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Manifestations après la nomination de Barnier comme Premier ministre

PARIS (Reuters) – Des milliers de personnes sont descendues samedi dans les rues en France pour protester contre la décision du président Emmanuel Macron de nommer Michel Barnier au poste de Premier ministre, les partis de gauche estimant que le chef de l’Etat n’a pas tenu compte du résultat des élections législatives.

Selon les organisateurs, qui avaient appelé les responsables de gauche, les syndicats et les associations d’étudiants à défiler samedi, ils étaient 160.000 à Paris et 300.000 dans toute la France.

Le ministère de l’Intérieur a indiqué dans la soirée que 110.000 personnes ont défilé en France, tandis que la préfecture a recensé 26.000 personnes dans la capitale.

Réagissant à la manifestation de samedi, à l’occasion de son premier déplacement en tant que chef de gouvernement, Michel Barnier a déclaré devant l’hôpital Necker à Paris pour enfants malades: « Je ne vais pas perdre de temps dans des polémiques ».

« J’entends des mots ‘coup de force’. On n’est pas dans cet état d’esprit. L’idée, c’est de rassembler autour d’un projet, d’actions gouvernementales, de coopération du plus grand nombre possible de députés. Il n’y a pas de coup de force », a-t-il insisté.

Assurant que la santé serait une priorité du gouvernement qu’il tente de former, Michel Barnier a ajouté: « Je ne suis pas là pour faire des effets d’annonces (…) il faut comprendre pour agir et on comprend mieux en écoutant les gens et en les respectant ».

« Ici à la base, dans un hôpital, il y a des progrès à faire dans l’organisation; il y a des économies à faire; c’est ce qui m’a été dit ce matin si on écoute les gens ».

« Donc je continuerai à essayer de comprendre pour bien agir », a-t-il poursuivi. « C’est en fonction de cette compréhension que le gouvernement prendra des décisions, quand il sera formé, dans les jours qui viennent.

L’ancien négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit, issu du parti Les Républicains, cinquième force au Parlement avec moins de 50 élus, est contesté par le Nouveau front populaire (NFP), une alliance de gauche, et soutenu par le bloc central (l’alliance des macronistes), tandis que le Rassemblement national (RN) s’est engagé pour le moment à ne pas le censurer.

Le NFP accuse Emmanuel Macron de déni de démocratie depuis le rejet de la candidature de Lucie Castets au poste de Premier ministre. La France insoumise (LFI), une composante du NFP, a notamment déclaré, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, que le chef de l’Etat avait « volé l’élection au peuple français ».

Dans une enquête publiée vendredi par l’institut de sondage Elabe, 74% des Français considèrent qu’Emmanuel Macron n’a pas respecté les résultats des élections et 55% estiment qu’il les a volés.

Au Parlement, le NFP et le RN disposent ensemble d’une majorité suffisante pour évincer le nouveau Premier ministre par un vote de défiance s’ils décident de collaborer.

Alors que Jordan Bardella a estimé samedi sur BFM TV que « le Premier ministre était sous surveillance » du RN et que « rien ne pourrait se faire » sans son parti, Michel Barnier a minimisé la portée des propos du président de la formation d’extrême droite.

« Le gouvernement est sous la surveillance démocratique de tous les Français et tous les groupes politiques », a-t-il dit.

(Rédigé par Claude Chendjou, avec la contribution de John Irish et Manuel Ausloos)

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