Faible mobilisation nationale sur les salaires, mais fortes perturbations à la RATP
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Caroline Pailliez et Yiming Woo
PARIS (Reuters) – La mobilisation interprofessionnelle appelée par la CGT pour réclamer l’indexation des salaires sur l’inflation a peu rassemblé jeudi, hormis dans les transports parisiens, où le trafic était fortement perturbé.
La CGT a évoqué 200 rassemblements et plusieurs grèves dans les entreprises pour réclamer l’augmentation du salaire minimum, l’indexation des salaires sur l’inflation ou encore la retraite à 60 ans. tandis que le ministère de l’Intérieur faisait état de 30.400 manifestants sur l’ensemble du territoire, dont 2.400 à Paris.
La grève à la RATP, prévue avant l’appel à la mobilisation interprofessionnelle de la CGT, a été en revanche très suivie. Le trafic était complètement interrompu sur les lignes 2, 8, 10, 11 et 12. Les autres lignes n’étaient ouvertes qu’aux heures de pointe et leur trafic était très perturbé. Seules les lignes 1 et 14, automatiques, fonctionnaient normalement, selon la RATP.
Les lignes ouvertes n’ont cependant pas été saturées, les parisiens ayant décidé, pour beaucoup, de télétravailler.
Les syndicats de la CGT, Force ouvrière (FO), Unsa, La Base et Solidaires au sein de la RATP qui répondaient au mot d’ordre « zéro métro, zéro RER », dénoncent leurs conditions de travail, un manque d’effectifs et réclament des revalorisations salariales alors que les négociations obligatoires sur les salaires (NAO) doivent s’ouvrir en décembre.
« C’est aussi zéro empathie pour tous les Français », a réagi sur BFM TV le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal.
Pour le représentant CGT-RATP, Vincent Gautheron, « ce qui pèse sur les usagers, ce n’est pas une journée de grève, mais la politique menée par la RATP qui prive les voyageurs de bus, de métro et de RER par manque de personnel ».
Le mouvement intervient au lendemain de l’approbation par le Parlement de la nomination de l’ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la régie.
« Ils embêtent les gens (…) On est plutôt d’accord avec la cause mais ce n’est pas le bon moyen d’action », a déploré Anna Meance, 26 ans, en gare de Suresnes (Hauts-de-Seine).
Mathieu Teppe, un manager travaillant dans la publicité, a dit pour sa part « comprendre » les grévistes.
« Ils demandent des augmentations de salaire. On est dans une situation économique difficile. C’est donc normal de se battre pour augmenter les salaires. Nous on n’a aucun moyen d’action (…) C’est bien qu’ils le fassent pour eux », a-t-il dit à Reuters.
MOBILISATION LIMITÉE EN DEHORS DE LA RATP
En dehors de la RATP, la mobilisation était limitée, le syndicat majoritaire chez les enseignants, la FSU, et le syndicat Solidaires n’ayant pas souhaité donner de consigne nationale de grève. Ils n’avaient pas souhaité non plus se joindre à l’appel du 27 octobre de la CGT.
« Il y avait une dynamique le 18 octobre (date de l’avant-dernière mobilisation nationale organisée par la CGT-NDLR) mais elle ne s’est pas prolongée », a dit à Reuters la co-déléguée générale de Solidaires, Murielle Guilbert, à qui il paraît plus judicieux de se concentrer sur les secteurs où il y a une forte mobilisation.
Pour la CGT centrale, il est important de maintenir ces rendez-vous, ne serait-ce que pour inscrire le débat sur les salaires dans le paysage médiatique et politique.
« L’idée de l’indexation des salaires sur les prix fait quand même son chemin, y compris sur des propositions au niveau de l’Assemblée nationale, c’est quelque chose qu’on a ancré dans le débat politique et ce n’est pas rien », a dit Nathalie Verdeil, secrétaire confédérale de la CGT.
Emmanuel Macron s’est prononcé contre une indexation des salaires sur l’inflation lors de son intervention sur France 2 le 27 octobre, estimant que cela favorisait l’apparition de boucles inflationnistes, mais a incité les entreprises à passer des accords salariaux.
La CGT a envoyé une lettre ouverte à la Première ministre Elisabeth Borne fin octobre pour réclamer l’ouverture d’une négociation sur la question des salaires, alors que la France connaît une inflation record. Elle dit ne pas avoir eu de réponse pour l’instant.
Cet appel à la mobilisation survient dans un climat social tendu alors que les salariés de TotalEnergies <TTEF.PA> ont récemment mis fin à quatre semaines de grève dans les raffineries, qui ont fortement perturbé l’approvisionnement des stations-service.
Le gouvernement concerte en ce moment les syndicats sur un autre sujet potentiellement explosif, celui de la réforme des retraites, qui avait été à l’origine d’importants mouvements sociaux en 2019-2020.
(Reportage Caroline Pailliez, édité par Jean-Stéphane Brosse, Sophie Louet et Kate Entringer)
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