Thierry Breton, candidat de la France à la Commission européenne
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.PARIS (Reuters) – La France a décidé de proposer l’ancien ministre Thierry Breton au poste de commissaire européen au Marché intérieur, à l’Industrie, à la Défense, à l’Espace et au Numérique, a annoncé jeudi l’Elysée.
Emmanuel Macron a informé la présidente élue de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, de sa décision, à la suite du rejet de la candidature de Sylvie Goulard par les députés européens pour des soupçons de conflit d’intérêts, notamment.
« Le portefeuille français reste inchangé », a-t-on souligné à la présidence française alors que l’ampleur du poste avait également suscité les réserves d’une majorité d’eurodéputés.
« Thierry Breton a des compétences solides dans l’industriel et le numérique, il a une connaissance des institutions bruxelloises et des grands groupes industriels », fait-on valoir à l’Elysée. « Il n’aura pas une approche bureaucratique des dossiers européens, ce qui est important pour le président ».
PDG du groupe Atos depuis 2009, Thierry Breton, 64 ans, a également dirigé France Télécom (2002-2005) et Thomson (1997-2002). Il a été ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie sous Jacques Chirac de février 2005 à mai 2007.
Il a eu l’occasion de travailler avec Ursula Von Der Leyen lorsqu’elle était ministre de la Défense en Allemagne.
« Je suis très honoré de la confiance qui m’est accordée », a réagi Thierry Breton dans une brève déclaration envoyée à Reuters. « Je mesure, pour l’Europe et tous nos concitoyens européens, l’importance des enjeux associés à ce portefeuille pour l’avenir de notre continent. Je me consacre dès à présent à la préparation des auditions auprès des commissions compétentes du Parlement européen. »
RISQUE DE CONFLIT D’INTÉRÊTS
Le choix d’un candidat issu de la droite devrait faciliter le soutien du Parti populaire européen (PPE), premier groupe parlementaire à Strasbourg, souligne Tara Varma, qui dirige l’antenne française du cercle de réflexion européen ECFR.
« Sa nomination ne devrait pas être bloquée par le PPE, une situation que Macron ne peut plus se permettre. C’est sans doute le meilleur choix tactique », a-t-elle déclaré à Reuters.
Alors qu’une partie de l’opposition française – notamment les Europe Ecologie Les Verts et la France Insoumise – dénonce un conflit d’intérêts, les attributions du futur commissaire européen recouvrant les activités d’Atos, le ministre du Budget, Gérald Darmanin, a défendu le bilan de Thierry Breton lorsqu’il était ministre.
« Il a toujours fait attention aux conflits d’intérêts. Quand il était ministre de l’Economie et des Finances, les services de Bercy s’en souviennent, il a toujours pris bien soin de ne pas travailler sur les dossiers pour lesquels il avait été hier ou avant-hier en responsabilité », a-t-il déclaré sur Europe 1.
« C’est un ministre qui a baissé le déficit, qui a baissé la dette. C’est sans doute un des derniers grands ministres de l’Economie qui a réussi à faire ça », a ajouté Gérald Darmanin.
Thierry Breton a annoncé pendant une conférence téléphonique organisée jeudi pour commenter les résultats trimestriels d’Atos qu’il démissionnerait de ses fonctions de PDG au 31 octobre et qu’il demeurerait président non exécutif jusqu’à sa nomination officielle à la Commission.
Il a précisé que le groupe, qui a annoncé le même jour ses résultats trimestriels, avait décidé de séparer les fonctions de président et de directeur général.
A 10h00, le titre gagnait 7,95% à 68,66 euros, affichant ainsi la plus forte progression de l’indice CAC 40 (+0,43%).
L’actuel directeur général adjoint, Elie Girard, deviendra directeur général d’Atos à compter du 1er novembre. Bertrand Meunier succédera à Thierry Breton en tant que président non exécutif après le départ de ce dernier pour Bruxelles.
(Sophie Louet, Michel Rose, Matthieu Protard, Mathieu Rosemain et Tangi Salaün, édité par Jean-Michel Bélot)