Comment fonctionne le système électoral allemand ?
par Thomas Escritt
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BERLIN (Reuters) – Les Allemands sont appelés aux urnes dimanche pour des élections législatives anticipées convoquées après l’effondrement de la coalition que le chancelier social-démocrate Olaf Scholz avait formée en 2021 avec les écologistes et les libéraux du FDP.
Voici comment fonctionne le système électoral allemand :
MODE HYBRIDE
L’Allemagne applique un système hybride associant le mode de scrutin proportionnel et le mode uninominal à un tour.
L’électeur vote deux fois dans la plupart des Länder, la première fois pour un candidat dans sa circonscription – il y en a 299 au total -, la seconde pour la liste présentée par une formation politique.
L’ensemble des sièges est réparti à la proportionnelle en fonction des résultats nationaux du scrutin de liste, et attribué en priorité aux candidats vainqueurs par circonscription, puis aux candidats figurant sur les listes.
Avant une réforme votée en 2023, le nombre d’élus par circonscription obtenu par un parti pouvait dépasser son poids au niveau national. Le Bundestag a ainsi compté 735 députés en 2021 avec ces mandats dits « surnuméraires », l’une des assemblées parlementaires les plus fournies au monde.
Depuis la réforme de 2023, le nombre d’élus est plafonné à 630. Lorsque le nombre de députés par circonscription d’un parti dépasse sa part du vote au niveau national, les circonscriptions sont laissées vacantes, en commençant par celles où la marge du vainqueur est la plus faible.
Cette disposition pourrait nuire aux partis politiques historiquement avantagés par le vote par circonscription, comme la CSU (Union chrétienne-sociale), partenaire bavaroise de la CDU (Union chrétienne-démocrate) dont le président Friedrich Merz devrait succéder à Olaf Scholz au poste de chancelier.
SEUIL DE 5%
Dans le but d’éviter une trop grande fragmentation du Parlement, l’Allemagne fixe un seuil de 5% des suffrages au niveau national en deçà duquel un parti ne peut être représenté au Bundestag.
Cependant, en vertu d’une règle supprimée lors de la réforme de 2023 mais rétablie par la justice, toute formation qui parvient à faire élire trois candidats lors du vote uninominal par circonscription est autorisée à avoir des députés.
Cela a permis par exemple au Parti Die Linke (La Gauche) d’obtenir au final 39 députés à la chambre basse avec 4,89% des voix lors des élections de septembre 2021 grâce à l’élection de trois candidats dans ses bastions d’Allemagne orientale.
La combinaison du seuil de 5%, de la règle des trois sièges et d’un nombre particulièrement élevé de petites formations cette année rend le résultat du scrutin de dimanche particulièrement imprévisible.
Les sondages placent les libéraux du FDP, qui ont rompu l’accord de coalition gouvernementale avec Olaf Scholz en novembre 2024, à 4 à 5% des voix au niveau national. Die Linke est crédité de 6 à 7% des voix tandis qu’un parti dont il est issu, l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), pourrait recueillir entre 4 et 5%.
Le parti des Electeurs libres, rival de la CSU en Bavière, n’a aucune chance de franchir le seuil de 5% mais pourrait parvenir à remporter trois circonscriptions, ce qui lui permettrait d’entrer pour la première fois au Bundestag.
QUEL PARLEMENT ?
Compte tenu de la complexité du système électoral et du nombre élevé de formations en compétition, la chambre basse du Parlement allemand pourrait compter de quatre à huit partis, soit dans le premier scénario (CDU/CSU, AfD, SPD, Verts) le nombre de partis le plus restreint depuis 2017, soit dans le deuxième scénario le nombre le plus élevé dans l’histoire moderne de la vie politique allemande.
L’hypothèse la plus probable esquissée par les sondages serait une alliance entre la CDU/CSU de Friedrich Merz et le SPD ou les Verts, voire les deux.
Ces partis excluent toute alliance avec l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), donnée deuxième du scrutin avec autour de 20% des voix, qu’ils considèrent comme anti-démocratique.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française)
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