La reprise en main chinoise à Hong Kong bien vue par les financiers
par Samuel Shen et Noah Sin
SHANGHAI/HONG KONG (Reuters) – Très contestée dans les rues de Hong Kong, très critiquée à l’étranger, la nouvelle loi sur la sécurité publique à Hong Kong votée par Pékin n’a pas particulièrement ému les investisseurs en Asie, qui y voient surtout la promesse d’un resserrement des liens financiers entre le territoire et la Chine continentale.
Les marchés de Hong Kong devraient ainsi bénéficier de l’augmentation du nombre d’entreprises chinoises cotées et de l’afflux de capitaux venus du continent, expliquent traders et analystes.
Pékin a dévoilé mardi le contenu de la nouvelle loi sur la sécurité et la police de Hong Kong a procédé dès mercredi aux premières interpellations en application du nouveau texte.
La Bourse de Hong Kong est restée fermée, la journée étant fériée dans le territoire, mais sa réouverture jeudi devrait bien se passer jeudi, estiment des investisseurs. Et sur le marché des changes, le dollar de Hong Kong a à peine bougé
« Tant que des entreprises chinoises viendront se faire coter à Hong Kong, la fête continuera », résume Francis Lun, directeur général de Geo Securities, une société de Bourse basée dans l’ex-colonie britannique.
« La seule obsession des financiers, c’est de faire de l’argent. Rien ne peut les détourner de ce qui est leur seul but dans la vie », ajoute-t-il, ajoutant que la finance « vit dans un monde parallèle » de celui des manifestants pro-démocratie.
LES SOCIÉTÉS CHINOISES DOMINENT DÉJÀ LA BOURSE DE HONG KONG
Cette déconnexion illustre évidemment le creusement des inégalités à Hong Kong, mais aussi la dépendance croissante du territoire vis-à-vis de la Chine continentale.
Les entreprises chinoises pèsent déjà l’équivalent de 73% de la capitalisation globale de la Bourse de Hong Kong et les introductions en Bourse de société ayant des liens avec la Chine ont représenté 82% des fonds levés sur le marché de Hong Kong l’année dernière.
Quant à la décision des Etats-Unis de révoquer le régime spécifique accordé à Hong Kong, elle devrait avoir un impact limité, jugent la plupart des analystes.
« L’élément le plus important, c’est le fait que les restrictions américaines vont forcer des entreprises chinoises à se coter à Hong Kong: cela ne fera que continuer, ce qui sera phénoménal pour le marché des actions de Hong Kong », estime Kay Van-Petersen, responsable de la stratégie macro de Saxo Capital Markets à Singapour.
L’attitude des investisseurs pourrait toutefois changer si les interrogations sur l’évolution du système judiciaire et politique poussait les expatriés et les entreprises à partir en masse.
Pour l’instant, le marché de Hong Kong résiste bien, même si ses performances sont en retrait sur celle du reste de la région: au deuxième trimestre, l’indice local Hang Seng a gagné 3,5% alors que la Bourse de Shanghai prenait 8,5% et que l’indice MSCI des marchés asiatiques hors Japon progressait de 17,6%.
(Avzec Alun John et Scott Murdoch à Hong Kong, Tom Westbrook et Anshuman Daga à Singapour, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)
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