Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. Romains 12,3
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Plan
Son attitude modeste dans le corps de Christ
Il ne doit pas aspirer à un rôle supérieur à sa foi, mais rester à la place qui lui est assignée dans le corps. Nous formons tous un seul corps en Christ et devons nous servir les uns les autres (3-5)
3 à 8 le chrétien dans l’Église
L’apôtre, voulant exposer aux chrétiens de Rome les devoirs relatifs à leurs rapports mutuels, commence par les inviter à être modestes dans l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. La modestie seule nous met à notre véritable place devant Dieu et devant les hommes.
Paul introduit cette exhortation à la modestie comme une confirmation (en effet) du principe qu’il a posé au verset 1, de l’obligation qu’il fait aux chrétiens d’offrir leur corps en sacrifice à Dieu.
C’est une première et très importante application de ce principe. S’ils sont disposés à se limiter et à se modérer dans l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes, ils montrent par là qu’ils sont animés d’un véritable esprit de sacrifice et de consécration à Dieu. Ils prouveront aussi qu’il « ne se conforment plus au monde », mais qu’ils sont transformés par le « renouvellement de leur entendement ». Je dis à quiconque se trouve parmi vous (grec) à tout homme étant parmi vous…
On s’est demandé s’il fallait, après cette locution complexe, sous-entendre : en fonction, exerçant un ministère, occupait une position en vue. Mais cela n’est pas indiqué.
L’apôtre s’adresse simplement à tout membre de l’Église de Rome, même au plus brillamment doué, même à celui qui a rendu les services les plus éclatants et occupe la position la plus en vue. Il invoque, à l’appui de son exhortation, l’autorité de son apostolat, qu’il appelle la grâce qui m’a été donnée.
Il n’est pas connu personnellement de l’Église de Rome ; c’est pourquoi il sent le besoin de légitimer la liberté qu’il prend de faire à ses membres une recommandation qui touche au point le plus délicat de leur vie individuelle et collective (Romains 15.15 ; 1 Corinthiens 3.10 ; Éphésiens 3.7).
Il dit à chacun (grec) : de ne pas penser avec hauteur, de ne pas s’enorgueillir, de ne pas aspirer à une condition pour laquelle il ne serait point qualifié, en passant à côté et en allant au-delà de ce qu’il doit penser, au-delà de l’activité à laquelle il peut aspirer, mais de penser pour penser sagement (il y a en grec un jeu de mots difficile à rendre en français) ; en d’autres termes, chacun doit borner ses visées à la mesure du don que Dieu lui a accordé, et mettre son ambition à être sage, réfléchi, modéré et modeste dans l’estimation de soi-même.
La norme d’après laquelle doit se faire cette estimation, c’est (grec) pour chacun selon que Dieu lui a départi une mesure de foi. Paul dit : une mesure de foi, et non de « dons ». C’est que le chrétien reçoit des dons, et met en valeur ceux qu’il possède naturellement dans la mesure où il a la foi, où il a appris à se confier en Dieu. Cette foi exclut tout mérite propre ; elle a conscience que ce que nous recevons de Dieu est une pure grâce ; elle entretient en nous la vraie humilité ; tandis que l’orgueil naît d’une appréciation illusoire de nous-même. La fausse humilité, d’autre part, fruit de l’incrédulité, nous fait méconnaître la mesure de la foi que Dieu nous a départie et les dons qui en découlent.
La foi n’est pas simplement la confiance en Christ et en son œuvre rédemptrice, c’est la disposition qui permet à l’homme de s’emparer de la puissance de Dieu, la foi qui, « transporte les montagnes » (1 Corinthiens 13.2 ; comparer Matthieu 17.20). Cette foi est un don spécial que Paul énumère parmi les autres « charismes », (1 Corinthiens 12.9) et qu’il considère ici comme la condition et la mesure des dons que chaque fidèle possède.
D’autres interprètes, prenant le terme de foi dans le sens plus général où il désigne la piété, la vie chrétienne, pensent que l’apôtre a en vue la nature et les qualités diverses que cette foi prend chez les individus : elle est pratique ou contemplative ; elle se montre par l’action, par la parole par la pensée ; à chacun de connaître le caractère propre de sa foi. Ce sens ne nous paraît pas indiqué dans le contexte.
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