L’Arménie dénonce des pénuries alimentaires dans le Haut-Karabakh
BAKOU (Reuters) – Le territoire séparatiste du Haut-Karabakh fait face à des pénuries alimentaires en raison d’un blocus qui entre dans sa deuxième semaine, a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pachinian selon des propos rapportés jeudi, mettant en cause l’Azerbaïdjan.
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Nikol Pachinian a aussi reproché aux troupes russes de maintien de la paix positionnées dans la région de ne pas avoir maintenu ouvert le corridor de Latchine, une route traversant l’Azerbaïdjan et qui relie l’Arménie à l’enclave du Haut-Karabakh, où vivent quelque 120.000 Arméniens de souche.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan sont en conflit depuis plusieurs décennies au sujet du Haut-Karabakh, une enclave en territoire azerbaïdjanais internationalement reconnue comme faisant partie de l’Azerbaïdjan mais peuplée et contrôlée jusqu’en 2020 par des Arméniens.
Nikol Pachinian a affirmé à ses ministres que la situation humanitaire dans l’enclave était « extrêmement tendue en raison du blocus illégal du corridor de Latchine par l’Azerbaïdjan ».
Il a indiqué avoir proposé à l’Azerbaïdjan des conditions pour lever le blocus de la route, où les soldats russes de maintien de la paix ont été confrontés à une foule d’Azerbaïdjanais se présentant comme des militants écologistes.
L’Azerbaïdjan affirme que ces derniers protestent contre l’exploitation minière arménienne illégale dans le Haut-Karabakh et que ce sont les soldats russes qui ont fermé la route.
Selon Nikol Pachinian, les soldats russes ne remplissent pas leur mission, qui est selon lui « précisément de prévenir de telles actions illégales et, en particulier, de garder le corridor de Latchine sous contrôle ».
Le porte-parole de Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que les forces russes de maintien de la paix, déployées dans la région après le conflit armé de 2020, s’efforçaient de maintenir la paix et l’ordre, conformément à leur mandat.
Les Arméniens du Haut-Karabakh dépendent du corridor de Latchine pour leur approvisionnement en nourriture, médicaments, essence et autres biens essentiels.
« Des centaines de familles restent divisées de part et d’autre du blocus. Dans le Haut-Karabakh, il y a des pénuries d’un certain nombre de produits essentiels, notamment de nourriture », a déclaré Nikol Pachinian.
Il a demandé l’envoi dans le Haut-Karabakh d’une mission d’enquête des Nations unies ou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Human Rights Watch a appelé cette semaine les autorités azerbaïdjanaises et les forces russes de maintien de la paix à garantir le passage des véhicules transportant des biens humanitaires. « Plus la perturbation des biens et services essentiels dure, plus le risque pour les civils est grand », a prévenu l’organisation de défense des droits humains.
Cette situation alimente les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui n’ont toujours pas conclu d’accord de paix.
(Rédactions de Reuters, Blandine Hénault pour la version française)