La France ouvre d’importantes archives liées au Rwanda
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Vingt-sept ans jour pour jour après le début du génocide rwandais, le 7 avril 1994, la France a annoncé mercredi l’ouverture d’importantes archives sur le Rwanda relatives à la période 1990-1994.
« Le président de la République a décidé, par dérogation générale, l’ouverture des archives présidentielles de Monsieur François Mitterrand relatives au Rwanda entre 1990 et 1994, qui sont désormais librement accessibles », a annoncé l’Elysée dans un communiqué, ajoutant que cet accès était également étendu aux archives de l’ancien Premier ministre Edouard Balladur.
La présidence a également précisé que tous les documents cités dans le rapport d’historiens rendu public le 26 mars dernier, qui pointe de graves dysfonctionnements dans l’appréciation de la situation et la prise de décisions par la France à l’époque, seront également « rendus communicables, à l’issue d’un travail de déclassification par les ministères concernés » (Affaires étrangères, Armées, Economie et Culture).
Selon l’Onu, environ 800.000 personnes, Tutsis et Hutus modérés, ont été tuées en trois mois lors de massacres déclenchés après l’attentat contre l’avion du président hutu Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.
La commission présidée par l’historien Vincent Duclert a écarté l’hypothèse d’une complicité de génocide de la France dans le génocide mais critiqué une gestion de crise hyper centralisée au niveau de l’Elysée, dont le locataire était alors François Mitterrand, lequel entretenait « une relation forte, personnelle et directe » avec le président Habyarimana.
Dans leurs conclusions, les auteurs du rapport pointent des « responsabilités institutionnelles » auxquelles s’ajoutent « des responsabilités intellectuelles qui, cumulées, font système et témoignent d’une défaite de la pensée ».
L’Elysée espère que ce travail, fruit des travaux menés pendant deux ans par 14 chercheurs à la demande d’Emmanuel Macron, ainsi que l’ouverture des archives annoncée mercredi, contribuera à apaiser les relations entre Paris et Kigali.
(Jean-Stéphane Brosse, avec Elizabeth Pineau, édité par Jean-Michel Bélot)