Le projet de loi nature de l’UE en péril après le retrait du PPE
par Kate Abnett
BRUXELLES (Reuters) – L’avenir du projet de loi européen sur la restauration des écosystèmes, l’un des volets du « pacte vert » de l’UE, semble incertain après le retrait des eurodéputés conservateurs du Parti populaire européen (PPE) des négociations sur le texte au Parlement.
Le PPE a mis fin mercredi à sa participation aux discussions en arguant que ses préoccupations – notamment sur le fait qu’un tel projet de loi réduirait la production alimentaire en Europe – n’avaient pas été entendues.
Les députés des autres groupes politiques représentés au Parlement européen assurent de leur côté s’être entendus sur un compromis susceptible de réunir suffisamment de voix lors de son examen en commission Environnement le 15 juin, mais on ignore encore si le texte survivra au vote en session plénière prévu en juillet.
Les 177 élus du PPE forment le premier groupe politique du Parlement qui compte quelque 700 sièges, et devront nouer des alliances s’ils veulent enterrer le projet de loi.
Dans un communiqué diffusé mercredi, l’élue PPE Christine Schneider a affirmé que son groupe soutenait le principe de la restauration de la nature mais que la proposition de la Commission européenne n’était « tout simplement pas assez bonne ».
La proposition, présentée par l’exécutif européen en juin 2022, vise à enrayer le déclin rapide des espèces au coeur des écosystèmes européens en imposant aux Etats de restaurer la nature d’ici 2030 sur 20% des zones terrestres et maritimes de l’UE. Le texte comprend également d’autres objectifs, comme l’obligation de maintenir des espaces verts dans les villes ou de remettre en eau des tourbières.
Les 27 pays membres de l’UE, qui devront également approuver la loi si elle passe au Parlement, négocient des amendements, dont l’un autorisant la poursuite d’activités économiques dans les zones concernées par la restauration des écosystèmes.
Le président français Emmanuel Macron a de son côté appelé le 11 mai dernier à une « pause réglementaire européenne » en matière d’environnement, estimant que l’UE avait déjà fait plus que ses voisins.
Lui emboîtant le pas, le Premier ministre belge Alexander De Croo a récemment estimé qu’il fallait « éviter de surcharger la barque » en matière de réglementation et concentrer avant tout les efforts sur la lutte contre le dérèglement climatique.
« Nous avons besoin de cette réglementation sur la nature afin de répondre à la deuxième grande crise écologique, qui est la crise de la biodiversité », a fait valoir quant à elle jeudi l’eurodéputée écologiste allemande Terry Reintke.
(Version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Kate Entringer)