L’efficacité de l’hydroxychloroquine sur le Covid-19 mise en doute
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Michael Erman et Manojna Maddipatla
(Reuters) – Deux nouvelles études publiées par la revue scientifique britannique BMJ mettent en doute l’efficacité de l’hydroxychloroquine comme traitement contre le COVID-19.
Selon une étude chinoise portant sur 150 patients hospitalisés avec des symptômes légers à modérés de l’infection pulmonaire provoquée par le nouveau coronavirus, l’antipaludéen vanté notamment par Donald Trump n’a pas permis d’amélioration significative. Des effets secondaires indésirables ont en revanche été signalés pour une partie des patients.
« L’administration d’hydroxychloroquine n’a pas augmenté de manière significative la probabilité d’une élimination du virus », résume BMJ.
Une autre étude française porte sur 181 patients, dont 84 ayant reçu de l’hydroxychloroquine dans les 48 heures suivant leur admission à l’hôpital, 89 n’en ayant pas reçu (groupe de contrôle), et huit patients ayant été traités plus de 48 heures après leur admission.
D’après ses conclusions, l’hydroxychloroquine n’a pas réduit les admissions en réanimation ou les décès de patients atteints du COVID-19.
« L’hydroxychloroquine a bénéficié d’une attention planétaire comme traitement potentiel contre le COVID-19 en raison des résultats obtenus à partir de petites études. Cependant, les résultats de cette étude n’étayent pas son utilisation chez les patients admis à l’hôpital avec le Covid-19 qui ont besoin d’une aide en oxygène », conclut l’étude.
La demande en hydroxychloroquine a grimpé le mois dernier après que Donald Trump en a fait l’éloge début avril. L’autorité sanitaire américaine en a autorisé l’usage comme traitement d’urgence pour les patients atteints du COVID-19, comme d’autres pays comme la France.
La Food and Drug Administration a toutefois mis en garde contre son utilisation en dehors des établissements hospitaliers ou des essais cliniques en raison d’un risque de graves complications cardiaques.
L’Institut national américain de la santé (NIH) a annoncé jeudi le lancement d’une étude sur l’efficacité potentielle d’un traitement combinant l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, un antibiotique, défendu depuis des semaines en France par le professeur Didier Raoult en dépit de données cliniques incomplètes.
Cette étude parrainée par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), qui dépend du NIH, tentera de déterminer si ce traitement pourrait prévenir des hospitalisations et des décès dus au COVID-19.
« Même s’il existe des preuves anecdotiques selon lesquelles l’hydroxychloroquine et l’azithromycine pourraient être bénéfiques pour des patients atteints du COVID-19, nous avons besoin de données solides à partir d’un vaste essai randomisé contrôlé afin de déterminer si ce traitement expérimental est sûr et peut améliorer les résultats cliniques », a souligné jeudi le Dr Anthony Fauci, directeur du NIAID et l’un des principaux experts scientifiques de la Maison blanche, qui contredit régulièrement les affirmations de Donald Trump sur l’épidémie.
(version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)