Macron veut redynamiser la finance mondiale pour soutenir le climat et le Sud
par Leigh Thomas et Simon Jessop
PARIS (Reuters) – Le président français Emmanuel Macron accueille jeudi et vendredi un sommet qui ambitionne de définir une feuille de route pour alléger le fardeau de la dette des pays les moins riches tout en libérant davantage de fonds pour financer la lutte contre le changement climatique.
Le sommet réunira à Paris des dizaines de dirigeants pour forger un consensus au plus haut niveau sur la manière de faire progresser un certain nombre d’initiatives actuellement dans l’impasse.
De l’allègement de la dette au financement climatique, de nombreux sujets à l’ordre du jour reprennent les suggestions d’un groupe de pays en développement, dirigé par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, surnommées « l’initiative de Bridgetown ».
« Nous nous dirigeons vers un monde, je l’appellerais le système financier de Bridgetown, (qui) pose comme postulat que nous devons massivement améliorer le secteur public et nous concentrer sur le renforcement de la résilience et de l’adaptation, car il est difficile que cela soit financé d’une autre manière », a déclaré Avinash Persaud, émissaire de Mia Mottley sur le financement climatique.
Bien qu’aucune décision contraignante ne soit attendue, les responsables impliqués dans la planification du sommet ont déclaré que des engagements forts devraient être pris pour le soutien aux pays pauvres.
Près de 80 ans après la création de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) par les accords de Bretton Woods, les dirigeants veulent obtenir davantage de financements pour les pays qui en ont le plus besoin.
Le plan, élaboré il y a deux ans lors d’un sommet financier africain à Paris, appelle les gouvernements riches à utiliser leurs droits de tirage spéciaux inutilisés au FMI pour, à leur tour, prêter aux pays pauvres.
Les gouvernements cherchent également des moyens de permettre à la Banque mondiale d’utiliser l’effet de levier pour prêter davantage aux pays pauvres sans mettre en péril sa note de crédit AAA.
« Nous voulons aller plus loin et devrions pouvoir fixer des objectifs pour mettre plus d’argent public sur la table », a déclaré une source de la présidence française.
Avinash Persaud a déclaré qu’un soutien était également attendu du FMI et d’autres banques multilatérales de développement pour fournir 100 milliards de dollars de garanties contre le risque de change afin de débloquer des investissements privés dans les pays pauvres pour des initiatives climatiques et de développement.
Certains dirigeants devraient appuyer des propositions déjà bien anciennes en faveur d’une taxe sur les émissions de l’industrie du transport maritime avant une réunion le mois prochain de l’Organisation maritime internationale, ont déclaré des responsables.
Ils ont déclaré que des appels devraient également être lancés en faveur de clauses « de risque de catastrophe » dans les accords de prêt, qui permettent à un pays de suspendre les remboursements en cas de catastrophe.
(Reportage Leigh Thomas à Paris et Simon Jessop à Londres; Nicolas Delame pour la version française, édité par Blandine Hénault)