Japon: Kishida devant une commission d’éthique pour éteindre une polémique
par Sakura Murakami
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TOKYO (Reuters) – Le Premier ministre japonais Fumio Kishida va devenir jeudi le premier chef du gouvernement de l’histoire du pays à être auditionné par une commission parlementaire d’éthique, alors qu’il cherche à refermer le chapitre d’un scandale financier d’une ampleur inédite pour le Parti libéral-démocrate (PLD).
Une puissante faction du parti au pouvoir est accusée d’avoir omis de déclarer 3,5 millions de dollars, générés sur une période de cinq ans dans le cadre de levées fonds, afin de les reverser à certains élus du PLD.
Cette affaire a affecté la popularité du PLD et du gouvernement de Fumio Kishida, forçant celui-ci à procéder en décembre dernier à un remaniement ministériel dans l’espoir d’atténuer les retombées de l’affaire. Elle menace aussi de provoquer le report du vote du budget annuel au Parlement.
La présence de Fumio Kishida devant la commission parlementaire intervient après des semaines de tractations entre l’opposition et le PLD sur les modalités des auditions, dont l’objectif est de faire la lumière sur les malversations présumées de factions du PLD.
Alors que l’opposition réclamait une audition publique, avec la participation de cinq éminents membres de la principale faction visée par les accusations, le PLD a demandé à ce que la procédure se déroule à huis clos.
Fumio Kishida n’est pas directement impliqué dans le scandale. Il a toutefois déclaré mercredi à des journalistes qu’il prévoyait d’être interrogé publiquement du fait de son « sentiment que la défiance de la population envers la politique va croître davantage si la situation se prolonge ».
La chaîne publique NHK a rapporté que la commission d’éthique interrogerait le chef du gouvernement.
D’après un sondage réalisé début février par NHK, la cote de popularité de Fumio Kishida et du PLD a reculé à un plus bas depuis que Kishida est arrivé au pouvoir en 2021, à respectivement 25% et environ 30% d’opinions favorables.
Les négociations sur les modalités de l’audition menacent aussi d’entraîner un report dans l’adoption du budget pour l’exercice fiscal qui s’ouvrira en avril, alors que Fumio Kishida espérait faire approuver le texte d’ici le 2 mars pour éviter des obstacles procéduriers.
En cas d’échec pour faire valider le budget sans accroc, Fumio Kishida pourrait voir sa position à la tête du PLD se fragiliser en amont du vote en septembre prochain sur la présidence du parti, a commenté Tobias Harris, expert en politique japonaise au German Marshall Fund.
« Si Kishida veut remporter la bataille pour un nouveau mandat en septembre, il doit montrer qu’il peut mettre de l’ordre, en finir avec ce scandale, tout en espérant être aidé par de bonnes nouvelles économiques et quelques réussites diplomatiques », a-t-il déclaré dans une note.
(Reportage Sakura Murakami; version française Jean Terzian)
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