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Les géants de la cosmétique, prêts à renoncer à la poudre de talc

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par Martinne Geller et Lisa Girion

LONDRES/LOS ANGELES (Reuters) – Les géants de la cosmétique Chanel, L’Oréal et Revlon renoncent progressivement à la poudre de talc, utilisée dans nombre de leurs produits de beauté, alors que les actions en justice liées au développement de cancers se multiplient, reflet des préoccupations croissantes des consommateurs en matière de santé.

La perception négative du minéral, qui se loge parfois dans la même roche que l’amiante, un cancérigène puissant, poussent à présent les trois entreprises à trouver des alternatives.

Des milliers de plaintes avaient ainsi déposées dès 2013 contre la société pharmaceutique Johnson & Johnson, accusée de vendre des produits contenant de l’amiante.

Une enquête de Reuters, parue en 2018, avait révélé que J&J avait connaissance de la toxicité potentielle de ses poudres corporelles qui, à partir de 2017, aurait entraîné le développement de nombreux cancers.

L’entreprise américaine, qui avait contesté le rapport de Reuters, a toutefois annoncé le mois dernier qu’elle retirait de la vente, aux États-Unis et au Canada, son talc pour bébé.

D’autres fabricants de poudres de talc, comme Revlon, Chanel et Avon, font également l’objet de poursuites.

En mars dernier, Amy Wyatt, représentante de Chanel, a commenté le dossier judiciaire d’une femme californienne ayant contracté un mésothéliome, une forme rare de cancer dont la seule cause établie à ce jour est l’exposition à l’amiante. La plaignante utilisait une poudre corporelle à base de talc que Chanel avait choisi de retirer du marché en 2016.

« C’était un produit sûr », a déclaré Amy Wyatt lors de sa déposition, mais « nous avons décidé de respecter la perception du public et de le retirer du marché ».

Si le porte-parole de Revlon a affirmé que la société avait retiré le talc de ses produits corporels, sans toutefois commenter le litige, L’Oréal préférerait trouver un composant susceptible de remplacer le talc dans ses cosmétiques.

DES ALTERNATIVES EXISTENT

« Des alternatives partielles bien connues existent, et nous continuons d’explorer et d’envisager les plus performantes d’entre elles », a déclaré l’entreprise à Reuters par e-mail.

L’Oréal exige de ses fournisseurs qu’ils certifient que le talc soit exempt d’amiante, en plus d’effectuer des tests en interne, a précisé sa porte-parole.

Le groupe allemand Beiersdorf a indiqué avoir opté, en 2018, pour la fécule de maïs dans sa poudre pour bébé Nivea. Impliqué dans 165 actions en justice, Bausch Health a changé, la même année, la formule de sa poudre Shower To Shower pour s’adapter aux tendances du marché, et non pour des raisons sécuritaires, a précisé une représentante de la société canadienne.

Avon, qui a refusé de commenter le sujet, a déclaré dans le cadre d’un dossier que 128 procès, mettant en cause ses produits à base de talc, étaient actuellement en cours.

A l’origine de la poudre Gold Bond, le groupe pharmaceutique français Sanofi conteste « vigoureusement » les poursuites judiciaires engagées contre lui.

Cette année encore, 139.350 tonnes de talc devraient être consommées à l’échelle mondiale, d’après les données d’Euromonitor International.

Alors qu’elle devrait analyser 50 échantillons cosmétiques en 2020, la FDA (U.S. Food and Drug Administration) envisage d’établir une norme d’essai spécifique à l’amiante.

Suivant les avertissements officieux du ministère de la Santé canadien, la décision d’une restriction, voire d’une interdiction, de l’utilisation du talc dans certains produits au Canada devrait être rendue l’an prochain.

(Avec la contribution de Ritsuko Shimizu; version française Juliette Portala, édité par Jean-Michel Bélot)

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