COP27: Accord historique, mais seulement sur l’aide aux victimes du climat
par Valerie Volcovici, Dominic Evans et William James
CHARM EL-CHEIKH, Égypte (Reuters) – Les délégations présentes à la 27e édition de la conférence annuelle des Nations unies sur le climat, la COP27, ont trouvé dimanche matin un accord définitif, prévoyant la création d’un fonds d’aide aux pays les plus touchés par les impacts du changement climatique, mais sans renforcer les efforts pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre qui en sont responsables.
Le texte, qui prévoit la création d’un fond « pertes et préjudices » pour permettre aux pays en développement de faire face aux effets adverses du changement climatique, comme les tempêtes et les inondations, a été adopté après des négociations tendues qui se sont prolongées toute la nuit.
« À la COP27, la France et l’Europe ont réaffirmé leur engagement pour le climat. Nous avons besoin d’un nouveau pacte financier avec les pays les plus vulnérables. J’y travaillerai avec nos partenaires en vue d’un sommet à Paris avant la prochaine COP », a commenté sur Twitter le président français, Emmanuel Macron.
« Tous les pays doivent s’engager clairement sur la sortie du charbon. Nous accompagnons ceux des pays émergents qui montrent la voie comme l’Afrique du Sud et l’Indonésie. »
Une décision ne sera toutefois prise que l’an prochain sur les mesures les plus controversées prévues dans le fonds, lorsqu’un « comité de transition » aura formulé des recommandations aux pays lors de la COP28, qui se déroulera en novembre 2023.
Ces recommandations porteront notamment sur « l’identification et l’élargissement des sources de financement », une référence à la question épineuse de savoir quels pays devraient contribuer au nouveau fonds.
Les pays les plus vulnérables avaient fait du lancement de ce fonds une priorité, ce qui avait prolongé les débats, alors que la conférence devait se terminer vendredi.
Conformément au projet présenté précédemment, l’accord conclu dimanche ne vise pas la réduction progressive de l’utilisation de « tous les combustibles fossiles », comme l’avaient demandé l’Inde et l’Union européenne.
Il appelle toutefois les pays à prendre des mesures en vue de « l’abandon progressif du recours au charbon et la suppression des aides publiques inefficaces aux carburants fossiles », comme convenu lors de la COP26 de Glasgow.
« L’accord de la #COP27 n’est pas aussi ambitieux que nous, Français et Européens, l’aurions souhaité », a déclaré la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, sur Twitter.
« Mais il préserve l’essentiel: l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C », a-t-elle ajouté.
UN PROGRES SUR LES CONSEQUENCES, PAS SUR LES CAUSES
« Trop de parties ne sont pas prêtes à avancer aujourd’hui dans le combat contre la crise climatique », a déploré à son tour Frans Timmermans, responsable de la politique climatique de l’Union européenne, qui juge que l’accord ne constitue pas « un pas en avant suffisant pour les peuples et la planète. »
Le texte final inclut aussi une référence à « l’énergie à faible émission », faisant craindre à certains qu’il ouvre la porte à une utilisation croissante du gaz naturel, qui reste un carburant fossile émettant du CO2 et du méthane.
« Pas de rupture complète avec Glasgow, mais pas du tout non plus d’ambition accrue », a ajouté le ministre norvégien du Climat Espen Barth Eide.
Le sommet de deux semaines était considéré comme un test de l’engagement de la communauté internationale à lutter d’arrache-pied contre le réchauffement climatique, alors que le sujet a été un peu éclipsé récemment par la guerre en Europe, les turbulence sur le marché de l’énergie et l’inflation rampante.
Les pays insulaires confrontés au risque de montée du niveau des océans avaient exhorté la COP à trouver un accord sur un fonds d’aide, mais regrettent le manque d’ambition sur la réduction des émissions.
« Je reconnais les progrès réalisés à la COP27 » pour ce qui est de la création du fonds, a dit la ministre du Climat des Maldives, Aminath Shauna, lors de la plénière. Mais « nous avons échoué sur l’atténuation (… du changement climatique). Nous devons être plus ambitieux afin que les émissions culminent d’ici 2025. Nous devons sortir des carburants fossiles. »
L’envoyée climatique des Iles Marshall, Kathy Jetnil-Kijiner, s’est dit elle aussi heureuse qu’un accord sur le fonds ait été trouvé.
« Tant de peronnes nous ont dit toute la semaine que nous ne l’aurions pas, je suis si heureuse qu’ils aient eu tort », a-t-elle réagi dans un courriel, avant d’ajouter: « J’aurais aimé que nous ayons aussi une sortie des carburants fossiles. Le texte actuel n’est pas suffisant. »
Pour Laurent Fabius, président de la COP21 qui s’était tenue en France en 2015, « on a (…) avancé légèrement à propos des conséquences mais fait du surplace concernant les causes. »
(Reportage Valerie Volcovici, Dominic Evans et William James, rédigé par Katy Daigle; version française Camille Raynaud et Gilles Guillaume)