L’UE donne le feu vert à la Bulgarie pour adopter l’euro à partir de 2026
BRUXELLES (Reuters) – La Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) ont donné mercredi leur feu vert à la Bulgarie pour adopter l’euro dès le début de l’année 2026.
La Bulgarie deviendra ainsi le 21ème pays à rejoindre la zone euro.
Dans un « rapport de convergence », la Commission européenne a estimé que la Bulgarie remplissait les critères formels nécessaires à l’adoption de la monnaie unique, utilisée par 347 millions d’Européens dans 20 pays.
« Aujourd’hui, la Commission européenne a conclu que la Bulgarie est prête à adopter l’euro à compter du 1er janvier 2026, une étape clé qui fera de la Bulgarie le vingt-et-unième pays de la zone euro », a déclaré l’exécutif européen dans un communiqué.
La BCE a également affirmé que la Bulgarie était prête. « Je tiens à féliciter la Bulgarie pour son immense dévouement à la mise en œuvre des ajustements nécessaires », a déclaré Philip Lane, économiste en chef de la BCE, dans un communiqué.
« Cette évaluation positive de la convergence ouvre la voie à l’introduction de l’euro en Bulgarie à compter du 1er janvier 2026 et à l’adhésion de ce pays à la zone euro. »
La décision finale revient aux ministres des Finances de l’Union européenne (UE), qui devraient approuver le processus début juillet.
Une fois le processus politique achevé, les responsables de la Banque nationale de Bulgarie seront invités à rejoindre les groupes de la BCE, y compris le Conseil des gouverneurs chargé de fixer les taux, en tant qu’observateurs, jusqu’à l’adhésion officielle.
La Bulgarie souhaite depuis des années adopter la monnaie unique, mais sa date d’adhésion a été repoussée en partie parce qu’elle ne remplissait pas certains critères essentiels, notamment en matière d’inflation.
Cette fois-ci, elle a tout juste satisfait au critère d’inflation – ne pas dépasser celle des trois pays les plus performants de l’UE de 1,5 point de pourcentage – puisque le chiffre sur 12 mois s’établissait à 2,7% en avril, soit juste en dessous de la valeur de référence de 2,8%.
L’inflation devrait toutefois s’accélérer en 2025 et pourrait atteindre en moyenne 3,6% sur l’année, mais la Commission européenne prévoit qu’elle repassera sous la barre des 2% en 2026.
La dette publique du pays, qui s’est élevée à 24,1% du PIB en 2024 et devrait atteindre 25,1% en 2025, est bien inférieure au niveau maximal de 60%.
Son taux d’intérêt à long terme sur les obligations se situe bien dans la marge de 2 points de pourcentage au-dessus du taux auquel les trois pays les plus performants en matière d’inflation empruntent.
LA POPULATION BULGARE DIVISÉE
L’adhésion de la Bulgarie à la zone euro ne laissera que six des 27 pays de l’UE en dehors de la zone monétaire unique : la Suède, la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie et le Danemark.
Aucun d’entre eux n’a de projet immédiat d’adopter l’euro, que ce soit pour des raisons politiques ou parce qu’ils ne remplissent pas les critères économiques requis.
En Bulgarie, l’annonce du feu vert au passage à l’euro a suscité des réactions mitigées.
« Il sera beaucoup plus facile pour tous les habitants de la zone euro (…) de comprendre que la Bulgarie est l’un des pays les plus attractifs pour les vacances d’hiver et d’été », s’est félicité Igor Ruge, directeur de deux hôtels dans une station de ski du sud de la Bulgarie.
Mais la corruption généralisée, les inégalités de revenus flagrantes et une longue crise politique marquée par une série d’élections anticipées et de coalitions fragiles ont sapé la confiance dans les autorités.
Nombreux sont ceux qui craignent par ailleurs une hausse des prix lors du passage à l’euro, comme cela s’est produit dans d’autres pays qui ont adhéré à l’UE au cours de la dernière décennie.
« Le changement sera difficile… Les gens sont devenus très pauvres et comptent leurs stotinki (centimes) lorsqu’ils font leurs courses, pas les euros », a déclaré mardi Nikola Ragev, un retraité de 75 ans, alors qu’il vendait des légumes dans la ville de Pernik, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la capitale bulgare Sofia.
Avec un salaire mensuel moyen de 2.443 levs (1.247 euros), la Bulgarie est le pays le plus pauvre de l’Union européenne.
Le gouvernement bulgare assure pour sa part que l’euro apportera davantage d’investissements et de stabilité à la Bulgarie et annoncé le lancement d’une campagne pour rassurer la population.
(Version française Blandine Hénault et Mara Vîlcu et Noémie Naudin, édité par)
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