Bientôt une pénurie de pasteurs en Europe?
«En 2029, 47% des pasteurs romands auront pris leur retraite», alerte Didier Halter, directeur de l’Office protestant de la formation (OPF). «Un peu moins de dix personnes entrent en formation à l’OPF chaque année» détaille-t-il. «Ce chiffre est stable, mais dans dix ans, selon cette projection, il manquera, sur les 354 postes de ministres en Suisse romande, 65 personnes, soit 18%.» Ce déséquilibre se ressent déjà: «Le temps de repourvue d’un poste pastoral s’est allongé et peut durer jusqu’à une année.»
Vice-doyen de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Lausanne, Frédéric Amsler remarque également «un manque de relève», entraîné par la sécularisation de la société.
Charge symbolique
Sans surprise, le sociologue des religions Jörg Stolz relie également cette tendance au «manque de foi» de l’époque. De son côté, Jean-Baptiste Lipp, président de la Conférence des Églises réformées romandes (CER) et chargé de mener pour l’Église évangélique réformée du Canton du Vaud (EERV) une réflexion sur le sujet, pointe la difficulté des jeunes gens à assumer désormais la «charge symbolique» voulue par la fonction. «Endosser un métier lié au sacré ne va plus de soi», observe-t-il.
Selon Didier Halter, la situation ne risque pas de s’arranger d’elle-même: «Grandir dans une famille ayant une pratique religieuse est statistiquement ce qui pousse le plus souvent à se tourner vers un métier d’église. Par corrélation avec la désaffection des croyants, le nombre des vocations est donc appelé à baisser toujours plus.»
Autre raison, plus terre-à-terre, la longueur du cursus, relève Jean-Baptiste Lipp: «Cinq ans de théologie, dix-huit mois à l’OPF, une année de stage, une année de suffragance et la commission de consécration… Près de dix ans pour former un pasteur: est-ce bien raisonnable?»
Vide sociétal
Mais à l’heure où les Églises se vident, fait-il sens de s’inquiéter de ce manque de relève? «Cette tendance n’en est pas moins regrettable», répond Jörg Stolz, «car cette fonction est tant intellectuelle que sociale».
En effet, à long terme, la disparition des pasteurs, si elle est problématique pour les croyants, est également vue par certains comme un risque pour la société dans son ensemble. «Les pasteurs sont des personnes respectées, qui doivent rester des interlocuteurs pour le monde sécularisé», déclare Rita Famos, présidente de l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS), qui rappelle le rôle des ministres dans l’aumônerie (hôpitaux, prisons, centres d’asile, etc.) et lors de funérailles ou de mariages. «Sans le pasteur, il y a un vide sociétal. De plus, il assure la lisibilité de l’institution, dont il est un porte-parole reconnu», ajoute Jean-Baptiste Lipp.
Le spectre de l’épuisement
Frédéric Amsler prévient également d’un autre danger: «Les Églises veulent continuer à assurer les mêmes services, mais avec moins de personnel, au lieu de faire de vrais choix.» C’est-à-dire? «Fermer des paroisses. Autrefois, quatre pasteurs se partageaient une paroisse, quand désormais celle-ci ne bénéficie plus que d’un pasteur, à qui on aura en plus adjoint la charge d’autres paroisses. Cela engendre souvent des cas de burn-out, même chez les jeunes ministres», déplore Frédéric Amsler. Une problématique récurrente de surmenage qui a forcément pour conséquence de rendre le métier de moins en moins attractif.
Diacres et laïcs à la rescousse?
Le salut pourrait-il venir des diacres? «En terre vaudoise, bien malin qui aujourd’hui peut distinguer les fonctions d’un pasteur et d’un diacre», s’agace Frédéric Amsler. De plus en plus, les Églises misent aussi sur l’engagement de laïcs qu’il faut, selon Rita Famos, «encourager à prendre en charge des tâches pastorales, dont le prêche». Mais la présidente nuance: «On n’est pas toujours certain de la motivation de ces personnes, les risques d’abus de position étant possibles». En outre, «il peut y avoir parfois des déconvenues, si ce ministère ne repose pas sur une très solide capacité à éclairer notre monde et nos existences par une lecture critique de la Bible», complète Frédéric Amsler.
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