Les forces israéliennes tuent 22 personnes dans le sud du Liban-ministère
par Laila Bassam et Alexander Cornwell
BEYROUTH/JERUSALEM (Reuters) – Les forces israéliennes ont tué 22 personnes dimanche dans le sud du Liban, alors que passait l’échéance fixée pour leur retrait et que des milliers d’habitants tentaient de rentrer chez eux au mépris des ordres de Tsahal, ont déclaré les autorités libanaises.
Israël avait prévenu vendredi que son armée resterait déployée au Sud-Liban au-delà de l’échéance de dimanche fixée par le cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre après médiation de la France et des Etats-Unis pour mettre fin au conflit entre l’Etat hébreu et le mouvement chiite libanais Hezbollah.
Israël avait aussi déconseillé samedi aux habitants d’une partie du Sud-Liban de revenir chez eux, jusqu’à nouvel ordre.
Israël juge que le Liban n’a pas encore pleinement appliqué les conditions préalables à son retrait militaire exigeant le départ de toute présence armée du Hezbollah du Sud-Liban et le déploiement de l’armée libanaise en remplacement des combattants du mouvement chiite.
L’armée libanaise a signalé que l’un de ses soldats figurait parmi les personnes tuées dimanche, accusant Israël de retarder son retrait.
Le ministère libanais de la Santé a fait état de 22 personnes tuées et 124 autres blessées dans de nombreuses zones du Sud-Liban, à la suite de ce qu’il a décrit comme des attaques israéliennes contre des citoyens qui tentaient de regagner leurs villes toujours occupées.
L’armée israélienne a déclaré que ses troupes opérant dans le sud du Liban avaient procédé à des tirs de sommation pour écarter des suspects qui étaient en train de s’approcher de leurs positions. Un certain nombre de ces suspects représentant « une menace imminente » ont été appréhendés, a-t-elle ajouté.
La chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar, a diffusé des images d’habitants se dirigeant vers des villages malgré les ordres israéliens, certains brandissant le drapeau du groupe chiite ou des portraits de combattants du Hezbollah tués pendant la guerre.
Un porte-parole de l’armée israélienne, dans un message sur X adressé aux habitants du sud du Liban, a accusé le Hezbollah de vouloir raviver le conflit et a déclaré que l’armée israélienne les informerait « dans un avenir proche » des endroits où ils pourraient revenir.
AOUN APPELLE LES HABITANTS À FAIRE CONFIANCE À L’ARMÉE
Le Hezbollah exige de l’Etat libanais qu’il garantisse le retrait israélien.
Selon Hassan Fadlallah, député du Hezbollah, le Liban est attaché à l’application de l’accord mais Israël s’y oppose désormais avec le soutien des Etats-Unis. La Maison Blanche a déclaré vendredi qu’une prolongation temporaire et de courte durée du cessez-le-feu était nécessaire de toute urgence.
Le plus haut représentant de l’Onu au Liban et le chef de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) ont déclaré que les conditions n’étaient « pas encore réunies » pour un retour en toute sécurité des citoyens libanais dans les villages proches de la frontière. « Le fait est que les délais prévus » dans le cessez-le-feu « n’ont pas été respectés », ont-ils déclaré dans un communiqué.
Le retrait israélien du Sud-Liban devait intervenir sous 60 jours.
Le président libanais Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée libanaise jusqu’à son élection par le Parlement le 9 janvier, a appelé la population du sud du pays à faire preuve de retenue et à faire confiance à l’armée libanaise.
« La souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban ne sont pas négociables, et je suivrai cette question au plus haut niveau pour garantir vos droits et votre dignité », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Israël n’a pas précisé combien de temps ses forces resteraient dans le sud, où l’armée affirme avoir saisi des armes et démantelé des infrastructures du Hezbollah.
Lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dimanche, le président français Emmanuel Macron a appelé à ce qu' »Israël mette pleinement en oeuvre son engagement de retirer ses forces encore présentes au Liban ».
Il « a insisté auprès du Premier ministre sur l’importance que rien ne compromette les efforts des nouvelles autorités libanaises pour restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire de leur pays », selon l’Elysée.
Pendant près d’un an, Israël et le Hezbollah ont échangé tirs de roquettes et bombardements des deux côtés de la frontière, le mouvement chiite libanais entendant ainsi manifester son soutien au Hamas après l’attaque du groupe palestinien dans le sud de l’Etat hébreu le 7 octobre 2023.
Israël a intensifié sa campagne contre le Hezbollah en septembre dernier et a décapité le mouvement libanais, sorti fortement affaibli de ce conflit, qui a déplacé plus d’un million de personnes au Liban.
(Reportage de Tom Perry et Laila Bassam à Beyrouth, Alexander Cornwell à Jérusalem, Jaidaa Taha, Menna Alaa El Din et Muhammad Al Gebaly au Caire, avec Elizabeth Pineau à Paris, version française Benjamin Mallet)
Vous aimez nos publications ? Engagez-vous !
Les systèmes politiques et médiatiques ont besoin que s'exercent des contre-pouvoirs. Une majorité de journaux, télévisions et radios appartiennent à quelques milliardaires ou à des multinationales très puissantes souhaitant faire du profit, privant les citoyens d’un droit fondamental : avoir accès à une information libre de tout conflit d’intérêt.Le Journal Chrétien, service de presse en ligne bénéficiant d’un agrément de la Commission paritaire des publications et agences de presse du Ministère de la Culture, assure un contre-pouvoir à l’ensemble des acteurs sociaux, en vérifiant les discours officiels, en décryptant l'actualité, en révélant des informations de première importance ou en portant le témoignage des dominés.
La qualité de notre travail est reconnu par les médias séculiers. Dernièrement, le président du Journal Chrétien a accordé une longue interview à Sud Ouest, le deuxième quotidien régional français avec une diffusion totale de 219 000 exemplaires.
ENGAGEZ VOUS !
Quand les évangéliques sont attaqués, calomniés ou traités avec mépris par les médias traditionnels, un silence de notre part ne serait pas chrétien. Une telle attitude montrerait un renoncement suspect à se faire respecter et à exiger des médias mondains un tel respect.Lorsque les pasteurs et les églises évangéliques sont attaqués, le critère de la solidarité chrétienne doit jouer. Comment nous dire membres du Corps du Christ si nous restons indifférents à la persécution de certains d’entre nous, souvent réduits au silence et incapables de faire valoir leurs droits ou, tout simplement, de se faire respecter comme chrétiens ou communautés évangéliques ?
En s'appuyant sur notre plateforme de médias, l’action sur l’opinion publique est évidemment essentielle. Faire savoir est la condition de toute action, car rien n’est pire que le silence. D’où l’importance de l’action en direction des médias, des institutions et des populations.
Evidemment, ici comme ailleurs, la réticence de la part des chrétiens à agir comme des groupes de pression constitue une difficulté majeure. Mais, là encore, ne faudrait-il pas s’interroger sur notre dispersion et nos réticences à agir comme lobby, quand il s’agit de défenses des libertés et droits humains fondamentaux ?