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Vivendi: Analystes et investisseurs attendent plus d’informations après la scission du groupe

par Gianluca Lo Nostro, Florence Loeve et Paul Sandle

PARIS/GDANSK/LONDRES (Reuters) – La direction de Vivendi et les patrons de certaines de ses anciennes filiales désormais scindées – Canal+, Havas et Louis Hachette Group – devront peut-être exposer plus clairement leurs stratégies pour convaincre le marché que la scission en valait la peine, estiment des analystes et des investisseurs.

Le démarrage faible de certaines de ses entités a été déclenché en partie par un manque d’informations sur la stratégie, des prévisions financières décevantes et l’incertitude entourant l’acquisition du diffuseur MultiChoice par le groupe de télévision payante Canal+, ont-ils déclaré.

La somme des valeurs des sociétés issues de la scission, soit le nouveau Vivendi, Canal+, Havas et Louis Hachette Groupe, a globalement chuté au cours de leur premier mois de cotation, atteignant un niveau inférieur à la valeur du conglomérat pré-scission.

Ces évolutions en Bourse ébranlent les promesses de la famille Bolloré, qui affirmait pouvoir améliorer la valeur globale de ses actifs grâce à la scission du groupe. 

La capitalisation boursière combinée des quatre sociétés s’élevait à 7,7 milliards d’euros, selon les données de LSEG à la clôture du 17 janvier.

Avant la scission qui a vu Canal+ entrer en Bourse à Londres, l’agence de publicité Havas débuter à Amsterdam et le groupe d’édition Louis Hachette se coter à Paris, Vivendi valait 8,3 milliards d’euros.

Canal+, l’actif phare du conglomérat, est à la traîne, avec un titre en baisse de 31% depuis son introduction en Bourse le 16 décembre.

Analyste chez Enders Analysis, François Godard estime qu’il n’a pas été possible de scinder le groupe à un moment qui soit opportun pour chacune des sociétés. L’analyste a également déclaré que Canal+ avait souffert du fait que son accord avec le groupe sud-africain MultiChoice n’est pas encore été finalisé.

« Ils doivent maintenant prendre le temps d’expliquer leur activité », a-t-il affirmé.

Le marché aura une vision plus claire au second semestre 2025 après quelques trimestres de résultats, a-t-il anticipé.

Vivendi, Canal+, Havas et Louis Hachette ainsi que des représentants du groupe Bolloré ont refusé de commenter.

Les analystes d’UBS ont déclaré le mois dernier que la scission n’avait « pas réussi à créer de valeur dès le premier jour », ajoutant que « le chemin vers le rendement pour les actionnaires n’est pas clair » chez Canal+.

Ils ont attribué la chute de l’action Canal+ à des prévisions financières inférieures aux attentes des investisseurs et à l’absence de dividende.

Il existe également une certaine incertitude concernant l’acquisition de MultiChoice par le groupe de médias, ont ajouté les analystes, notamment en ce qui concerne la manière de rentabiliser l’opération – une clarification qui n’est pas attendue avant la clôture de l’accord.

« Nous ne savons pas vraiment ce qui va se passer, donc les gens sont prudents », a déclaré Jean-Michel Salvador, analyste chez le bureau de recherche français AlphaValue.

Certains actionnaires se sont débarrassés de leurs parts dans Canal+, car le groupe subit plusieurs contraintes. Son siège social étant demeuré en France, il n’est pas éligible à certains indices boursiers britanniques. En outre, certains investisseurs ne sont pas autorisés à détenir des actions négociées en livres sterling, ont indiqué les analystes.

Il faut certes du temps pour que de tels « spin-offs » génèrent de la valeur. Havas et Louis Hachette publieront leurs résultats annuels les 5 mars et 13 février respectivement. Canal+ n’a pas encore fixé de date de publication de ses résultats.

OPPOSITION MINORITAIRE

Certains investisseurs minoritaires se sont opposés à la scission, notamment le fonds activiste CIAM et Phitrust, arguant qu’elle priverait les investisseurs comme eux de la protection des lois boursières françaises.

Contacté par Reuters, la co-fondatrice de CIAM Catherine Berjal a estimé que « l’opération de scission a encore été plus destructrice de valeur que ce que l’on pensait », y voyant un « bain de sang pour les actionnaires ». 

Denis Branche, co-fondateur de Phitrust, estime que même s’il faudra quelques mois pour avoir une meilleure idée, il ne croit pas que la holding Vivendi, désormais plus petite, soit en mesure de corriger sa décote de conglomérat de longue date.

« Le marché considère désormais Vivendi comme un holding financier, donc il y aura toujours cette décote », a-t-il déclaré à Reuters.

Vivendi et Yannick Bolloré ont rejeté les arguments des actionnaires activistes selon lesquels la scission priverait les actionnaires minoritaires de protections. Ils ont ajouté que la scission avait été avalisée par des cabinets de conseil aux actionnaires.

La holding de Bolloré détient 31% de chacune des trois entités scindées, soit plus que le seuil de 30% qui déclenche les offres publiques d’achat obligatoires en France et en Grande-Bretagne. Cette règle ne s’applique toutefois pas aux nouvelles entités.

Le mois dernier, Barclays a déclaré que Havas se négociait toujours avec une décote par rapport à ses pairs car sa structure de gouvernance, qui empêche les changements de conseil d’administration et les prises de contrôle hostiles, dissuade certains investisseurs.

Stéphane Le Gall, gérant de fonds chez Arkea Asset Management, autre actionnaire minoritaire de Vivendi, a déclaré à Reuters qu’il s’attendait toujours à une réévaluation du titre, qui interviendrait selon lui lorsque les entreprises expliqueront leurs stratégies respectives.

« Patience donc, la galaxie Vivendi c’est une histoire de 2025 et non de décembre 2024 », a-t-il affirmé. Le fonds qu’il gère a conservé pour l’instant toutes ses actions dans les différentes entités.

(Reportage Gianluca Lo Nostro à Gdansk, Florence Loève à Paris, et Paul Sandle et Amy-Jo Crowley à Londres, édité par Kate Entringer)

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