RDC : la symphonie envoyée par la tripartite de Luanda produit des sons discordants au niveau des différents récepteurs
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.L’interprétation de la feuille de route rendue pour résoudre la crise à l’Est de la RDC diffère selon les parties en présence.
Après la tripartite de Luanda, Kinshasa et Kigali s’activent dans la gestion de l’opinion. L’on assiste à des interprétations contradictoires, de part et d’autre. Une situation qui éloigne davantage l’opinion publique congolaise de la compréhension qu’elle avait de la feuille de route de Luanda au terme de ce mini-sommet. Tout porte à croire, aux regard des déclarations des uns et des autres que la tripartite de Luanda n’était qu’un dialogue des sourds fait avec méfiance.
Pendant que tous les observateurs avertis pensaient que le président Lourenço avait obtenu l’accord à l’apaisement de ses homologues congolais et rwandais, leur espoir ne sera que de courte durée. Car le lendemain à l’aube du 07 juillet 2022, les combats avaient repris entre les rebelles et les forces loyalistes dans le groupement de Jomba en territoire de Rutshuru dans province du Nord-Kivu.
Il s’ouvrira le jour d’après des déclarations mais aussi des sorties médiatiques qui poussent à conclure qu’après la tripartite, rien ne bougera sur le terrain. Or l’on sait que le sommet a décidé d’un cessez-le-feu entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le M23 soutenu sournoisement par les forces armées du Rwanda.
Pendant que les uns et les autres attendaient la rencontre de la commission mixte RDC-RWANDA le 12 juillet 2020 à Luanda pour être fixés sur le modus operandi de ce compromis politique, le président Kagamé, dans une interview à France 24 va mettre un bémol. « Seules les parties au combat peuvent parler du cessez-le-feu », a-t-il déclaré le 08 juillet sur cette chaîne française. Une façon de tout nier, non seulement, la trêve décrétée, mais également la présence des militaires rwandais en RDC pour appuyer le M23. Tout ceci malgré les preuves humaines et matérielles de la présence des troupes rwandaises sur le territoire congolais.
Communications contradictoires
L’on se pose dès lors la question de savoir ce que le président rwandais est allé faire à Luanda. Surement, il y est allé par hypocrisie comme l’a bien souligné l’ancien premier ministre rwandais en exil, Twagira Mungu qui, dans un entretien, a attiré l’attention du président Tshisekedi sur l’hypocrisie de Kagamé.
Par ailleurs, il s’observe une agitation du côté de Kigali. Les sorties médiatiques se multiplient et l’on en retient des communications contradictoires. Outre celle du président rwandais, on note également deux autres qui viennent de hauts responsables, notamment, le ministre de affaires étrangères, Vincent Biruta et le général James Kabarebe, un proche de Kagamé. Pendant que ce dernier écrit sur son compte Twitter qu’il ne s’est pas agi d’un quelconque accord signé. Il n’a pas tort mais on sent dans ses propos le déni de l’acceptation du cessez-le-feu par les deux hommes d’états. À ce sujet, il parle de la désinformation et de populisme comme pour indexer Kinshasa d’en être auteure. Pour sa part, James Kabarebe charge Kampala d’équiper le M23.
D’après ce puissant général du régime de Kigali, le M23 qui attaque la RDC est celui dirigé par le général Makenga basé en Ouganda. C’est de là qu’il bénéficie du soutien en armement. Vraisemblablement, tout ceci a l’air de ressembler à un jeu des dupes. Car il se dégage que tout en ayant des accords de coopération bilatérale, des voisins à l’Est de la ne jouent pas franc jeu dans cette problématique de l’insécurité qui perdure depuis plus de 20 ans.
Discours constant à Kinshasa
Visiblement, ils ont des agendas cachés qui les empêchent de collaborer à matraquer le M23, qui de son côté, par la bouche de son porte-parole, a rejeté les résolutions de Luanda. Pour ce mouvement rebelle pro-tutsi, classé comme groupe terroriste en RDC, la feuille de route adoptée en Angola ne le concerne pas.
Il apparaît clairement que tout en violant l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale de la RDC, M23 est partagé entre la lutte supposée pour son intégration dans les institutions étatiques et la défense des intérêts du Rwanda portant sur la problématique dépassée des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda).
Qu’à cela ne tienne et en dépit de toute cette guerre de communication, la rhétorique de Kinshasa n’a pas été modifiée. On note un discours constant dans la communication gouvernementale congolaise.
Pour Kinshasa, en se faisant l’interlocuteur de la RDC dans cette agression, Paul Kagamé se présente comme défenseur et reconnaît son soutien au M23. Ceci au regard des préalables posés par le président Tshisekedi, avant de dialoguer avec le rwandais Paul Kagamé.
C’est dans cet optique qu’au travers d’un briefing sur la Télévision nationale, Christophe Lutundula et Patrick Muyaya, respectivement vice-premier ministre en charge des affaires étrangères et ministre de la communication, ont tenu à rassurer l’opinion que pour le président Tshisekedi, le fait de privilégier la diplomatie ne devrait nullement pas être assimilé à une sorte de naïveté ou d’un repli injustifié. Ils ont exprimé la détermination du chef de l’État congolais à mettre fin à cette situation qui a endeuillé profondément les populations de l’Est du pays depuis plus de décennies. Tout en souhaitant la paix, l’état congolais n’exclut pas une solution militaire pour mettre fin à la résurgence des rebelles du M23.
Et Christophe Lutundula de faire des révélations importantes qui prouvent une proximité entre les pays voisins et les rebelles du M23. « Peu avant la tripartite, le président Museveni a appelé le chef de l’État pour lui dire Paul Kagamé et lui étaient en mesure d’obtenir des M23 leur retrait du territoire congolais », a-t-il dévoilé sur les antennes de la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC).