France/Retraites: Les syndicats tentent encore de mobiliser avant le Conseil constitutionnel
PARIS (Reuters) – Les syndicats organisent ce jeudi une 12e journée de mobilisation nationale en France contre la réforme des retraites à la veille de l’avis très attendu du Conseil constitutionnel, crucial non seulement pour l’avenir du texte lui-même mais aussi pour la contestation sociale et ses répercussions politiques.
Après quasiment trois mois de manifestations et de grèves, la mobilisation paraît donner des signes d’essoufflement malgré un sursaut mi-mars à la suite de la décision du gouvernement de faire adopter son projet de loi repoussant l’âge de départ à la retraite à 64 ans sans vote sur le texte à l’Assemblée nationale.
Une dizaine de milliers de participants est attendue dans le cortège parisien, qui partira à 14 heures (12h00 GMT) de la place de l’Opéra jusqu’à celle de la Bastille, selon le préfet de police de Paris Laurent Nuñez sur RMC.
Ils étaient 57.000 manifestants dans la capitale lors de la dernière journée de mobilisation le 6 avril, et 570.000 dans l’ensemble du pays, d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Des premières actions étaient déjà recensées dans la matinée avec des blocages de certains axes automobiles et ferroviaires dans plusieurs villes, du dépôt de camions poubelles à Aubervilliers ou encore de l’incinérateur de déchets d’Ivry-sur-Seine, près de Paris.
Des poubelles ont par ailleurs été déposées devant le Conseil constitutionnel jeudi matin pour en bloquer l’entrée.
Dans les raffineries de TotalEnergies, où la grève reconductible menée depuis début mars avait pris fin ces derniers jours, 20% des salariés postés dans la matinée jeudi ont de nouveau arrêté le travail, a indiqué un porte-parole du groupe.
Les expéditions en provenance des sites de Donges (Loire-Atlantique) et de la Mède (Bouches-du-Rhône) sont interrompues, a-t-il ajouté.
Dans les transports publics, le trafic est attendu quasi normal à la RATP tandis que la circulation des trains SNCF ne sera perturbée que « sur certaines lignes ».
BAROUD D’HONNEUR
« Ce n’est certainement pas le dernier jour de grève », a assuré jeudi devant la presse la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, présente aux côtés des grévistes qui bloquent l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine.
Si les syndicats, toujours soutenus par une large majorité de Français selon les sondages, réfutent l’idée d’un baroud d’honneur ce jeudi, l’avis du Conseil constitutionnel, saisi aussi bien par le gouvernement que par les oppositions, pourrait néanmoins marquer un tournant.
Interrogé sur l’avenir de la mobilisation en cas de validation de la réforme par les « Sages », Laurent Berger a répondu mardi sur LCI : « On le décidera ensemble mais il est clair (que) la CFDT ne fera pas des manifestations pendant six mois sur cette réforme des retraites. »
Le secrétaire général de la CFDT a invité Emmanuel Macron à faire preuve de « sagesse » en imposant par exemple un nouvel examen de la réforme par le Parlement, comme le permet l’article 10 de la Constitution au président de la République.
PROJET DE RÉFÉRENDUM
Certains opposants à la réforme misent aussi sur l’organisation d’un référendum d’initiative partagée (RIP) portant sur le maintien de l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Le Conseil constitutionnel doit aussi rendre vendredi son avis sur l’organisation d’une telle consultation.
Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont prévu de se voir « en fin de semaine » pour faire le point à la suite des avis du Conseil constitutionnel, dit-on dans l’entourage de la Première ministre, chargée par le chef de l’Etat d' »élargir la majorité » pour progresser sur de nouveaux thèmes tels que le travail, la répartition des richesses, le grand âge ou les questions écologiques.
« Il est clair que les décisions que le Conseil constitutionnel aura à rendre vendredi vien(dront) clore un chemin démocratique et constitutionnel », a déclaré le président de la République mercredi lors d’une conférence de presse aux Pays-Bas.
« À l’issue, je proposerai en effet à l’ensemble des partenaires sociaux que nous puissions avoir un échange qui constatera (…) des désaccords avec l’exécutif mais qui permettra aussi d’engager la suite », a-t-il poursuivi.
« Si c’est pour parler du retrait avec grand plaisir, sinon on a autre chose à faire », a rétorqué jeudi Sophie Binet.
Emmanuel Macron doit retirer « cette loi sinon il ne pourra pas diriger le pays », a-t-elle ajouté.
(Rédigé par Bertrand Boucey, avec Elizabeth Pineau et Blandine Hénault, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)
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