Après la réélection de Kaboré, les leçons de la Présidentielle au Burkina Faso
Ce 29 novembre, une semaine après le scrutin du 22 novembre 2020 au Burkina Faso, ce chapitre de la présidentielle s’achève.
Entre autres indicateurs de ce clap de fin, la reconnaissance de la victoire du Président sortant Kaboré par Zéphirin Diabré, l’emblématique chef de file de l’opposition. Aujourd’hui, quelques leçons peuvent être tirées de cette expérience démocratique dans un contexte sahélien marqué par l’insécurité due au terrorisme.
Dans un tweet du 27 novembre, le Président sortant Roch Marc Christian Kaboré a écrit : « J’ai reçu ce vendredi dans la soirée, les félicitations du candidat à la présidentielle Zéphirin Diabré. Je salue sa démarche qui s’inscrit en droite ligne de l’esprit de notre classe politique et témoigne de la maturité de notre démocratie ».
Cette information est confirmée par l’intéressé, qui plus est, le chef de file de l’opposition. Désormais, il est possible de conclure que la page de la présidentielle burkinabè de 2020 peut être tournée. Ainsi, au bout d’une semaine, le chapitre de ce scrutin est écrit sans violence post-électorale. Un cas rare pour être signalé en Afrique subsaharienne.
En fait, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé les résultats préliminaires du scrutin le 26 novembre, soit quatre jours après le vote. Dans son adresse, le président de la CENI, Newton Ahmed Barry indiquait que « Monsieur Kaboré, Roch Christian Marc, avec 57,87% des suffrages, est déclaré élu provisoirement dès le premier tour comme président du Faso ». Ces résultats placent le Président sortant devant ses 12 concurrents, suivi respectivement d’Eddie Komboïgo, candidat du CDP de l’ancien Président Blaise Compaoré et Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, crédités respectivement de 15,84% et 12,46%.
A l’annonce des résultats provisoires, le Président Kaboré a tendu la main à l’opposition. « Je souhaite qu’ensemble nous puissions bâtir notre patrie dans la paix, la sécurité et le développement pour tous ». Mais, avant même la proclamation desdits résultats, celle-ci dénonçait déjà de « nombreux dysfonctionnements et irrégularités (…) notamment la non observation de la compilation manuelle, les fraudes massives, les modifications illégales du nombre et de la cartographie électorale, les achats de conscience ».
Tout en contestant la qualité du travail de la CENI, l’opposition burkinabè a, toutefois, « réaffirmé sa volonté renouvelée de préserver la paix, la stabilité et la sécurité au Burkina Faso en plaçant l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de toute autre considération ».
Dans ce pays sahélien d’Afrique, vaste de 274 400 km² et abritant 20 835 401 habitants en 2020, en proie à la pauvreté et surtout à l’insécurité due aux menées agressives des groupes terroristes, les candidats en lice pour la présidentielle du 22 novembre ont préféré faire profil bas pour éviter de créer des conditions propices à la diffusion de l’insécurité. Ils se sont accordés sur le principe de reconnaître la victoire du candidat donné vainqueur par la CENI pour éviter des contestations qui ouvriraient la voie à des violences post-électorales exploitables par les groupes terroristes.
Yamingué Bétinbaye
Docteur en géographie