Liban: Le président de la CIJ Nawaf Salam nommé Premier ministre
par Laila Bassam et Tom Perry
BEYROUTH (Reuters) – Le nouveau président libanais, Joseph Aoun, a nommé lundi Nawaf Salam au poste de Premier ministre et va le charger de former un gouvernement, a annoncé la présidence dans un communiqué.
Nawaf Salam était depuis février 2024 président de la Cour internationale de Justice (CIJ) de l’Onu, où il avait été élu juge en 2017. Il avait auparavant été représentant permanent du Liban auprès des Nations unies pendant dix ans.
Joseph Aoun, nommé président jeudi dernier, a convoqué Nawaf Salam pour le charger de former un gouvernement. Nawaf Salam, actuellement hors du Liban doit rentrer au mardi et a reçu le vote de 84 députés libanais, selon la présidence.
Le choix de Nawaf Salam reflète les changements d’équilibre au Moyen-Orient, marqué par un affaiblissement du Hezbollah après la campagne militaire israélienne et la chute de son allié Bachar al Assad en Syrie.
Le président de la CIJ a reçu les voix des députés chrétiens et druzes ainsi que de parlementaires sunnites de premier plan, dont des alliés du Hezbollah.
Faisal Karami, un député sunnite allié du Hezbollah, a dit avoir voté en faveur de Nawaf Salam, invoquant des demandes de « changement et de renouveau » et un soutien international et arabe pour le Liban.
Les députés du Hezbollah et leurs alliés du Mouvement Amal, qui occupent tous les sièges réservés aux chiites au Parlement, n’ont voté pour personne, indiquant qu’ils n’ont pas l’intention actuellement de participer au gouvernement Salam.
Les opposants au Hezbollah ont travaillé à sa fragmentation et à son exclusion, selon Mohammed Raad, député du mouvement chiite qui militait pour que l’ancien Premier ministre Najib Mikati soit maintenu à son poste.
Selon lui, le Hezbollah a « tendu sa main » lors de l’élection de Joseph Aoun la semaine dernière avant qu’elle ne soit finalement « coupée ».
L’élection du commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, un chrétien maronite qui bénéficie du soutien des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, était déjà un marqueur du changement du paysage politique local dans lequel le Hezbollah a longtemps tenu un rôle décisif.
Le poste de président est réservé à un chrétien maronite en vertu du système de partage du pouvoir entre communautés religieuses, alors que celui de Premier ministre doit revenir à un musulman sunnite et celui de président du Parlement à un musulman chiite.
L’élection de Joseph Aoun et la nomination d’un nouveau Premier ministre sont les premiers signes d’une remise en marche des institutions gouvernementales au Liban, paralysées depuis plus de deux ans.
Le nouveau gouvernement devra reconstruire les zones détruites par les attaques aériennes israéliennes, lancer des réformes suspendues de longue date, relancer l’économie nationale et identifier les raisons de la chute du système financier libanais en 2019.
Joseph Aoun a joué un rôle crucial en tant que commandant en chef de l’armée libanaise dans l’instauration d’un cessez-le-feu soutenu par Washington entre Israël et le Hezbollah.
Selon l’accord, l’armée libanaise doit prendre position dans le sud-Liban pendant que l’armée israélienne et les combattants du mouvement chiite se retirent.
(Avec Maya Gebeily à Beyrouth, Clauda Tanios et Tala Ramadan à Dubaï ; version française Kate Entringer et Zhifan Liu, édité par Tangi Salaün et Kate Entringer)