Corée du Sud-Han Duck-soo rétabli dans ses fonctions de président par intérim
par Joyce Lee et Jihoon Lee
SEOUL (Reuters) -La Cour constitutionnelle sud-coréenne a infirmé lundi la destitution du Premier ministre Han Duck-soo et l’a rétabli avec effet immédiat dans ses fonctions de président par intérim, une décision qui marque un nouveau rebondissement dans la crise politique traversée par le pays et intervient alors que s’est ouverte une guerre commerciale avec les Etats-unis.
Le Parlement avait voté fin décembre la destitution de Han Duck-soo, qui assurait l’intérim à la tête de l’Etat à la suite de la destitution également du président Yoon Suk-yeol pour avoir voulu imposer la loi martiale dans le pays le 6 décembre. Yoon Suk-yeol fait face depuis à des accusations d’insurrection.
Remerciant la Cour constitutionnelle pour une décision qu’il a qualifié de « sage », Han Duck-soo a dit penser que la population « fait clairement comprendre, d’une seule voix, que les confrontations extrêmes en politique doivent prendre fin ».
« En tant que président intérimaire, je vais faire de mon mieux pour préserver une administration étatique stable et consacrer toutes les capacités à la protection des intérêts nationaux dans la guerre commerciale », a-t-il ajouté dans des commentaires télévisés.
La Corée du Sud, quatrième puissance économique de la région et parmi les principaux exportateurs au monde, se prépare à faire face à l’impact potentiel d’un éventail de droits de douane annoncés par le président américain Donald Trump.
Séoul est déjà soumis à des droits de douane sur l’acier et l’aluminium importés aux Etats-Unis et craint de ne pouvoir échapper aux taxes dites réciproques promises en avril par Washington, alors que Donald Trump s’est plaint des droits de douane décrits comme élevés que prélève la Corée du Sud sur les produits américains.
La décision de Yoon Suk-yeol de décréter début décembre la loi martiale a plongé la Corée du Sud, allié militaire important des Etats-Unis, dans sa pire crise politique depuis des décennies, entre procédures de destitution, démissions en série et inculpations de représentants de haut rang.
« GUERRE PSYCHOLOGIQUE »
Han Duck-soo, 75 ans, avait été destitué moins de deux semaines après le début de son intérim, du fait d’un contentieux avec l’opposition majoritaire au Parlement qui lui a reproché d’avoir joué un rôle dans l’imposition de la loi martiale et de ne pas pourvoir trois sièges vacants à la Cour constitutionnelle, décisionnaire sur le sort de Yoon Suk-yeol.
A la suite du vote par le Parlement de la destitution de Han Duck-soo, l’intérim à la présidence a été assuré par le ministre des Finances, Choi Sang-mok.
Les juges de la Cour constitutionnelle ont décidé lundi à sept voix contre une d’infirmer la destitution de Han Duck-soo.
Cinq des huit juges ont estimé que la procédure était valide mais les motifs insuffisants pour destituer Han Duck-soo, qui n’a selon eux enfreint ni la Constitution ni la loi sud-coréennes, est-il rapporté dans un communiqué de la Cour.
Deux autres juges ont dit penser que la procédure était invalide dès le départ.
Au cours de l’audience unique organisée le 19 février, Han Duck-soo a nié tout rôle dans la loi martiale en vigueur pendant quelques heures début décembre et a demandé à la Cour constitutionnelle d’annuler sa destitution.
Lee Jae-myung, chef de file de l’opposition démocrate, a déclaré lundi que la décision de la Cour constitutionnelle à propos de Han Duck-soo devait être respectée, tout en exhortant la plus haute juridiction du pays à se prononcer rapidement sur la destitution de Yoon Suk-yeol.
Les délibérations de la Cour constitutionnelle se prolongent plus qu’attendu. Une décision devrait intervenir dans les prochains jours.
Si la destitution de Yoon Suk-yeol venait à être confirmée, une nouvelle élection présidentielle sera organisée dans un délai de 60 jours.
« Le délai prolongé pour la décision de la Cour nourrit les préoccupations et les conflits (…) Nous pouvons désormais nous attendre à une situation dépassant une guerre civile psychologique pour devenir une vraie guerre civile », a déclaré Lee Jae-myung, que les sondages donnent en tête dans les intentions de vote en cas de scrutin anticipé.
Depuis plus de trois mois, les manifestations, pour la plupart pacifiques, se sont multipliées à la fois en soutien de Yoon Suk-yeol et pour appeler à sa destitution.
(Joyce Lee, Jack Kim et Jihoon Lee; version française Jean Terzian)
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