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Liban: À Cana, peur et résignation face au conflit frontalier avec Israël

CANA, Liban (Reuters) – Dans la ville de Cana, au sud du Liban, où les bombardements israéliens ont tué plus de 100 personnes en 1996 et quelque 28 en 2006, les affrontements frontaliers font craindre une nouvelle guerre.

Les habitants de la ville, mentionné dans la Bible comme l’endroit où Jésus a accompli son premier miracle en transformant l’eau en vin, se sont habitués à être pris entre les feux croisés d’Israël et la milice chiite du Hezbollah.

« La guerre se déroule à la frontière. Ce n’est peut-être pas encore notre tour, mais on ne sait pas ce qui va se passer dans quelques jours. On attend, c’est tout », a déclaré Rabab Yousef, âgée de 57 ans, qui a perdu sa fille sous les décombres d’une frappe aérienne israélienne en 2006.

« De temps en temps, ils déclenchent une guerre et on perd un membre de sa famille. Vous donnez naissance à un enfant et vous ne savez pas s’il restera avec vous », a-t-elle déclaré.

La violence s’est rapidement déchaînée à la frontière nord d’Israël avec le Liban lorsque que le conflit a éclaté dans la bande de Gaza après que le Hamas, allié du Hezbollah, a lancé son attaque sur le sol israélien le 7 octobre dernier.

Depuis lors, la milice chiite libanaise, l’allié régional le plus puissant de l’Iran, a été impliquée dans des échanges de tirs de plus en plus nourris avec l’armée israélienne.

Plus de 40 combattants du Hezbollah ont été tués dans les zones frontalières jusqu’à présent, tandis que l’armée israélienne affirme qu’au moins sept de ses soldats sont morts.

À Cana, à 11 km au nord de la frontière israélienne, les rues sont tapissées des portraits du chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, et du chef du mouvement chiite Amal, Nabih Berri.

DE NOMBREUSES GUERRES

Ghazi Hussein Ai Deebh, un forgeron de 55 ans, affirme de son côté avoir déjà tout vu.

« C’est devenu normal, car nous avons connu de nombreuses guerres ».

En 2006, il a porté le corps d’un enfant tué lors d’une attaque israélienne qui a fait 28 morts, dont la moitié étaient des enfants.

Cana a connu un incident encore plus dévastateur dix ans plus tôt, en 1996, quand un bombardement israélien a touché une base de casques bleus de l’Onu où s’étaient réfugiés des centaines de civils, tuant 106 personnes.

Israël a regretté l’incident, ce qui l’a conduit à mettre fin à son opération « Raisins de la colère » au Liban, lancée en représailles aux tirs d’artillerie du Hezbollah pendant la période où Israël occupait une partie du sud du Liban.

« Je les revois encore, comme si ça c’était passé aujourd’hui. Surtout les enfants, rien ne vous brise autant le coeur (que la mort) d’enfants », a déclaré Jamil Salameh, survivant de l’attaque et aujourd’hui le gardien d’un mémorial commémorant l’incident.

Sabah Krecht, âgée de 57 ans, explique qu’en raison de la grave crise économique que traverse le Liban, de nombreuses personnes n’ont pas les moyens de partir.

« Nous avons peur », dit-elle, « mais où pouvons-nous aller ? Cette fois, on a l’impression qu’ils nous donnent du temps pour que nous puissions fuir, mais il est financièrement difficile d’aller ailleurs ».

(Reportage Riham Alkousaa ; version française Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)

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