L’Europe finit dans le rouge avec les craintes sur l’inflation et les taux
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse lundi et Wall Street évoluait également dans le rouge à mi-séance dans un contexte d’aversion au risque liée aux craintes sur l’approvisionnement en gaz russe en Europe, aux inquiétudes sur l’inflation et à la perspective d’un resserrement monétaire soutenu malgré les risques d’une récession.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 1,8% à 6.378,74 points. Le Footsie britannique a cédé 0,22% et le Dax allemand 2,32%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 1,93% et le FTSEurofirst 300 de 0,86%. Le Stoxx 600 a perdu 0,96%, après avoir accusé un plus bas en séance depuis le 28 juillet.
L’indice de la volatilité, considéré comme un baromètre de la peur, a touché aux Etats-Unis un sommet de près de trois semaines à plus de 23 points et l’indice de volatilité de l’EuroStoxx 50 a bondi de 11,34% à 27,36 points.
La prudence sur les marchés a été alimentée par l’annonce de Gazprom de fermer pour maintenance du 31 août au 2 septembre le gazoduc Nord Stream 1, qui approvisionne l’Europe. A la Bourse d’Amsterdam, le cours du gaz naturel s’est envolé en séance de plus de 20% au niveau record de 292,5 euros le mégawattheure avant de refluer à 278 euros.
Dans ce contexte de flambée des coûts de l’énergie, la Bundesbank a estimé lundi que le risque d’une récession en Allemagne était de plus en plus probable et que l’inflation pourrait culminer à plus de 10% cet automne.
Citi de son côté anticipe une inflation à 18% début 2023 au Royaume-Uni et pense que la Banque d’Angleterre (BoE) pourrait devoir porter ses taux à 6%-7% pour la faire baisser.
Aux Etats-Unis, où l’inflation et le ralentissement de la croissance, sont également des sujets de préoccupation, la deuxième estimation du PIB est attendue jeudi, tandis que vendredi les investisseurs espèrent que le discours de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), lors de la conférence annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole, permettra de se faire une idée plus précise sur la trajectoire future des taux.
Une enquête Reuters, publiée lundi, montre que la Fed devrait opter pour une hausse de 50 points de ses taux en septembre, après avoir déjà augmenté le coût du crédit de 225 points depuis mars.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, les baisses les plus importantes ont été à l’actif des compartiments cycliques comme l’automobile (-3,67%), les banques (-1,49%) et l’industrie (-2,27%), tandis que l’énergie (+0,61%), les ressources de base (+0,38%) et le secteur défensif de la santé (+0,55%) ont affiché les meilleures progressions.
Renault (-4,42%) et Stellantis (-4,02%) ont accusé parmi les forts replis sur le CAC 40 aux côtés de Société générale et BNP Paribas qui ont perdu respectivement 3,02% et 2,48%.
Ailleurs en Europe, Credit Suisse, qui a annoncé la nomination d’un nouveau directeur financier, Dixit Joshi, et d’une nouvelle directrice adjointe, Francesca McDonagh, a cédé 0,83%.
Dans le sillage de l’annonce de Gazprom, Uniper, premier importateur de gaz russe en Allemagne, a chuté de 7,72% et sa maison mère Fortum de 4,39%.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 1,32%, le Standard & Poor’s 500 de 1,54% et le Nasdaq de 1,90%, dans l’attente de l’intervention vendredi de Jerome Powell alors que les investisseurs redoutent une politique plus restrictive de la Fed après les déclarations de plusieurs responsables de l’institution en ce sens.
« Tous les regards sont tournés vers Jackson Hole », résume Craig Erlam, analyste marchés chez OANDA, notant que cette attente rend nerveux le marché.
Aux valeurs, les géants des nouvelles technologies comme Apple (-1,58%) et Tesla (-2,42%) sont pénalisés par la poursuite de la remontée des rendements obligataires, tandis que les banques, à l’instar de JPMorgan Chase (-1,61%) et Bank of America (-2,11%), souffrent des inquiétudes pour la croissance économique.
L’exploitant de salles de cinéma AMC Entertainment chute de 36,58% après l’annonce par son concurrent Cineworld de la possibilité d’un dépôt de bilan. Ford, en repli de 4,65%, pâti d’une décision de justice défavorable après un accident mortel ayant impliqué un pick-up F-250 en Géorgie en 2014. Le constructeur automobile a également annoncé la suppression de 3.000 postes en Amérique du Nord et en Inde.
Dans les fusions-acquisitions, le groupe de santé Signify Health bondit de près de 32,97%, l’agence Bloomberg ayant rapporté qu’Amazon (-2,90%) et d’autres sociétés étaient candidats à son rachat.
CHANGES
L’euro, affecté notamment par la crise du gaz, se traite à 0,9934 dollar (-1%), après avoir touché un creux historique à 0,9929.
Le dollar, en hausse de 0,84% face à un panier de devises internationales de référence, évolue à un pic de six semaines dans la perspective d’une hausse de taux d’intérêt plus importante aux Etats-Unis et d’un risque plus marqué de récession en Europe.
TAUX
Les rendements obligataires ont poursuivi leur remontée avec celui du Bund allemand à dix ans qui a pris plus de six points de base à 1,293% après avoir gagné vendredi près de 15 points.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans avance de 3,5 points à 3,025%, franchissant pour la première fois depuis le 21 juillet la barre de 3%, tandis que celui à deux ans progresse de 5,7 points à 3,324%. Cette inversion des courbes est le signe d’une anticipation d’une récession à un horizon de deux ans.
PÉTROLE
Affecté par les craintes d’une baisse de la demande, le marché pétrolier repart dans le rouge après trois séances de hausse d’affilée.
Le Brent abandonne 1,08% à 95,68 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,94% à 89,92 dollars.
A SUIVRE MARDI:
Les indices PMI S&P Global « flash » du mois d’août en Europe.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Laetitia Volga)