Mort de Gorbatchev: condoléances de Poutine, critiques sur son « héritage » en Russie
(Reuters) – Le président russe Vladimir Poutine a présenté mercredi ses condoléances à la famille de l’ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, dont l’héritage est vivement critiqué par certains responsables politiques et commentateurs proches du Kremlin.
La mort du dernier dirigeant de l’Union soviétique, décédé mardi à l’âge de 91 ans, était rapportée mercredi de manière plutôt discrète par les médias officiels russes, alors que Vladimir Poutine s’emploie, notamment en Ukraine, à reconstituer l’empire qu’il a laissé se défaire.
Mikhaïl Gorbatchev avait « profondément compris que des réformes étaient nécessaires » et s’était efforcé de proposer ses propres solutions aux problèmes auxquels l’Union soviétique était confrontée dans les années 1980, a déclaré Vladimir Poutine dans son message de condoléances.
Admiré en Occident pour le rôle essentiel qu’il a joué dans la fin pacifique de la guerre froide, le père de la « glasnost » et de la « perestroïka » fait beaucoup moins l’unanimité en Russie où certains lui reprochent d’avoir présidé à l’éclatement de l’Union soviétique.
L’annonce de son décès a fait l’ouverture du journal matinal de la première chaîne russe, qui a mis en avant sa volonté d’améliorer l’économie soviétique et son sens du contact, tout en critiquant à demi-mots son manque d’esprit de décision et sa confiance accordée à tort aux États-Unis.
La chaîne d’information Rossiya 24 a en revanche relégué l’information en troisième position de son journal, notamment derrière la visite d’inspection programmée de l’AIEA dans la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia.
Les espoirs que nourrissait Mikhaïl Gorbatchev de voir s’établir des relations cordiales entre la Russie et l’Occident « ne se sont pas concrétisés », et « la soif de sang de nos adversaires s’est manifestée », a commenté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Le chef des services de renseignements extérieurs russes, Sergueï Narichkine, a également déploré que la Russie paie toujours les conséquences des réformes de la « perestroïka ».
Lioubov Sobol, avocate et proche de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, a estimé pour sa part, en réponse à ceux qui « maudissent Gorbatchev », que « l’Union soviétique se serait effondrée de toute façon ». « La place de Gorbatchev dans l’histoire de la Russie sera toujours appréciée », a-t-elle assuré.
(Reportage Felix Light, Ben Tavener et Mark Trevelyan; version française Alizée Degorce, édité par Tangi Salaün)
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