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Barnier appelle à faire « chemin commun » pour relever la France

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par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) – Le Premier ministre français, Michel Barnier, a appelé mardi à faire « chemin commun » pour éloigner les « épées de Damoclès » que sont les dettes financière et écologique, appelant les grandes entreprises et des « Français les plus fortunés » à contribuer à l’effort fiscal national.

Dans son discours de politique générale prononcé devant un hémicycle divisé et turbulent, l’ancien négociateur européen a mis sa mission sous le signe de « l’écoute », du « respect » et de la « confiance », invitant à « dégager des compromis » face à la « gravité du moment ».

En matière budgétaire, « nous sommes collectivement sur une ligne de crête », a-t-il prévenu en préambule d’une intervention d’une heure vingt, ignorant les invectives des élus du Nouveau Front populaire qui ont préparé une motion de censure contre son gouvernement.

« Faire beaucoup avec peu, c’est la vie quotidienne de beaucoup de nos compatriotes », a dit Michel Barnier, citant le général de Gaulle qui demandait en son temps à « faire beaucoup avec peu, et à partir de presque rien. »

Rappelant la dette abyssale de la France, supérieure à 3.200 milliards d’euros avec une charge qui constitue le deuxième poste de dépense de l’Etat derrière l’école, le Premier ministre a placé le pays sur une nouvelle trajectoire.

Objectif : faire passer le déficit budgétaire de « plus de 6% » du produit intérieur brut (PIB) cette année à 5% en 2025 et moins de 3% en 2029 conformément à l’engagement européen de la France. Le précédent exécutif s’était engagé à ramener le déficit dans les clous de Bruxelles d’ici 2027.

« Le premier remède à la dette c’est la réduction des dépenses », a dit Michel Barnier, appelant à lutter contre les doublons, les « rentes injustifiées », les fraudes « fiscale » et « sociale ».

Au chapitre fiscal, il a demandé un « effort partagé dans une exigence de justice fiscale » avec une « participation au redressement collectif » des « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et des « Français les plus fortunés ».

Alors que le pouvoir d’achat demeure une question primordiale, Michel Barnier a annoncé une « revalorisation du Smic de 2% dès le 2 novembre par anticipation ».

CORRECTION DE LA RÉFORME DES RETRAITES

Sur la très décriée réforme des retraites de 2023, il a dit son attachement au système par répartition et demandé des corrections à la marge en matière de « retraite progressive », d' »usure professionnelle » et « d’égalité femme-homme ».

Accusé de complaisance à l’égard de l’extrême droite, Michel Barnier a demandé à n’avoir « aucune tolérance » vis-à-vis du racisme, de l’antisémitisme, des entorses à la laïcité et « aucune remise en cause des lois » comme celles de Simone Veil légalisant l’interruption volontaire de grossesse et la procréation médicament assistée.

En matière de sécurité, Michel Barnier a demandé de s’inspirer du succès des Jeux olympiques d’été de Paris pour mieux organiser le travail des forces de l’ordre.

Face à la délinquance, il s’est dit favorable à « des peines courtes et immédiatement exécutées pour certains délits », un recours accru aux travaux d’intérêt général, des « retenues sur salaires et prestations sociales » et à la construction de places de prison à l’heure où la France compte environ 80.000 détenus pour 62.000 places.

Sur le chantier de l’immigration, qui a donné lieu à des propos durs du nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, Michel Barnier a prôné l’augmentation de la durée de rétention des personnes soumises à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et la poursuite des contrôles aux frontières, à l’instar d’autres pays comme l’Allemagne.

En matière de service public de santé, les déserts médicaux seront combattus via un « programme Hypocrate » dans lequel les professionnels français et étrangers sont invités à s’engager.

Au niveau parlementaire, Michel Barnier a appelé de ses voeux « moins de textes » et « plus de temps pour en débattre » et s’est dit « prêt à une réflexion et une action sans idéologie sur le scrutin proportionnel », répondant à une demande de longue date de partis comme le MoDem et le Rassemblement national.

Le « dialogue » sur la loi sur la fin de vie, interrompu par la dissolution en juin, reprendra début 2025, a-t-il promis.

Chantre de la « fraternité », le Premier ministre a prôné l’organisation d’une consultation des Français, appelés à s’exprimer lors d' »une journée citoyenne » annuelle.

« Prenons soin ensemble de la France et des Français qui nous demandent de dépasser nos divisions », a plaidé Michel Barnier devant les députés.

(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)

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