Tunisie: Un syndicat lance des manifestations contre le président
TUNIS (Reuters) – Le puissant syndicat tunisien UGTT a rassemblé ses troupes à Tunis samedi, mobilisant des milliers de partisans contre le président Kais Saied dans une démonstration de force après la récente répression de ses opposants.
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Les manifestants se sont rassemblés avant de défiler dans le centre-ville de la capitale tunisienne, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Non au règne d’un seul homme » et « Arrêtez les attaques contre le syndicat », et scandant « Saied est un lâche, le syndicat n’a pas peur », ainsi que « Liberté ! Mettez fin à l’État policier ».
Cette manifestation intervient après des semaines d’arrestations visant des opposants notoires à Saied, dans le cadre de la première vague de répression majeure depuis qu’il s’est emparé de la plupart des pouvoirs, en 2021, en fermant le Parlement et en gouvernant par décrets.
« Kais Saied menace tout le monde ici. Les partis, la société civile, les syndicats. Toutes les libertés (…). Les Tunisiens sont ici pour dire que nous ne pouvons pas accepter le populisme et la dictature naissante », a déclaré Najeh Zidi, un enseignant présent à la manifestation.
L’UGTT a d’abord été lente à critiquer les actions de Saied, alors que les partis politiques les dénonçaient comme un coup d’État. Mais, à mesure que le président a consolidé son emprise en ignorant le syndicat et d’autres acteurs, l’UGTT a commencé à le défier ouvertement.
Un haut responsable du syndicat a été arrêté le mois dernier pour avoir organisé une grève des opérateurs de péage autoroutier, ce qui a incité le journal de l’UGTT à estimer que Saied avait déclaré la guerre à l’organisation et à son million de membres.
Cette semaine, les autorités ont interdit aux dirigeants syndicaux étrangers d’entrer en Tunisie pour participer au rassemblement en signe de solidarité avec l’UGTT et Saied a déclaré qu’il n’accepterait pas que des étrangers participent aux manifestations.
Ces dernières semaines, la police a arrêté plus d’une douzaine de personnalités de l’opposition, pour la plupart liées à la coalition de partis et de manifestants qui prévoit de se rassembler dimanche, les accusant de conspirer contre la sécurité de l’État.
Parmi les personnes arrêtées ces dernières semaines figurent des politiciens du parti islamiste Ennahda, qui était le plus grand parti du Parlement, des dirigeants d’un groupe de protestation, le directeur du principal média indépendant de Tunisie et un homme d’affaires de premier plan.
(Reportage Tarek Amara, version française Benjamin Mallet)