Le G20 débute à Rio, bousculé par le retour imminent de Trump à la Maison blanche
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Lisandra Paraguassu et Anthony Boadle
RIO DE JANEIRO (Reuters) -Le Brésil accueille lundi les chefs d’État et de gouvernement du G20, à Rio de Janeiro, pour un sommet annuel axé sur le changement climatique et bousculé par le retour au pouvoir du président élu américain Donald Trump.
Les tensions diplomatiques liées au réchauffement climatique seront discutées en priorité au sommet du G20 alors que la COP29 de Bakou, en Azerbaïdjan, semble dans l’impasse sur les questions de financement.
La pauvreté, la lutte contre la faim et la réforme des institutions mondiales seront aussi au menu du sommet.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a accueilli les dirigeants du G20 au Musée d’art moderne de Rio, où ils se réuniront jusqu’à mardi midi.
Les pays du G20 représentent 85% de l’économie mondiale et sont les plus grands contributeurs aux banques de développement qui pilotent le financement nécessaire à la lutte contre le réchauffement climatique.
Ils sont également responsables de plus des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
« Tous les pays doivent faire leur part. Mais le G20 doit montrer l’exemple », a déclaré la semaine dernière le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, à la COP29.
« Ce sont les plus gros émetteurs, avec les plus grandes capacités et responsabilités », a-t-il ajouté.
La conclusion d’un accord est rendue encore plus difficile avec le retour prévu au pouvoir du président américain Donald Trump, qui se préparerait à retirer à nouveau les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, comme il l’avait fait lors de son premier mandat à la Maison blanche.
Lors de sa prise de fonctions le 20 janvier, Donald Trump prévoit d’abroger la législation climatique adoptée par le président sortant Joe Biden, premier président américain à se rendre dans la forêt amazonienne dimanche, sur le chemin de Rio.
Le président chinois Xi Jinping sera également un acteur central du sommet du G20, marqué par des tensions géopolitiques sur fond de guerres à Gaza et en Ukraine.
Le président français Emmanuel Macron, en visite dimanche à Buenos Aires, a tenté de convaincre le président argentin climatosceptique Javier Milei de ne pas suivre l’exemple des Etats-Unis.
« Il ne m’a pas confirmé son choix de sortir de l’accord de Paris », a déclaré Emmanuel Macron à la presse avant de s’envoler pour Rio. « Nous avons eu un débat, nous ne sommes pas d’accord », a-t-il toutefois reconnu.
Le chef du climat à l’Onu, Simon Stiell, a écrit samedi une lettre aux dirigeants du G20 les implorant d’agir en matière de financement climatique, notamment en augmentant les subventions aux pays en développement et en faisant progresser les réformes des banques multilatérales de développement.
Cependant, les mêmes combats qui ont tourmenté la COP29 depuis son lancement la semaine dernière se répercutent sur les négociations du G20, selon des diplomates proches des pourparlers de Rio.
MILLE MILLIARDS DE DOLLARS POUR LE CLIMAT
La COP29 doit fixer un nouvel objectif quant au montant des financements consentis par les pays développés, les banques multilatérales et le secteur privé à destination des pays en développement. Aux dires des économistes à Bakou, au moins 1.000 milliards de dollars sont nécessaires.
Les pays riches, notamment en Europe, réclament un élargissement des contributeurs pour inclure des pays comme la Chine et les pétromonarchies du Golfe.
Samedi, les discussions sur une déclaration conjointe du G20 à Rio se sont heurtées à la même question, les pays européens faisant pression pour que davantage de pays contribuent alors que les pays en développement comme le Brésil se montraient réticents, ont déclaré à Reuters des diplomates proches des négociations.
Le succès de la COP29, mais aussi du prochain sommet des Nations Unies sur le climat, la COP30 qui se tiendra au Brésil l’année prochaine, dépend des avancées en matière de financement climatique.
Joe Biden devrait annoncer une promesse de reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement de la Banque mondiale destinées aux pays les plus pauvres et lancer un partenariat bilatéral sur les énergies renouvelables avec le Brésil, a déclaré lundi un haut responsable américain aux journalistes.
La pièce maîtresse de la stratégie brésilienne pour la COP30 de Belem est la « Mission 1.5 » qui revient à maintenir l’objectif de l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius par rapport à l’ère pré-industrielle. Et ce alors que l’Onu estime la trajectoire actuelle plus proche de 2,6 degrés Celsius.
Les pays émergents jugent qu’ils ne pourront relever leurs objectifs de réduction des émissions que si les pays riches, principaux responsables du changement climatique, paient la facture.
« Il est techniquement possible d’atteindre l’objectif de 1,5 degré Celsius, mais seulement si une mobilisation massive menée par le G20 pour réduire toutes les émissions de gaz à effet de serre (…) a lieu », a déclaré le Premier ministre des Bahamas, Philip Davis, lors de la COP29 la semaine dernière.
(Reportage Lisandra Paraguassu, Andreas Rinke, Eduardo Baptista, Jarret Renshaw et Elizabeth Pineau à Rio de Janeiro, Anthony Boadle à Brasilia, version française Claude Chendjou, Tangi Salaün et Kate Entringer)