Macron réunit Trump et Zelensky en marge de la réouverture de Notre-Dame à Paris
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par Steve Holland et John Irish
WASHINGTON/PARIS (Reuters) -Emmanuel Macron a accueilli le président élu américain Donald Trump et leur homologue ukrainien Volodimir Zelensky pour un entretien tripartite au palais de l’Elysée samedi, en marge des cérémonies de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Donald Trump fait samedi son grand retour sur la scène internationale, toujours en tant que simple citoyen mais en se préparant déjà à faire face à une multitude de crises internationales.
Cette rencontre intervient alors que les dirigeants européens redoutent que Donald Trump ne retire l’aide militaire américaine à l’Ukraine à un moment crucial de la guerre face à la Russie.
« C’est un grand honneur pour les Français de vous recevoir cinq ans plus tard, a déclaré Emmanuel Macron en anglais au président élu américain devant les journalistes, en amont d’une première réunion bilatérale.
Donald Trump était à la tête de la Maison blanche au moment de l’incendie de Notre-Dame en 2019.
« C’est un honneur d’être ici », a répondu le président élu américain.
« Nous avons passé de bons moments ensemble, et nous avons eu beaucoup de succès, vraiment beaucoup de succès en travaillant ensemble en défense et en attaque, a-t-il ajouté, faisant référence à son précédent mandat présidentiel.
« Il semble que le monde soit devenu un peu fou en ce moment. Et nous en parlerons. »
Après leur réunion d’une trentaine de minutes, les trois chefs d’Etats ont ensuite quitté l’Elysée ensemble, posant pour les photographes depuis le perron du palais présidentiel. Donald Trump et Volodimir Zelensky ont échangé une poignée de main ferme avant de rejoindre leur véhicule respectif.
« J’ai eu une réunion trilatérale efficace et productive avec le président Donald Trump et le président Emmanuel Macron au palais de l’Elysée, a déclaré peu après Volodimir Zelensky sur le réseau social X.
« Nous voulons tous que cette guerre se termine le plus vite possible et de manière juste. Nous avons parlé de notre peuple, de la situation sur le terrain et d’une paix juste », a-t-il ajouté.
« Nous sommes convenus de continuer à travailler ensemble et de rester en contact. La paix par la force est possible. »
Il s’agit du premier déplacement à l’étranger de Donald Trump depuis qu’il a remporté l’élection présidentielle américaine en novembre. Sa présence pourrait permettre à Emmanuel Macron, comme par le passé, de jouer un rôle de médiateur entre l’Europe et les Etats-Unis alors que le milliardaire est jugé imprévisible.
Emmanuel Macron est un fervent défenseur de l’Otan et du combat que mène Kyiv face à Moscou, tandis que Donald Trump estime que les pays européens doivent contribuer davantage pour leur défense commune et qu’un règlement négocié est nécessaire pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
« M. Macron répète son approche personnalisée qui a connu un succès limité pendant le premier mandat de M. Trump. M. Macron sait que M. Trump apprécie beaucoup le faste, les circonstances et la grandeur de l’État et il les lui fournit en abondance », a relevé Heather Conley, conseillère chez German Marshall Fund, un « think tank » qui promeut le dialogue et la coopération entre les Etats-Unis et l’Europe.
Donald Trump assistera aux côtés de dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement étrangers à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, cinq ans et demi après que la cathédrale a été ravagée par un incendie.
Outre Emmanuel Macron et Volodimir Zelensky, Donald Trump rencontrera également le prince William, mais on ignore s’il s’entretiendra avec d’autres dirigeants. Sollicitée, l’équipe de transition du président élu américain n’a pas répondu à la demande de Reuters sur ce dossier.
Même si la prestation de serment de Donald Trump n’est prévu que le 20 janvier, le futur président américain s’est déjà entretenu avec un certain nombre de dirigeants dans le monde et les membres de son équipe gardent un oeil sur l’évolution des crises en cours dans le monde, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient.
« Symboliquement, la présidence de M. Trump et Notre-Dame ont été restaurées à peu près au même moment. Sa visite à Paris est également l’élément d’ouverture de son retour sur la scène mondiale, réduisant encore les derniers jours de l’administration Biden », a déclaré Heather Conley.
Le président américain en exercice Joe de Biden ne participe pas aux cérémonies de réouverture de Notre-Dame et est représenté par son épouse Jill Biden.
UNE EXPOSITION MONDIALE
La présence de Donald Trump à Notre-Dame et aux côtés d’autres dirigeants du monde lui permettra de bénéficier d’un large exposition. Le milliardaire s’est rendu en France à quatre reprises durant son premier mandat, de 2017 à 2021, notamment lors du 75e anniversaire du débarquement de Normandie.
« Trump sera vu dans le monde entier dans une position d’homme d’Etat », a souligné Doug Heye, stratège républicain.
« Il ne s’agit pas d’images de lui à Mar-a-Lago », a-t-il ajouté, faisant référence à la résidence de Floride du milliardaire où il a passé la majeure partie de son temps depuis l’élection de novembre. « Il s’agit de l’événement le plus important au monde et il sera en contact direct avec d’autres dirigeants », a-t-il également noté.
Les observateurs seront attentifs aux relations entre Donald Trump et Emmanuel Macron, qui ont connu des hauts et des bas au fil des ans.
Emmanuel Macron a invité Donald Trump au défilé militaire du 14 juillet 2017, un spectacle qui a incité ce dernier à proposer en 2019 son propre défilé militaire à Washington pour marquer le « Jour de l’Indépendance ».
Donald Trump a accueilli Emmanuel Macron lors d’un dîner d’Etat à la Maison Blanche en 2018, mais un an plus tard, les relations entre les deux hommes se sont distendues après notamment les propos du président français sur l’état de l’Otan.
« La venue de Trump à Paris est un ‘bon coup’ d’Emmanuel Macron », a déclaré Gérard Araud, ancien ambassadeur de France à Washington. « Il est indispensable d’avoir une relation directe avec le seul homme qui compte dans l’administration Trump, Trump lui-même », a-t-il dit.
Emmanuel Macron, dont le mandat s’achèvera en 2027, a cherché une approche non conflictuelle envers Donald Trump pendant le premier mandat de ce dernier, espérant obtenir du président américain des concessions.
Mais au fil des années, ses décisions politiques sur le climat, la fiscalité et l’Iran en particulier ont provoqué des frictions.
Des affrontements entre les deux hommes sont très probables à l’avenir, en raison notamment du souhait de Donald Trump d’imposer d’importants droits de douane à l’Europe et à d’autres partenaires commerciaux des Etats-Unis, ainsi que des désaccords sur la manière de gérer le conflit entre l’Ukraine et la Russie.
(Reportage Steve Holland; avec la contribution de John Irish, Michel Rose et Dominique Vidalon à Paris; version française Claude Chendjou et Kate Entringer)