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La réforme de l’Opep+ renforce le poids des pays du Golfe

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par Ahmad Ghaddar

Londres (Reuters) – Le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salman, a dévoilé au début du mois de juin l’une des plus grandes réformes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de ces dernières années, présentée comme une récompense accordée aux pays qui investissent dans leur industrie pétrolière.

Ce changement permet d’octroyer des quotas de production plus importants aux pays du Golfe membres de l’Opep, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, au détriment de nations africaines comme le Nigeria et l’Angola.

Les quotas de production et les niveaux de référence, à partir desquels sont calculées les réductions de production que l’organisation peut décider de mettre en place, sont un sujet sensible au sein de l’Opep depuis des décennies, la plupart des producteurs souhaitant obtenir des quotas plus élevés afin de pouvoir exporter davantage de pétrole.

Ce rééquilibrage des quotas risque de s’accentuer au cours des prochaines années, car les grandes compagnies pétrolières du Moyen-Orient augmentent leurs investissements, tandis que la production diminue dans les pays africains attirant difficilement les investissements étrangers.

Les producteurs du Golfe, qui détiennent les rares capacités de production excédentaires sur le marché mondial du pétrole, dominent depuis longtemps l’Opep.

Leur pouvoir et leur influence se sont déjà accrus au cours des 15 dernières années grâce à l’augmentation de leur production, tandis que la production africaine a chuté en raison de la diminution des investissements étrangers.

Contrairement à ceux du Golfe, les producteurs africains dépendent fortement des investissements des compagnies pétrolières internationales, qui ont préféré investir ces dernières années dans les gisements de schiste américains ou dans les champs de pétroles gigantesques du Brésil ou de la Guyane.

En mai, la part de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et du Koweït dans la production totale de l’Opep était supérieure de plus de 10% à ce qu’elle était il y a 15 ans, à 55%, selon l’Opep, tandis que la part totale du Nigeria et de l’Angola a diminué de plus de 3% sur la période, à moins de 9%.

Pour le Nigeria, « la capacité de production continue d’être limitée par des problèmes opérationnels et de sécurité, combinés à de faibles niveaux d’investissement », selon les analystes de la société de conseil Woodmac.

Le développement de nouveaux gisements et les récentes découvertes en Angola ne suffiront pas à enrayer les baisses de capacité à long terme, ont-ils ajouté.

A l’inverse, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont mis en place des projets visant à augmenter considérablement leur capacité de production pour atteindre 13 millions de barils par jour (bpj)et 5 millions de bpj, respectivement, d’ici 2027, contre environ 12 et 4 millions de bpj actuellement.

Le 18 juin, le Koweït a déclaré qu’il augmenterait sa capacité de production de 200.000 bpj d’ici 2025 pour atteindre 3 millions de bpj.

Les ajouts de capacité des trois pays du Golfe sur la période 2020-2025 totalisent 1,2 million de bpj, soit le double de la capacité que le Nigeria et l’Angola devraient perdre sur la même période, selon les calculs de Reuters.

REVISION DES QUOTAS

Lors de sa réunion du 4 juin, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, Russie en tête, (Opep+) ont révisé les quotas de production de la majorité de ses membres.

« En fin de compte, ceux qui investissent, non pas cette année, mais les années à venir, pour 2024 et 2025 et au-delà, verront leur investissement valorisés grâce à cette réforme », a déclaré le prince Abdulaziz.

Une source proche de l’Opep+ estime que la réforme était nécessaire pour créer un système plus équitable et reflétant mieux les capacités réelles de production des différents pays membres.

Richard Bronze, responsable de l’analyse géopolitique chez Energy Aspects, explique que ce changement pourrait résoudre les problèmes de crédibilité de l’Opep, les baisses de productions décrétées par l’organisation n’étant pas nécessairement répercutées sur les marchés.

« L’augmentation ou la diminution réelle de l’offre était souvent bien inférieure au chiffre annoncé par l’Opep, ce qui faisait douter le marché de la capacité de l’organisation à gérer les fondamentaux du marché », a-t-il précisé.

(Reportage Ahmad Ghaddar, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)

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