TotalEnergies et EDF fustigent « l’enfer » d’investir en France
(Reuters) -Des lourdeurs réglementaires freinent les investissements en France et plombent ses efforts de réindustrialisation et de décarbonation, ont déclaré mardi les PDG de TotalEnergies et d’EDF.
Ces déclarations interviennent alors que le pays est en retard dans le développement de parcs solaires et éoliens par rapport à ses voisins européens et peine à faire émerger des projets industriels se traduisant par une hausse de la consommation d’électricité.
« J’ai 500 développeurs d’énergies renouvelables en France qui arrivent à faire péniblement 300 à 400 mégawatts par an (…). Aux États-Unis, j’ai construit 2 gigawatts en un an. Je ne peux pas continuer à investir, à avoir autant de personnes qui me coûtent de l’argent pour un rendement aussi faible », a dit le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, lors d’un colloque de l’Union française de l’électricité (UFE).
« C’est un problème d’espace, c’est un problème de réglementation, c’est un problème de volonté collective. Est-ce qu’on veut (…) se donner les moyens dans notre pays d’avoir de l’électricité et d’être efficace ? Si on ne l’est pas, on va faire des arbitrages vers des pays qui sont plus accueillants », a-t-il ajouté, citant les investissements de TotalEnergies en Allemagne.
« Je ne comprends pas pourquoi on est capable de rénover Notre-Dame en cinq ans et qu’on n’est pas capable de voir les mêmes processus pour construire des usines solaires ou éoliennes en France », a ajouté Patrick Pouyanné, dont le groupe met en oeuvre une stratégie offensive de développement dans les énergies renouvelables.
Le PDG d’EDF, Luc Rémont, a quant à lui rappelé que la consommation française d’électricité n’avait pas encore décollé, contrairement aux anticipations de l’exploitant du parc nucléaire français, qui mise sur le transport, l’industrie et les centres de données pour doper la consommation.
« C’est l’enfer d’investir en France pour des raisons réglementaires. Et ce n’est pas juste l’enfer pour les renouvelables, c’est l’enfer pour raccorder un industriel (…), pour raccorder un data center, c’est des délais administratifs qui sont juste incommensurables avec ce qu’on vit ailleurs dans le monde. Il faut qu’on s’occupe de ça », a-t-il déclaré.
« Toutes technologies confondues (…), si jamais la demande n’augmente pas, il y a un moment où on va fermer les robinets d’investissement, c’est juste du bon sens et ça sera toutes technologies confondues », a également dit Luc Rémont, alors qu’EDF projette de construire en France six réacteurs nucléaires de type EPR2 et de prolonger ses centrales existantes.
(Reportage Benjamin Mallet et America Hernandez, édité par Blandine Hénault et Augustin Turpin)
Faites un don au Journal Chrétien avant le 31 décembre et bénéficiez de 66% de déduction fiscale