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Etats-Unis 2024 : Alors que le scrutin s’annonce serré, les candidats veulent séduire les expatriés

par Makini Brice

PARIS (Reuters) – Installé à Paris, Bob Vallier, qui vit principalement hors des Etats-Unis depuis trois décennies, a d’ores et déjà voté par correspondance, dans son Etat natal du Michigan, pour l’élection présidentielle américaine du 5 novembre.

« Ce qui se passe en Amérique affecte le reste du monde. Je le sais, parce que je vis depuis longtemps dans ce reste du monde », dit Bob Vallier, qui préside le caucus des droits LGBTQ+ pour les Démocrates de l’Etranger.

Son vote, comme celui des autres Américains expatriés, pourrait s’avérer crucial dans les sept Etats dits « pivots » (« Swing States »), où ni les démocrates ni les républicains ne se détachent véritablement dans les intentions de vote et qui pourraient faire pencher l’élection d’un côté ou de l’autre.

D’après les estimations du Comité national du Parti démocrate (DNC), quelque 1,6 million d’électeurs américains expatriés peuvent voter dans l’un des sept Etats pivots – Arizona, Géorgie, Michigan, Nevada, Caroline du Nord, Pennsylvanie, Wisconsin.

Ces Américains de l’étranger seraient plutôt favorables au camp démocrate. Parmi ceux ayant utilisé lors de l’élection présidentielle de 2020 la plateforme « Vote from Abroad » (voter depuis l’étranger), un outil non-partisan lié au DNC, les trois quarts ont déclaré être des démocrates.

Pour la première fois pour une élection présidentielle, le DNC a accordé un financement – environ 300.000 dollars – aux Démocrates de l’Etranger afin d’aider aux démarches d’inscription des expatriés sur les listes électorales et de favoriser l’envoi des bulletins de vote. Des annonces publicitaires ont également été effectuées sur les réseaux sociaux pour inciter les Américains de l’étranger à voter.

LE SCRUTIN « VA SE JOUER À LA MARGE »

« Cette élection va se jouer à la marge, chaque vote compte », a déclaré la porte-parole du DNC dans un communiqué. « Nous allons remporter cette élection en sollicitant tout électeur éligible, peu importe où il réside », a ajouté Maddy Mundy.

Donald Trump veut également convaincre les expatriés. Plus tôt ce mois-ci, le candidat républicain a promis de mettre fin à la double imposition des Américains de l’étranger, lesquels sont contraints de remplir une feuille d’impôt sur le revenu peu importe l’endroit où ils résident. Aucune précision n’a été donnée par son équipe de campagne sur la mise en oeuvre d’une telle mesure.

Si les ressortissants américains vivant à l’étranger n’ont pas à verser d’impôt sur le revenu quand ils gagnent moins de 126.500 dollars, et s’ils peuvent bénéficier de certains crédits d’impôt spécifiques, il s’agit bien souvent d’un casse-tête bureaucratique quasiment sans équivalent pour des expatriés.

« Pour de nombreux Américains à l’étranger, dont moi-même, la seule interaction régulière que nous avons avec le gouvernement fédéral a lieu chaque année en avril, avec l’IRS (l’équivalent américain de la direction générale des finances publiques, NDLR), quand nous devons remplir et payer nos impôts », souligne Zennon Kapron, consultant fintech basé à Singapour et inscrit sur liste électorale à New York.

A la question de savoir si la promesse de Donald Trump pourrait peser dans son choix électoral, il a répondu par l’affirmative: « Si un candidat met sérieusement en oeuvre une réforme fiscale pour les expatriés, cela peut influencer ma décision ».

LE VOTE DES EXPATRIÉS AU COEUR DE PROCÉDURES JURIDIQUES

Le directeur général des Républicains de l’Etranger a déclaré que les élus républicains se battaient depuis des années pour améliorer les politiques fiscales concernant les expatriés, ajoutant penser que la question pouvait « totalement » affecter le vote des Américains vivant hors des Etats-Unis.

« Les Démocrates de l’Etranger paniquent déjà », dit Solomon Yue, prévenant par ailleurs que le Parti démocrate s’intéressait de près au vote des expatriés dans le but de tricher lors du scrutin présidentiel – des accusations de fraude avancées sans fondement par les républicains.

En amont de l’élection, le Comité national du Parti républicain (RNC), étroitement lié à la campagne Trump, a déjà engagé des procédures juridiques ciblant les électeurs de l’étranger, dont ceux issus de Pennsylvanie. Si elles venaient à aboutir, le nombre d’Américains expatriés autorisés à voter pourrait être réduit.

Cette démarche des républicains a poussé six élus démocrates de la Chambre américaine des représentants à envoyer une lettre au secrétaire à la Défense afin de vérifier si la procédure juridique aurait des conséquences sur les droits constitutionnels du personnel militaire. Ils ont accusé les républicains de vouloir « semer la discorde et la désinformation ».

Deux plaintes déposées dans le Michigan et en Caroline du Nord par des représentants républicains avec l’objectif d’empêcher certains expatriés de voter dans ces Etats ont été rejetées lundi par des juges.

« INSTRUCTIONS INCOMPRÉHENSIBLES »

Convaincre les expatriés est un défi d’autant plus grand que, traditionnellement, seul un petit nombre d’entre eux prennent part au vote. Selon les estimations des partis politiques et d’experts indépendants, il y a entre 4,4 millions et 9 millions d’électeurs américains résidant à l’étranger.

Il est impossible pour les ressortissants américains de se rendre le jour de l’élection à leur ambassade pour voter, contrairement aux expatriés de nombreux autres pays. Ils doivent effectuer leur démarche directement auprès de l’Etat américain où ils sont enregistrés sur les listes électorales – dans la plupart des cas, le vote est effectué par courrier postal.

Selon le programme fédéral américain d’aide au vote, la plupart des expatriés pouvant voter ne le font pas. Moins de 8% d’entre eux auraient envoyé un bulletin lors de la précédente élection présidentielle, dont le taux de participation global fut de 67%. En 2022, lors des élections de mi-mandat au Congrès américain (les « midterms »), seuls 3,4% des expatriés ont voté.

A deux semaines du scrutin 2024, dans le centre de Paris, des bénévoles continuaient en début de semaine de s’affairer, comme chaque lundi et mardi après-midi devant une brasserie, pour aider des expatriés américains à traverser les obstacles bureaucratiques inhérents aux lois électorales.

« Le problème, c’est que les instructions ne sont pas compréhensibles », dit Tanya, avocate à la retraite, qui fait partie du groupe de bénévoles.

Parmi les expatriés ayant sollicité cette aide figure Claudie Le Corre, venue la semaine dernière car elle n’avait pas reçu son bulletin de vote de la part des services électoraux à New York. Elle a dit penser avoir été retirée des listes et a renvoyé un dossier pour se réinscrire.

« Je suis inquiète pour nos lendemains, pour nos enfants », a-t-elle dit. « Tous ces mouvements un peu populistes, auxquels appartient Donald Trump, m’inquiètent ».

(Reportage Makini Brice à Paris, avec la contribution de Rocky Swift à Tokyo, Xinghui Kok à Singapour, Gram Slattery et Trevor Hunnicutt à Washington; version française Jean Terzian, édité par Blandine Hénault)

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