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Une grève des cheminots d’une ampleur inédite en 30 ans paralyse le Royaume-Uni

par Kylie MacLellan et Kate Holton

LONDRES (Reuters) – Une grève des cheminots britanniques d’une ampleur inédite en 30 ans a débuté mardi pour protester contre le gel des salaires et des suppressions d’emplois, un mouvement social qui, selon les syndicats, pourrait déboucher sur une action coordonnée avec d’autres industries au cours des prochains mois.

Les piquets sont apparus à l’aube, formés par certains des plus de 40.000 cheminots appelés à faire grève mardi, jeudi et samedi, paralysant ainsi le réseau ferroviaire du pays.

Le métro londonien est également en grande partie à l’arrêt en raison d’une protestation distincte.

Le Premier ministre Boris Johnson, sous pression pour qu’il en fasse plus pour aider les ménages britanniques confrontés à une crise du pouvoir d’achat sans précédent en plusieurs décennies, a déclaré que le mouvement de protestation nuirait aux entreprises qui continuent à se remettre de la pandémie de coronavirus.

Les syndicats présentent cette mobilisation comme le potentiel début d’un « été de mécontentement » auquel pourraient se joindre les enseignants et le personnel soignant, notamment, alors que la flambée des prix des produits alimentaires et des carburants a fait grimper l’inflation à 10%, tandis que les salaires réels sont restés à leurs niveaux de 2016.

« Notre campagne durera aussi longtemps qu’il le faudra », a dit Mick Lynch à des journalistes.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a reproché aux syndicats de nuire aux personnes qu’ils prétendent défendre.

« En menant ces grèves du rail, ils repoussent les usagers qui au bout du compte soutiennent les emplois des cheminots, tout en affectant les commerces et les communautés à travers le pays », a-t-il dit dans un communiqué.

CRAINTES DE RÉCESSION

Si l’économie britannique s’est relevée de manière solide après la crise provoquée par la pandémie de COVID-19, la pénurie de main-d’oeuvre, les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, les soucis commerciaux post-Brexit et l’inflation laissent craindre une récession.

Le gouvernement met en avant les aides supplémentaires accordées à des millions de foyers les plus pauvres et cite le risque pour les bases de l’économie représenté par de potentielles hausses des salaires supérieures à l’inflation.

La mobilisation pour défendre le pouvoir d’achat a suscité des comparaisons avec celle des années 1970, lorsque la Grande-Bretagne a été confrontée à des grèves massives, notamment lors de « l’hiver du mécontentement » de 1978-79.

Le ministre des Transports Grant Shapps a déclaré que le gouvernement allait modifier la loi pour obliger les opérateurs ferroviaires à assurer un service minimum les jours de grève et permettre à d’autres travailleurs de remplacer temporairement ceux qui participent à la mobilisation.

« Nous allons prendre des mesures pour que ce genre de choses soit moins dommageable à l’avenir », a-t-il déclaré à Sky News.

La grève des cheminots intervient alors même que les voyageurs font face dans les aéroports britanniques à des délais chaotiques et des annulations de vols à la dernière minute du fait d’un manque de personnel.

Seulement la moitié du réseau ferroviaire britannique sera opérationnel, de manière réduite, durant les jours de grève, tandis que des perturbations sont aussi à attendre entre les jours de grève.

(Reportage Kylie MacLellan, avec Muvija M et William James; version française Jean Terzian et Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)

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