rétrocédé à la Chine par la Grande-Bretagne en 1997.
(Avec la contribution de Sara Cheng, Joyce Zhou, Jessie Pang, Donny Kwok, Clare Jim et Marius Zaharia, rédigé par Tony Munroe et Marius Zaharia; version française Camille Raynaud et Dina Kartit, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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