Critiques croissantes sur les violations des droits de l’homme de l’Azerbaïdjan
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.La conférence mondiale des Nations unies sur le climat a débuté à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, 11 novembre 2024. Plus la date approche, plus les critiques à l’encontre du pays hôte s’intensifient en raison de l’expulsion des Arméniens du Haut-Karabakh en septembre 2023.
Dans quelques semaines, l’Azerbaïdjan sera au centre de l’attention internationale : du 11 au 22 novembre 2024, la capitale Bakou accueillera la conférence mondiale des Nations unies sur le climat, la COP29. Parmi les nombreux invités, une délégation suisse de haut niveau sera probablement présente.
Le fait que l’économie de ce pays situé au bord de la mer Caspienne soit fortement dépendante de ses considérables gisements de pétrole et de gaz (90 % des exportations concernent les produits pétroliers) n’est pas le seul conflit d’intérêts qui fait parler de lui.
Après un siège de plusieurs mois visant à affamer la population arménienne chrétienne, l’Azerbaïdjan a envahi le Haut-Karabakh en septembre 2023. En quelques jours, la région a été conquise et l’ensemble de la population, soit plus de cent mille personnes, a été déplacée. L’ancien procureur en chef de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, a qualifié cette épuration ethnico-religieuse de génocide.
Il faut libérer tous les prisonniers arméniens !
L’Azerbaïdjan détient aussi illégalement au moins 23 Arméniens. Parmi les prisonniers figurent huit dirigeants du Haut-Karabakh, arrêtés par l’Azerbaïdjan après sa prise de contrôle militaire de la région en septembre 2023.
Jusqu’en décembre 2023, les Arméniens du Haut-Karabakh détenus sous des accusations sans fondement étaient encore plus nombreux. À cette date, trente-deux d’entre eux ont été libérés. Après cela, l’Azerbaïdjan a été désigné pays hôte de la conférence mondiale des Nations unies sur le climat. De plus, après ces libérations, l’Arménie a abandonné le veto qu’elle avait envisagé.
Pourtant, d’éminents experts en droits de l’homme exigent la libération de tous les prisonniers. Lors d’une table ronde organisée par CSI le 1er octobre 2024 à Genève, ils ont souligné leur demande et ont également évoqué les mauvais traitements infligés aux prisonniers dans les centres de détention azerbaïdjanais.
Thibault van den Bossche, chargé de plaidoyer au soutien des chrétiens persécutés du Centre européen pour le droit et la justice, a été très clair à ce sujet. Il a qualifié de « paradoxal » le fait que l’Azerbaïdjan puisse accueillir la COP29 malgré ses violations des droits de l’homme au Haut-Karabakh et son non-respect des obligations internationales.
Boycotter la conférence sur le climat ?
Dans un article de Newsweek, l’ancien ministre arménien des Affaires étrangères Vartan Oskanian a écrit : « Laisser l’Azerbaïdjan organiser la COP29 sans mentionner la répression reviendrait à fermer les yeux sur les atrocités commises. La COP29 offre une rare opportunité de faire pression sur ce pays. » Si l’Azerbaïdjan fait la sourde oreille aux discussions sur les droits de l’homme, la communauté internationale « doit être prête à boycotter la conférence ou à n’y envoyer que des délégations de bas niveau », poursuit-il.
« COP de la honte »
L’opposition à la COP29 de Bakou s’organise également au sein du Parlement européen. Dans un message publié sur la plateforme de médias sociaux X le 10 octobre 2024, Nathalie Loiseau, du groupe politique Renew Europe, a demandé un débat en plénière sur ce sujet.
Mme Loiseau a remis en question la décision d’attribuer la COP à un pays qui, en plus d’être dépendant des combustibles fossiles, est connu pour ses « violations massives des droits de l’homme ». Elle y condamne l’Azerbaïdjan pour l’épuration ethnique du Haut-Karabakh et l’échec à faire la paix avec l’Arménie. « Pour moi, c’est une COP de la honte », conclut-elle.
Implantation prévue de 140 000 musulmans
Selon l’Indice de perception de la corruption 2023, l’Azerbaïdjan est l’un des États les plus corrompus au monde. En voici un échantillon : cet État riche en pétrole propose des contrats lucratifs à des entreprises occidentales afin de participer à la dernière phase du nettoyage ethnique du Haut-Karabakh. Le régime d’Ilham Aliyev a ainsi présenté des plans pour installer d’ici 2026 quelque 140 000 musulmans azerbaïdjanais dans cette région autrefois peuplée d’Arméniens chrétiens.
Une participation suisse est également envisagée. Le gouvernement azerbaïdjanais affirme ainsi que la présidente de la Confédération Viola Amherd a discuté avec le président Aliyev de la « contribution des entreprises suisses » à ces plans de construction.