La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Jean 1:17
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.La loi n’était pas un système de grâce, et elle ne pouvait rendre les hommes parfaits ; en contraste avec la loi, il y a le système de «grâce et de vérité» qui a été amené par Jésus-Christ.
Rôle de la Parole dans la création et la rédemption
Dans le prologue, Jean parle du rôle de la Parole dans la création et la rédemption (Jean 1:4, 10-11, 14, 17). Il voit la continuité entre la rédemption vétérotestamentaire et celle du Christ dont il est le témoin oculaire privilégié (Jean 1:14).
Le Verbe (Parole) qui a tout créé est aussi celui qui « brille dans les ténèbres » (verset 5), qui est « venu chez les siens » (verset 17), qui a été « fait chair » (verset 14) et en qui « la grâce et la vérité sont venues » (verset 17).
L’Eternel est riche en grâce et en vérité
En Israël, l’Eternel « s’est révélé comme le Dieu de hesed we’emeth (Exode 34:6), expression que l’on traduit souvent par « riche en bienveillance et en fidélité » mais que l’on peut traduire aussi bien en français par « grâce et vérité ». Car hesed contient la notion de « faveur imméritée » donc de « grâce », et emeth a le sens de « fidélité », « ce sur quoi l’on peut compter », qui est l’idée de base de la notion hébraïque de vérité.
Dans l’évangile de Jean, aléthéia (vérité) désigne la révélation. Il en résulte que la révélation de caractère préliminaire (torah) est venue par Moïse, mais le don total de la révélation, la grâce pleinement révélée, est venue par Jésus-Christ.
La traduction qui est philologiquement la meilleure de l’expression hébraïque hésed we’ émeth (Exode 34:6, traduit habituellement par : « L’Eternel est riche en bonté et en fidélité ») serait : « riche en grâce et en vérité ». En lui, « la grâce et la vérité se rencontrent » (Psaumes 85:11). Si le Fils est « plein de grâce et de vérité », c’est qu’il a une seule gloire avec le Père – « gloire comme (une gloire) de Fils unique procédant du Père ». Moïse a pu saluer cette gloire et en dresser les figures annonciatrices : elle est venue en Jésus, le Fils.
Au verset 15, Jean évoque le témoignage de Jean-Baptiste, élargi, au verset 16, à celui de tous les chrétiens qui ont reçu de sa plénitude « grâce pour grâce ». Cette expression difficile à traduire est rendue par « grâce à la place de grâce ».
Comparaison entre Moïse et le Christ
Au lieu d’une opposition entre Moïse et le Christ, il y aurait donc dans tous ces versets 14, 16 et 17 une comparaison. Comme le Christ a suivi et accompli Moïse, ainsi une expression de grâce remplace une autre. La grâce a atteint son plérôma, sa plénitude, sa pleine et entière réalisation en Jésus-Christ.
Cette interprétation est corroborée par l’apôtre Paul en 2 Corinthiens 3:7, où il appelle l’ancienne alliance « glorieuse », mais la nouvelle est encore plus glorieuse.
L’attention sur le parallélisme structuralement parfait entre les éléments de la protase (la première proposition) et l’apodose (la seconde proposition) dans ce verset. Les deux sujets, la « Loi » et « la grâce » évoquent les deux dispositions de l’alliance de grâce. La Loi… n’a pas été donnée comme moyen de salut. Elle a été accordée après le salut par grâce lorsque Dieu eut délivré son peuple de la maison de servitude. C’est la grâce, non la Loi, qui assure le salut.
La loi et la grâce sont deux notions différentes mais complémentaires
La Loi a toujours servi à des fins de sanctification. Dans ce sens, il s’agit de deux choses différentes dans l’économie de la rédemption, qui ont toujours leur place respective. Sous cet angle, « loi » et « grâce et vérité » sont deux notions différentes mais complémentaires qui coexistent dans l’histoire de la rédemption.
Moïse et Jésus-Christ, deux médiateurs
Moïse et Jésus-Christ sont tous deux médiateurs de ces deux éléments distincts, mais le verbe qui exprime cette médiation est différent : la Loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues (ginomai) par Jésus-Christ. Ce verbe ginomai signifie presque toujours « devenir » ou « être » ; l’expression ginomai dia ne se présente que trois fois dans le Nouveau Testament et uniquement dans le prologue de Jean. Or, dans les deux autres emplois, il s’agit de l’œuvre créatrice de la Parole (versets 3 et 10) : A la différence de Moïse, qui n’est qu’un médiateur prophétique, Jésus-Christ est la source créatrice, voire l’origine même de la grâce et de la vérité.
Tout au long de l’histoire du salut, il s’est révélé. Dans toutes les théophanies de l’Ancien Testament, c’est lui qui a été vu. Celui qui s’est révélé à Moïse au buisson ardent comme le Dieu « Je suis », c’était Jésus-Christ (voir Jean 8:24, 28, 58 ; 13:19). Esaïe a vu sa gloire (Jean 12:41) tout comme Jacob (1:51). Dans le premier de ces passages, la gloire du Christ est identifiée avec celle du Seigneur, de l’Eternel. Donc, pour Jean, le Christ, c’est l’Eternel des armées célestes.
Aucune opposition entre Jésus-Christ et Moïse
Dans Jean 1:17, il n’y a donc pas opposition de Jésus-Christ à Moïse. On oppose de bonnes pommes à de mauvaises, on oppose Jésus au Bouddha ou à Socrate, mais pas la révélation préalable accordée à Moïse à la révélation plénière qui est venue par Jésus-Christ. Ils sont plutôt juxtaposés, dans un résumé très condensé de la dynamique organique de l’histoire de la rédemption qui fait que la nouveauté et la progression de la rédemption éclatent dans toute leur splendeur.
Ce n’est pas Moïse ou le Christ, mais le Christ de Moïse, voire le Dieu de Moïse, celui dont parle Moïse (Jean 5:45 ; Juges 5:45), qui s’est révélé à Moïse dans le buisson ardent et sur le Sinaï comme le ego eimi et comme le Dieu de grâce et de vérité, et qui, maintenant, en prenant chair à la fin des temps, se révèle définitivement aux apôtres, témoins inspirés de sa gloire, et à travers eux à nous tous dans sa plénitude.
L’ordre nouveau accomplit, surpasse et remplace l’ancien
L’Evangile de Jean montre, dans une série de présentations que l’ordre nouveau accomplit, surpasse et remplace l’ancien : le vin de la nouvelle création est meilleur que l’eau utilisée dans les ablutions de la religion juive (Jean 2:10), le nouveau temple surpasse l’ancien (Jean 2:19), la nouvelle naissance est la porte d’entrée dans la sphère de la vie qui ne peut être conférée par la naissance naturelle dans le peuple élu (Jean 3:3, 5), l’eau vive de l’Esprit que Jésus donne est de loin supérieure à l’eau du puits de Jacob et à celle qui était répandue dans la cour du Temple lors de la fête des Cabanes (Jean 4:13 ; 7:37.), le pain du ciel est la réalité dont la manne dans le désert n’était qu’une ombre préfigurative (Jean 6:12).
Moïse était le médiateur de la Loi ; Jésus-Christ est non seulement le médiateur, mais l’incorporation de la grâce et de la vérité. Ce que Dieu était, la Parole l’était.
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