France/Budget-Le gouvernement renonce à augmenter les taxes sur l’électricité
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.PARIS (Reuters) – Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé jeudi renoncer à augmenter les taxes sur l’électricité comme prévu dans son projet de budget pour 2025, une concession de taille destinée à apaiser les oppositions au Parlement et éviter une censure du gouvernement.
« J’ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l’électricité dans le projet de loi de finances 2025 », déclare le chef du gouvernement dans un entretien au Figaro.
Le projet de budget gouvernemental prévoyait de mettre fin totalement au bouclier tarifaire instauré pour contenir la hausse des prix de l’électricité lors de la crise inflationniste qui a suivi la pandémie de COVID-19.
L’accise (taxe) sur l’électricité était passée le 1er février 2022 de 32 euros/MWh à 1 euro/MWh, puis est remontée à 21 euros début 2024 dans le cadre de la sortie progressive de ce bouclier tarifaire. Le gouvernement souhaitait relever le niveau au-delà de 32 euros/MWh mais à un seuil qui permettait tout de même de faire baisser les factures d’électricité de 9% au 1er février grâce à la chute des prix de marché.
Matignon a précisé jeudi que la fiscalité sur l’électricité retrouverait son niveau d’avant-crise, renonçant à une majoration qui aurait permis de rapporter 3,4 milliards d’euros d’économies sur les 41,3 milliards prévues dans le projet de budget gouvernemental.
« Cela permettra une baisse des prix de l’électricité de 14%, qui ira donc bien au-delà de la baisse de 9% prévue initialement », a précisé Michel Barnier au Figaro.
VERS UNE CENSURE SUR LE PLFSS ?
L’augmentation prévue de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) était notamment dénoncée par le Rassemblement national (RN) et ses 124 députés qui en faisaient une « ligne rouge ».
Réagissant à l’annonce de Michel Barnier, le président du RN Jordan Bardella a salué jeudi une « victoire » tout en affirmant que « nous ne pouvons en rester là ».
« D’autres lignes rouges demeurent », a-t-il affirmé sur X, demandant notamment de renoncer au déremboursement supplémentaire de médicaments et de réindexer les pensions sur l’inflation pour tous les retraités au 1er janvier 2025.
Deux points qui figurent dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) que les députés examineront lundi dans l’hémicycle après son remaniement en commission mixte paritaire (CMP).
Michel Barnier a d’ores et déjà annoncé son intention d’engager la responsabilité de son gouvernement, qui conduirait au dépôt par la gauche d’une motion de censure que le RN menace aussi de voter, faute d’être écouté sur le budget.
En cas d’adoption de cette motion par l’ensemble des oppositions, le gouvernement tomberait.
« Il y a encore des difficultés. Nous sommes jeudi. [Michel Barnier] a jusqu’à lundi », a déclaré auprès du Monde la cheffe de fil des députés RN à l’Assemblée, Marine Le Pen.
(Rédigé par Diana Mandia et Blandine Hénault, avec la contribution d’Elizabeth Pineau, édité par Augustin Turpin et Sophie Louet)