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Centres fermés, rendez-vous annulés, les soubresauts de la campagne de vaccination

Privés depuis le début de l’épidémie de coronavirus de la présence de leurs enfants et petits-enfants, Annie et Renaud George, un couple de retraités, attendaient avec impatience de pouvoir se faire vacciner contre le COVID-19. Mais face à la pénurie de vaccins, leur rendez-vous a été annulé.

« Ça a été une grosse déception » explique George Renaud. « On n’en veut à personne mais il me semble qu’il y a eu un défaut ou plusieurs défauts dans l’organisation de la répartition. On était sûrs que, si on nous avait donné nos quatre rendez-vous, nos quatre doses étaient réservées pour ces dates-là. »

Les laboratoires Pfizer, Moderna et AstraZeneca ont annoncé tour à tour dans les derniers jours une baisse de livraisons de vaccins, forçant de nombreux pays à ralentir leur campagne de vaccination.

Les agences régionales de santé d’Île-de-France, des Hauts-de-France et de la Bourgogne-Franche-Comté, ont ainsi annoncé jeudi des ralentissements dans les prises de rendez-vous de vaccination des premières injections, préférant réserver les doses pour les secondes injections. et

Renaud George devait se rendre au centre de vaccination samedi et son épouse lundi. Ils ont reçu un courriel leur notifiant l’annulation quatre jours avant. Pour ces deux anciens enseignants, qui respectent scrupuleusement les gestes barrières, l’attente devient extrêmement difficiles.

« Ce qui nous manque à nous, beaucoup, c’est de ne pas pouvoir embrasser nos petits-enfants. Les prendre dans nos bras, c’est primordial », dit le retraité qui est parvenu à prendre un nouveau rendez-vous pour le 10 mars mais n’a pas encore trouvé de créneau pour son épouse.

Le médecin généraliste Anthony Haro a pour sa part dû fermer mardi le centre de vaccination qu’il coordonnait à Saint-Amand-les-Eaux, dans le Nord, faute de vaccin disponible. Le centre avait été ouvert une semaine auparavant seulement. Aucune date de réouverture ne lui a pour l’instant été donnée.

PATIENTS FRAGILES EN ATTENTE

« J’ai quelques exemples en tête de grands-parents dont les enfants m’appellent pour voir si on n’a pas une solution alternative », dit-il. « Malheureusement, on n’est pas en capacité de leur répondre. »

« On a aussi des patients très fragiles à l’heure actuelle sous chimiothérapie, par exemple, que l’on n’arrive pas à faire vacciner parce que les doses sont réservées pour la seconde vaccination », poursuit-il.

Malgré les problèmes d’approvisionnement, le gouvernement ne regrette pas de s’en être remis à un cadre européen pour procéder aux achats de vaccins, a dit vendredi le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune.

« L’idée que l’Allemagne ou la France pourrait être vaccinée et pas le voisin n’a pas de sens », a-t-il ajouté défendant une stratégie concertée et égalitaire entre les pays.

Des élus locaux dénoncent néanmoins la désorganisation de la campagne de vaccination et le manque de visibilité.

Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement de Paris, n’a jamais pu ouvrir le 25 janvier le centre de vaccination qu’il avait mis sur pied avec des professionnels de santé.

Les autorités sanitaires avaient pourtant approuvé le projet à la mi-janvier. Trois jours avant son ouverture, alors que la salle était prête et le personnel mobilisé, il a appris que les vaccins ne seraient pas livrés.

« On a l’impression d’être pris pour des imbéciles », dit-il à Reuters, dénonçant une « opacité » sur l’approvisionnement de la France en vaccins Pfizer et une stratégie de vaccination fixée sur le tard qui a favorisé une désorganisation sur le terrain.

« L’anticipation n’est pas une qualité française, on l’a vu sur les tests, les masques, on le revoit sur les vaccins », dit-il. « Dans toute situation, on doit avoir un plan B, et là, on n’a pas de plan B. »

(Pascal Rossignol, avec Caroline Pailliez et Elizabeth Pineau)

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