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EDF: Les chances de réforme avant la présidentielle s’amenuisent, selon des sources

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par Elizabeth Pineau, Sarah White et Benjamin Mallet

PARIS (Reuters) – La probabilité que la réforme d’EDF soit validée avant l’élection présidentielle de mai 2022 semble désormais très réduite avec des promoteurs du projet qui ménagent leurs efforts et une dernière fenêtre de tir limitée au mois de septembre, selon cinq sources au fait du processus interrogées par Reuters.

En gestation depuis l’automne 2018 à la demande d’Emmanuel Macron, le projet prévoit une renationalisation du parc nucléaire d’EDF – accompagné d’une hausse du prix de vente de sa production d’électricité – et la création d’une nouvelle entité autour des énergies renouvelables et du réseau de distribution d’Enedis notamment, dont le capital serait ouvert à des investisseurs privés.

Mais l’opération, vue d’un bon oeil par les investisseurs car censée répondre aux besoins de financement d’un groupe très endetté, se heurte toujours à une vive opposition des syndicats et à des exigences de Bruxelles qui risquent de mettre à mal l’intégrité d’EDF.

Selon des sources syndicales et parlementaires informées de l’avancement des négociations et selon une source gouvernementale, aucun accord ne se profile entre la France la Commission européenne.

« Officiellement les discussions continuent, mais je pense que le projet est déjà enterré », indique une source proche des promoteurs du projet.

EDF et le ministère de l’Economie n’ont pas souhaité commenter ces informations.

Une source à l’Elysée a indiqué ne pas avoir de déclaration à faire sur le dossier, ajoutant qu’il fallait « tenir compte des deux priorités : la vaccination d’un côté, la relance économique de l’autre ».

Sur le plan législatif, le projet initialement nommé Hercule ne figure pas au programme de la session extraordinaire du Parlement du mois de juillet et ne pourrait être présenté qu’au mois de septembre, ce qui risque d’ailleurs de le faire coïncider avec une réforme des retraites elle aussi hautement sensible en période pré-électorale.

« ÇA NE SE FERA PAS »

« Il est probable que rien ne se fasse avant la présidentielle et qu’EDF fasse l’objet d’un projet des candidats », selon Marie-Noëlle Battistel, députée PS spécialiste de l’énergie, qui fait partie des élus consultés au cours des derniers mois sur le sujet.

D’autres sources au fait du dossier sont plus catégoriques et jugent que l’opération n’interviendra pas avant la fin du mandat actuel d’Emmanuel Macron, en raison notamment d’un recul des défenseurs du projet qui confirment leur volonté d’aboutir.

« Ça ne se fera pas », estime une source proche du gouvernement à propos d’une potentielle décision favorable avant la prochaine élection présidentielle.

Les dirigeants d’EDF n’ont pas renoncé à l’idée d’une réforme mais estiment n’avoir désormais que peu de marges de manoeuvre – à moins que l’exécutif ne débloque le dossier – et espèrent que l’opportunité se représentera, selon deux sources internes au groupe.

Selon une autre source, à Bruxelles, Paris a en outre récemment tenté de renégocier le nouveau prix du nucléaire d’EDF, sujet qui semblait pourtant faire l’objet d’un accord avec la Commission européenne.

Interrogée, la Commission a seulement fait savoir lundi que ses échanges avec la France se poursuivaient.

Le gouvernement a encore le pouvoir de faire adopter le projet dans le cadre d’une procédure accélérée, ce qui l’exposerait toutefois à des accusations d’autoritarisme.

Selon l’une des sources internes à EDF, l’exécutif pourrait aussi ne mettre en oeuvre que partiellement la réforme en concrétisant le système de « quasi-régie » envisagé pour les activités hydroélectriques, qui permettrait d’éviter une mise en concurrence des barrages d’EDF réclamée par Bruxelles de longue date.

Le PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy, a mis en garde à plusieurs reprises contre un rejet du projet de réorganisation, qui maintiendrait selon lui EDF dans une position difficile en le privant de nouveaux moyens financiers lui permettant en particulier d’investir davantage dans les énergies renouvelables.

Dimanche, lors des rencontres économiques d’Aix-en-Provence, il a rappelé que la décision relevait du gouvernement.

L’action EDF a clôturé en baisse de 1,73% à 11,90 euros lundi après des déclarations la veille du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, soulignant la difficulté pour la France d’accéder aux demandes de Bruxelles, qui réclame selon lui une stricte séparation entre les entités du groupe envisagées dans le cadre de la réorganisation.

(Avec la contribution de Gwénaëlle Barzic et Leigh Thomas à Paris, Foo Yun Chee à Bruxelles ; édité par Jean-Michel Bélot)

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