Chrétiens persécutés : un nouvel espoir pour Lyop Victor Davou et Patience Steven Dylop
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Lyop Victor Davou et Patience Steven Dylop ont été attaquées à cause de leur foi chrétienne et elles ont perdu leur mari. Franco Majok, responsable de la Solidarité Chrétienne Internationale pour le Nigéria, leur a rendu visite et leur a promis son aide. Jonathan Izuchukwu et Victor Markus ont également été victimes d’une agression des Peuls. Ils nous racontent leurs rêves professionnels.
Au Nigéria, 5 014 chrétiens ont succombé à des attaques à caractère religieux en 2023, ce qui fait que ce pays le plus peuplé d’Afrique est aussi celui où le plus grand nombre de chrétiens ont été tués à cause de leur foi au niveau mondial.
Dans le nord-est du pays, la terreur est essentiellement à mettre au compte du groupe terroriste Boko Haram ainsi qu’une de ses branches dissidentes, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO). Ailleurs dans le pays, particulièrement dans les régions du centre du Nigéria, ce sont actuellement les attaques des milices islamistes de l’ethnie des Peuls qui sont de plus en plus inquiétantes. Mais désormais, même le Sud n’est plus à l’abri des islamistes peuls. Le gouvernement nigérian continue de nier qu’il s’agit de persécution religieuse, de sorte que de nombreuses attaques de cette nature restent sans conséquence du point de vue politique.
Une attaque meurtrière
Lyop Victor Davou a 40 ans. Elle gérait avec son mari une petite exploitation agricole à Wereng, un village de l’État fédéré de Plateau, au centre du Nigéria.
Lorsque son village a été attaqué par des éleveurs peuls en juin 2023, son époux et d’autres jeunes hommes ont tenté de défendre Wereng. Mais à quel prix ? Lyop raconte : « Quand nous avons entendu les extrémistes peuls s’approcher de notre village et les coups de feu qui devenaient de plus en plus forts, mon mari a couru avec d’autres villageois à la rencontre des assaillants. Il n’est jamais revenu. Ce n’est que le lendemain que j’ai appris qu’il avait été tué. »
Lyop est traumatisée et n’arrive pas à se remettre de la perte de son mari. Pour nourrir ses quatre fils, elle doit maintenant acheter du maïs supplémentaire. Grâce à une aide financière de CSI, elle a pu engager du personnel pour continuer à gérer son exploitation agricole aidée de ses enfants.
Une veuve veut ouvrir un restaurant
L’attaque de Wereng a également fait le malheur de Patience Steven Dylop, de dix ans sa cadette. Son mari, qui travaillait comme gardien et aidait bénévolement à la paroisse, a aussi tenté de protéger le village ce jour-là. « Il a payé de sa vie son héroïsme, raconte Patience en larmes. Je ne comprends pas pourquoi les Peuls nous ont attaqués. Qu’est-ce que nous leur avons fait ? »
Dans son petit champ, Patience cultive du maïs et des pommes de terre. Mais cela ne lui suffit pas pour se nourrir. Comme elle est connue dans le village pour être une bonne cuisinière et que tout le monde l’appelle affectueusement Cooking Mom, CSI lui a accordé un financement de départ pour ouvrir un restaurant. Cette aide lui donne du courage « Je vais appeler mon auberge The Cooking Mom Restaurant. »
Une nouvelle patrie
Les islamistes peuls sont de plus en plus présents dans le sud du pays. L’exemple de Jonathan Izuchukwu est éloquent. Cet homme de 40 ans a grandi à Eha-Amufu, dans l’État fédéré d’Enugu.
Le 23 mai 2022, des nomades peuls ont attaqué Jonathan et sa mère. Cette dernière a été si gravement blessée à la tête qu’elle souffre depuis de graves problèmes psychiques. Jonathan lui-même a été blessé à une main qui n’a toujours pas retrouvé sa mobilité. « Cela n’est pas grand-chose, beaucoup de mes amis sont morts ce jour-là », dit-il tristement.
Comme il était traumatisé par la peur d’une nouvelle attaque, il a décidé de déménager dans la ville d’Enugu. Mais de quoi allait-il vivre ? Dans son village, il avait un bon travail d’encadreur, mais il n’avait aucune perspective à Enugu. Grâce à l’aide de départ de CSI, il est heureux d’avoir pu ouvrir il y a quelques mois un petit magasin dans l’une des grandes zones commerciales situées au sud de la ville. Sa mère, quant à elle, bénéficie d’un suivi psychologique professionnel.
Jonathan Izuchukwu nous a exprimé sa joie lors de la visite de CSI le 13 novembre 2023 : « Merci beaucoup pour votre grande aide. Les affaires marchent si bien que je peux maintenant rêver d’agrandir le magasin. »
Les plans de Victor
Nous avons eu la joie de vivre des retrouvailles avec le jeune chrétien Victor Markus, originaire de l’État fédéré de Plateau. Lors d’une attaque des islamistes peuls, il avait perdu sa jambe gauche (cf. Bulletin CSI d’avril 2021) alors qu’il était un adolescent et n’avait pas encore de situation professionnelle. Comme il ne pouvait plus aider sa mère veuve aux champs et pour la vente de bois de chauffage, CSI lui avait offert une prothèse de jambe pour lui permettre à nouveau de se déplacer de manière autonome.
Désormais, le jeune homme s’est fixé des objectifs professionnels clairs : « J’aimerais suivre une école spécialisée à Jos pour apprendre le métier de cordonnier. La formation dure un an », explique-t-il avec bonne humeur et espoir. CSI prend en charge les frais de formation.
Victor espère maintenant obtenir une nouvelle prothèse de jambe. En effet, il n’avait pas encore sa taille adulte lorsqu’il avait reçu la première.
Reto Baliarda