Trump sa suspendre l’application des droits de douane, disent le Mexique et le Canada
par David Lawder, David Alire Garcia et David Ljunggren
WASHINGTON/MEXICO/OTTAWA (Reuters) -Donald Trump a décidé de retarder d’au moins un mois l’entrée en vigueur de droits de douane de 25% qu’il entendait imposer dès mardi aux importations en provenance du Mexique et du Canada, ont déclaré lundi les dirigeants de ces deux pays.
Le président des Etats-Unis a par ailleurs l’intention de s’entretenir « dans les prochaines 24 heures » avec son homologue chinois Xi Jinping au sujet des droits de douane supplémentaires de 10% qui devraient s’imposer mardi aux produits chinois, a fait savoir la Maison blanche.
Plus que jamais, le Journal Chrétien a besoin de vos dons pour agir !
Face au tollé soulevé par son initiative, aux menaces de rétorsion et à la panique sur les marchés financiers, Donald Trump a annoncé en début de journée la suspension des droits de douane visant le Mexique à l’issue d’un entretien téléphonique avec la présidente Claudia Sheinbaum.
En contrepartie, la dirigeante mexicaine s’est engagée à renforcer la sécurité le long de la frontière avec les Etats-Unis en déployant 10.000 membres de la Garde nationale pour endiguer le trafic de drogue, en particulier le fentanyl, un des arguments utilisés par Donald Trump pour justifier l’imposition de droits de douane.
Claudia Sheinbaum a précisé que l’accord provisoire conclu avec Donald Trump comprenait aussi un engagement de Washington à agir pour empêcher le trafic d’armes lourdes vers le Mexique.
Le report d’un mois de l’entrée en vigueur des droits de douane doit théoriquement laisser le temps aux deux pays de conclure un accord sur le trafic de drogue et l’immigration illégale. « J’ai hâte de participer à ces négociations avec la présidente Sheinbaum », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.
« Nous avons ce mois pour travailler et nous convaincre mutuellement que c’est la meilleure façon d’avancer », a commenté pour sa part Claudia Sheinbaum lors d’une conférence de presse.
TRUMP INQUIET DE L’IMPACT SUR LES AMÉRICAINS
Donald Trump a pris plus tard dans la journée une décision similaire à l’égard du Canada au terme d’un « très bon » entretien téléphonique avec Justin Trudeau.
Le Premier ministre canadien, qui avait dévoilé dès ce week-end une batterie de mesures de rétorsion commerciales contre les Etats-Unis, a déclaré sur le réseau social X que Donald Trump s’était engagé à repousser « d’au moins 30 jours » l’entrée en vigueur des droits de douane.
Donald Trump n’a pas encore confirmé officiellement cette annonce. Sa temporisation à l’égard du Mexique a en revanche permis de limiter la chute de Wall Street, qui avait ouvert en forte baisse dans le sillage des autres marchés financiers mondiaux, inquiets des conséquences des guerres commerciales qui se dessinent.
Outre le Canada, le Mexique et la Chine, qui comptent parmi ses principaux partenaires commerciaux, le président américain a exprimé son intention d’imposer des droits de douane à l’Union européenne (UE).
« Ils ne prennent pas nos voitures, ils ne prennent pas nos produits agricoles. Ils ne prennent presque rien et nous leur prenons tout », a-t-il dit à la presse dimanche.
Après avoir signé samedi les décrets imposant les droits de douanes, Donald Trump a reconnu qu’ils pourraient pénaliser les Américains « à court terme », tout en assurant à ses compatriotes qu’ils bénéficieraient à long terme de cette mesure parce qu’ils sont actuellement « arnaqués par pratiquement tous les pays du monde ».
L’UE SE DIT PRÊTE À SE DÉFENDRE
Les dirigeants des pays visés ont aussitôt répliqué en annonçant ou promettant des contre-mesures, tandis que les dirigeants européens, réunis en sommet informel à Bruxelles, se sont dits déterminés à riposter si besoin, tout en appelant Washington à la raison et à l’entente.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré lundi soir que l’UE répondrait « avec fermeté » si elle est la cible de mesures « injustes ou arbitraires » de la part de Washington.
Les États-Unis sont le premier partenaire de l’UE en matière de commerce et d’investissement. Selon les données d’Eurostat pour 2023, ils ont enregistré un déficit 161,6 milliards de dollars (155,8 milliards d’euros) avec l’Union dans leurs échanges de marchandises, compensé par un excédent de 104 milliards d’euros dans les services.
Selon les économistes, le projet du président républicain d’imposer des droits de douane de 25% au Canada et au Mexique et de 10% à la Chine ralentira la croissance mondiale et entraînera une hausse des prix pour les Américains.
Donald Trump affirme toutefois que ces mesures sont nécessaires pour freiner l’immigration et le trafic de stupéfiants, ainsi que pour stimuler l’industrie américaine.
S’ils devaient finalement s’appliquer, les droits de douane décidés par Donald Trump couvriraient près de la moitié des importations américaines et obligeraient les États-Unis à plus que doubler leur propre production manufacturière pour combler l’écart – une tâche irréalisable à court terme, ont écrit les analystes d’ING.
Selon d’autres analystes, les droits de douane pourraient plonger le Canada et le Mexique dans la récession et la « stagflation » (inflation et taux de chômage élevés, combinés à une stagnation de la croissance).
En Europe, les économistes de la Deutsche Bank ont déclaré qu’ils prévoyaient pour le moment un impact de 0,5% sur le PIB si Donald Trump imposait des droits de douane de 10% à l’UE.
Les constructeurs automobiles seraient en outre particulièrement touchés.
(David Lawder à Washington, David Alire Garcia à Mexico et David Ljunggren à Ottawa, avec les bureaux de Reuters ; rédigé par Andy Sullivan, Doina Chiacu et Joseph Ax ; version française Jean Terzian, Benjamin Mallet, Diana Mandiá et Tangi Salaün)
Pour toute demande d'interview ou de couverture médiatique, contactez-nous par email à l'adresse [email protected]
Vous aimez nos publications ? Engagez-vous !
Les systèmes politiques et médiatiques ont besoin que s'exercent des contre-pouvoirs. Une majorité de journaux, télévisions et radios appartiennent à quelques milliardaires ou à des multinationales très puissantes souhaitant faire du profit, privant les citoyens d’un droit fondamental : avoir accès à une information libre de tout conflit d’intérêt.Le Journal Chrétien, service de presse en ligne bénéficiant d’un agrément de la Commission paritaire des publications et agences de presse du Ministère de la Culture, assure un contre-pouvoir à l’ensemble des acteurs sociaux, en vérifiant les discours officiels, en décryptant l'actualité, en révélant des informations de première importance ou en portant le témoignage des dominés.