28 mars 2025Reuters

L’Asie du Sud-Est touchée par un puissant séisme, plusieurs dizaines de morts

BANGKOK (Reuters) -Un puissant séisme a secoué vendredi l’Asie du Sud-Est et fait plus de 140 morts en Birmanie, selon des médias, ainsi que des dégâts en Thaïlande voisine.

A Bangkok, les secours étaient à la recherche de survivants après qu’un gratte-ciel en construction s’est effondré dans la capitale thaïlandaise. L’accident a fait au moins huit morts, selon la gouverneure adjointe de la métropole, Tavida Kamolvej. Les secours ont précisé que 117 personnes étaient portées disparues.

Une autre personne est morte en un autre lieu de la capitale, a dit la gouverneure.

L’Institut d’études géologiques des Etats-Unis (USGS) a estimé la magnitude du séisme à 7,7. Ce séisme a été suivi d’une puissante réplique ainsi que de plusieurs autres plus modérées.

Il s’est produit à une profondeur de 10 kilomètres et l’épicentre a été localisé à 17,2 km de Mandalay, la deuxième plus grande ville de Birmanie avec environ 1,5 million d’habitants.

Le séisme a fait plus de 144 morts et 732 blessés en Birmanie, selon un bilan provisoire établi par la télévision d’Etat MRTV.

De nombreux immeubles et routes de l’ancienne capitale royale de Birmanie étaient détruits, ont rapporté des habitants et des médias locaux.

« Nous sommes tous sortis en courant de la maison, tout tremblait. J’ai vu un immeuble de cinq étages s’effondrer sous mes yeux. Dans ma ville, tout le monde est dans la rue et personne n’ose retourner à l’intérieur des bâtiments », raconte à Reuters un témoin de la scène.

Une femme également présente sur les lieux, Htet Naing Oo, a rapporté à Reuters qu’un salon de thé avec plusieurs personnes à l’intérieur s’était effondré.

« Nous n’avons pas pu entrer. La situation est très grave », a-t-elle dit.

La grande horloge de Mandalay et une partie du mur du palais de la ville ont également été endommagées, d’après les images diffusées par les médias locaux.

A Taungu, où au moins trois personnes sont décédées, selon deux témoins oculaires, après l’effondrement partiel d’une mosquée, l’un a déclaré à Reuters: « Nous étions en train de réciter des prières lorsque les secousses ont commencé (…) Trois personnes sont mortes sur le coup ».

LA JUNTE BIRMANIE DEMUNIE

A Aungpan, les médias locaux ont rapporté qu’un hôtel s’était entièrement effondré, tandis que l’ONG Democratic Voice of Burma, qui produit des programmes de radio et de télévision, a rapporté que deux personnes étaient mortes et que 20 autres étaient coincées sous les décombres.

Selon un secouriste de l’organisation caritative Moe Saydanar, au moins 60 corps ont été retrouvés dans des monastères près de Pyinmana, près de la capitale Naypyidaw.

La junte militaire au pouvoir a décrété l’état d’urgence dans six régions, dont celle de Naypyidaw, la capitale du pays, et a invité « tous les pays » à fournir une aide et des dons, avertissant que le bilan continuera d’augmenter, ont rapporté des médias d’Etats birmans.

La Birmanie a accepté l’aide de l’Inde et de l’ASEAN, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, toujours selon la presse birmane.

Ce séisme est un nouveau défi pour la junte, confrontée à une guerre civile depuis le coup d’Etat de février 2021.

Les combats ont fait plus de trois millions de déplacés, selon l’Onu, alors que plus d’un tiers de la population a besoin d’assistance humanitaire.

Le tremblement de terre intervient à un moment critique pour le pays asiatique, selon Joe Freeman d’Amnesty International, qui avance que les coupes de l’administration américaine de Donald Trump ont sensiblement affecté l’aide humanitaire en Birmanie.

Pour Nyi Nyi Kyaw, enseignant birman à l’Université de Bristol au Royaume-Uni, le séisme intervient « au moment où la Birmanie est la plus vulnérable (…) depuis des décennies ».

« Une grande partie de la société civile a fui le pays et les organisations qui sont sur place ne sont pas en mesure de gérer les efforts de secours en cas de catastrophe », ajoute-t-il.

« La Birmanie est incapable de faire face au choc et à ses conséquences », estime Nyi Nyi Kyaw.

Le gouvernement d’unité nationale (NUG), opposé à la junte militaire, a annoncé déployer sa milice des Forces de défense du peuple pour distribuer de l’aide humanitaire.

« C’est très sérieux, nous avons besoin d’assistance technique et humanitaire de la communauté internationale », a déclaré à Reuters Zin Mar Aung, porte-parole du NUG.

En Thaïlande, une tour de bureaux du centre-ville de Bangkok a oscillé de part et d’autre pendant au moins deux minutes, les portes et les fenêtres grinçant bruyamment, selon des témoins.

La Bourse thaïlandaise a annoncé un arrêt complet de ses opérations, qui reprendront lundi .

(Devika Nair, Sameer Manekar et Gnaneshwar Rajan à Bangalore et Devjyot Ghoshal à Bangkok; rédigé par Raju Gopalakrishnan; version française Claude Chendjou et Zhifan Liu)