59 migrants tués dans un naufrage au large de la Calabre
par Alvise Armellini
ROME (Reuters) – Cinquante-neuf migrants, dont 12 enfants, sont morts dans la nuit de samedi à dimanche lors du naufrage de leur embarcation au large de la côte est de la Calabre, dans le sud de l’Italie, ont annoncé les autorités italiennes.
L’accident s’est produit près de Steccato di Cutro, une station balnéaire de la province de Crotone, où 27 corps ont été retrouvés sur une plage dans la matinée, selon l’agence Ansa.
Le bilan encore provisoire du naufrage est de 59 morts, alors que 81 personnes ont survécu. Parmi elles, vingt ont été hospitalisées, dont l’une en soins intensifs, a déclaré à Reuters Manuela Curra, représentante du gouvernement provincial.
Les migrants se trouvaient à bord d’une gület, un navire turc en bois, qui s’est fracassée contre des rochers par mauvais temps.
L’embarcation s’est « désintégrée » et des débris ont été retrouvés sur 300 mètres de côte, a déclaré le maire de Cutro, Antonio Ceraso, à la chaîne de télévision SkyTG24.
Manuela Curra a déclaré que le navire était parti il y a trois ou quatre jours d’Izmir en Turquie et, selon les témoignages de survivants, comptait 140 à 150 personnes à bord.
Elle a précisé que les rescapés venaient principalement d’Afghanistan, que certains venaient du Pakistan et que le bateau comptait aussi un couple de Somaliens.
« Beaucoup de ces migrants venaient d’Afghanistan et d’Iran, fuyant une situation de grande précarité », a déclaré le président italien Sergio Mattarella.
« Les survivants sont presque tous des adultes. (…) La majorité des enfants sont portés disparus ou ont été retrouvés morts sur la plage », a déclaré à SkyTG24 un responsable de la Croix-Rouge, Ignazio Mangione.
Le maire de Cutro a dépeint, la voix brisée par l’émotion, « un spectacle que vous voudriez ne jamais avoir vu dans votre vie (…), une vision atroce ».
« UNE IMMENSE TRAGÉDIE »
Dans un communiqué, la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a « exprimé sa profonde tristesse » tout en réaffirmant la volonté de son gouvernement d' »empêcher les départs de migrants, en commençant par exiger le maximum de collaboration de la part des pays de départ et d’origine ».
Le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a déploré « une immense tragédie qui montre l’absolue nécessité d’agir fermement contre les canaux d’immigration illégale ».
Au pouvoir depuis octobre dernier, le gouvernement Meloni, qui regroupe droite et extrême droite, affiche une ligne dure sur l’immigration en s’attaquant notamment aux activités des ONG qui portent secours aux migrants en Méditerranée, qu’il accuse d’encourager les candidats au départ.
Les associations caritatives rejettent cet argument, estimant que les migrants partiront quoi qu’il arrive, qu’il y ait ou non des navires de secours à proximité.
« Stopper, bloquer et entraver le travail des ONG n’aura qu’une conséquence : la mort de personnes vulnérables privées d’aide », a déclaré l’ONG espagnole Open Arms sur Twitter en réaction au naufrage.
Le pape François a prié pour les victimes du naufrage lors de la prière de l’Angélus, place Saint-Pierre.
L’Italie est l’un des principaux pays d’arrivée de migrants cherchant à gagner l’Europe par la mer.
Selon le projet « Migrants Disparus » de l’Organisation internationale pour les migrations, 20.333 personnes ont été retrouvées mortes ou ont été portées disparues depuis 2014 en Méditerranée centrale, réputée comme l’une des routes maritimes les plus dangereuses au monde, dont 1.417 en 2022 et 182 depuis le début de l’année.
(Reportage Alvise Armellini, version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean Terzian)