30 août 2023AEM

La situation des chrétiens en Ukraine

Cela fait un an et demi que les hostilités ont commencé dans l’est de l’Ukraine. Des millions de personnes ont fui vers l’ouest. Qui est resté à l’est? Les soldats. Et aussi de nombreuses personnes âgées ou malades qui ne peuvent pas fuir. Valentin et Stanislav sont partenaires de l’AÉM et livrent régulièrement des denrées alimentaires et des biens de première nécessité à ceux qui sont restés. Nous les avons interviewés.

Stanislav et Valentin, quelle est l’atmosphère dans l’ouest de l’Ukraine par rapport à celle qui règne près du front?
Beaucoup de choses ont changé depuis l’année dernière. Dans les villes de l’ouest comme Lviv, l’ambiance est par exemple très différente de celle de Zaporijjia, qui se trouve près du front. À l’est, les alertes aériennes et le son des explosions sont chose courante. À l’ouest, des roquettes tombent aussi et les gens ont peur. Toutefois le principal problème là-bas est le surnombre de réfugiés; on se sent comme submergés. Le travail n’étant pas suffisant pour tous, beaucoup sont déprimés.
Concernant les territoires reconquis par l’Ukraine, il faut savoir que plus de cent huitante mille kilomètres carrés sont minés (soit quatre fois et demi la superficie de la Suisse). Pour cette raison, les civils et les organisations humanitaires hésitent à s’y rendre. De nombreuses maisons et commerces sont détruits et les prix des denrées alimentaires sont trois à quatre fois plus élevés que dans le reste du pays.

La situation des chrétiens est également très différente entre l’ouest et l’est.
C’est vrai. À l’est du front, toutes les communautés chrétiennes sont persécutées, à l’exception de l’Église orthodoxe russe qui prétend être la seule véritable Église. Souvent, les chrétiens sont aussi soupçonnés de collaborer avec l’Occident. Nous essayons de rester en contact avec les pasteurs qui sont restés et de les encourager.
À l’ouest, les églises sont en grande partie unies. Il n’est pas primordial de savoir qui appartient à quelle dénomination. Seule la résolution du problème commun est importante. Parfois des chrétiens de différentes tendances se retrouvent dans le même bâtiment pour le culte. Grâce à leur aide inlassable, les communautés chrétiennes sont bien établies au sein de la population et les gens ont une opinion positive d’elles. La guerre nous a montré à quel point la foi est importante pour nous aider à tenir le coup. Nous pensons que, même après la guerre, les églises continueront à se développer.

Quelle a été la réaction à l’explosion du barrage de Kakhovka?
Nous sommes tous encore sous le choc. Nous en subirons encore longtemps les conséquences. Énormément de poissons sont morts. Plus de huitante pour cent des terres fertiles ont été inondées et ne sont plus cultivables. Nous sommes également préoccupés par la centrale nucléaire de Zaporijjia, bien qu’il y ait suffisamment d’eau pour la refroidir.
En résumé, nous sommes tous très fatigués de la guerre. Ces dix-huit mois de conflits nous ont épuisés. Nous comprenons aussi que certains pays soient également fatigués d’entendre constamment parler de l’Ukraine.

Pourquoi continuez-vous à vous engager pour les réfugiés et les personnes touchées par la guerre?
Notre réponse est très courte: parce que nous aimons notre pays, un peu comme nous aimons nos propres enfants. La douleur et la souffrance de nos compatriotes nous motivent. Si nous pouvons faire quelque chose, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Lorsque nous voyons les réactions, un espoir qui s’allume, des yeux joyeux ou un sourire bref mais sincère, cela donne un sens à notre travail.