Les patients de l’Hôpital indonésien évacués de force, selon les Palestiniens
par Nidal al-Mughrabi
LE CAIRE (Reuters) – L’armée israélienne a contraint les patients de l’Hôpital indonésien, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer l’établissement et nombre d’entre eux ont rejoint parfois à pied un autre hôpital dans la ville de Gaza, située à plusieurs kilomètres, a déclaré mardi le ministère de la Santé du territoire palestinien.
L’Hôpital indonésien est l’un des rares hôpitaux encore partiellement opérationnels dans l’extrême nord de la bande de Gaza où Tsahal a lancé une offensive il y a près de trois mois.
Selon Israël, cette opération contre les localités de Beit Lahiya, Beit Hanoun et Djabalia vise les combattants du Hamas. Les Palestiniens accusent l’Etat hébreu de vouloir vider la région de ses habitants afin de créer une zone tampon, ce que dément le gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Selon le directeur du ministère de la Santé de Gaza, Mounir al Bourch, l’armée israélienne a ordonné lundi aux personnels de l’Hôpital indonésien d’évacuer les lieux, avant de prendre d’assaut le site mardi aux premières heures et de forcer à partir ceux qui s’y trouvaient.
Il s’est dit inquiet pour l’avenir de deux autres hôpitaux, Al Aouda et Kamal Adouane, également assiégés et visés régulièrement par des attaques des troupes israéliennes.
Israël affirme que des combattants armés palestiniens utilisent ces hôpitaux pour se regrouper.
« Kamal Adouane est au centre des combats les plus complexes à Djabalia », a déclaré un membre des forces de sécurité israéliennes. « Nous faisons preuve de prudence. »
La direction des trois hôpitaux refuse, depuis le début de l’offensive israélienne le 5 octobre, d’évacuer et d’abandonner les patients à leur sort.
Israël assure de son côté faciliter la fourniture de carburant et de médicaments à ces entités, ainsi que le transfert de patients vers d’autres hôpitaux de l’enclave, en collaboration avec des agences telles que l’Organisation mondiale de la santé.
NOUVELLES FRAPPES
La campagne militaire israélienne se poursuit dans tout le territoire palestinien, où quatre raids de Tsahal ont fait au moins neuf morts mardi selon des sources médicales.
Une frappe aérienne a fait six morts à Djabalia, dans le nord de l’enclave, plus tard dans la journée de mardi, ont déclaré des médecins.
En Cisjordanie, un raid mené à l’aube par l’armée israélienne a fait deux morts dans un camp de réfugiés proche de Toulkarem, ont dit des responsables palestiniens et israélien.
La guerre de Gaza, déclenchée par des attaques du Hamas dans le sud d’Israël qui ont fait 1.200 morts et donné lieu à la capture de 251 otages le 7 octobre 2023, a coûté la vie à 45.338 Palestiniens selon le bilan quotidien du ministère de la Santé de Gaza publié mardi.
Des négociations sont en cours depuis des semaines sous l’égide de l’Egypte, du Qatar et des Etats-Unis pour tenter de parvenir à un arrêt des hostilités et à la libération des otages encore aux mains du Hamas.
Les négociateurs israéliens doivent rentrer en Israël mardi soir pour des « consultations internes » sur l’accord concernant la libération des otages, a fait savoir le cabinet de Benjamin Netanyahu.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Kate Entringer et Camille Raynaud)