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Trump veut rebâtir Gaza sans les Palestiniens, tollé international

par Jeff Mason, Matt Spetalnick et Steve Holland

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WASHINGTON (Reuters) -Donald Trump a créé la stupéfaction mercredi en affirmant que les Etats-Unis comptaient prendre le contrôle de la bande de Gaza pour la transformer en « Côte d’Azur » du Proche-Orient après avoir expulsé ses plus de deux millions d’habitants palestiniens vers les pays voisins.

Le « projet » dévoilé par le président américain lors d’une conférence de presse mardi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui semble effacer d’un trait des décennies d’efforts de Washington pour une solution à deux Etats, israélien et palestinien, a été immédiatement condamné par les puissances régionales à commencer par l’Arabie saoudite, que Donald Trump pousse à normaliser ses relations avec Israël.

Ryad a souligné dans un communiqué son opposition à toute tentative de déplacer les Palestiniens, et a réaffirmé qu’elle n’établirait aucun lien avec Israël sans la création d’un Etat palestinien, contrairement aux affirmations du locataire de la Maison blanche.

Des pays comme la Chine ou la France et d’autres pays européens ont exprimé leur opposition à tout transfert forcé de population, contraire au droit international, et la Turquie a qualifié la proposition d' »inacceptable ».

Un responsable du Hamas, qui contrôlait la bande de Gaza avant la guerre lancée par Israël en réponse aux attaques du groupe palestinien sur son territoire le 7 octobre 2023, a jugé l’idée « absurde » et « susceptible d’enflammer la région ».

Le Hamas, a ajouté Sami Abou Zouhri, continue à respecter l’accord de cessez-le-feu avec Israël et à souhaiter le succès de la deuxième phase de négociations engagée mardi.

Une trêve est entrée en vigueur pour 42 jours le 19 janvier après près de seize mois de conflit qui ont coûté la vie à plus de 47.000 Palestiniens dans l’enclave. L’attaque du 7-Octobre a fait 1.200 morts israéliens. Les pourparlers doivent désormais porter sur un cessez-le-feu permanent, la libération de tous les otages du Hamas et le retrait des troupes israéliennes du territoire.

CONSTRUIRE « DE JOLIES MAISONS »

La visite de Benjamin Netanyahu à Washington – premier dirigeant étranger reçu à la Maison blanche depuis le début du second mandat de Donald Trump le 20 janvier -, devait avant tout porter sur l’avenir de cette trêve fragile, qui n’a guère été évoqué par les deux dirigeants, le président américain insistant longuement sur sa volonté de transférer les Palestiniens hors du territoire.

Donald Trump a de nouveau demandé à la Jordanie et l’Egypte de les accueillir, hypothèse déjà rejetée par les intéressés, et affirmé que les pays « d’une grande richesse » dans la région pourraient financer la reconstruction de l’enclave.

Dans un message publié mercredi sur X, la cour royale jordanienne a déclaré que le roi Abdallah jugeait nécessaire un « arrêt de l’expansion des colonies (juives) de peuplement » et rejetait « toute tentative d’annexer des terres et de déplacer les Palestiniens ».

« Les Etats-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza, et nous y ferons du bon travail. Nous en serons propriétaires et serons responsables du démantèlement de tous les engins explosifs dangereux », a lancé le président américain lors de sa conférence de presse.

« Nous y créerons des milliers et des milliers d’emplois et ce sera quelque chose dont tout le Moyen-Orient pourra être très fier », a ajouté l’ancien magnat de l’immobilier, qui a comparé la bande de Gaza à un « site de démolition ».

« Si on pouvait trouver un petit bout parfait de territoire, ou plusieurs petits territoires, et leur bâtir dans la région de jolies maisons avec plein d’argent, (…) ce serait bien mieux que de retourner à Gaza », a-t-il encore déclaré à propos des Palestiniens.

Les Nations unies ont estimé en janvier qu’il faudrait une vingtaine d’années pour nettoyer les 50 millions de tonnes de gravats dans le territoire, pour un coût de 1,2 milliard de dollars.

« COMME UNE MAUVAISE BLAGUE »

Donald Trump n’a pas précisé comment, ni sous quelle autorité, les Etats-Unis pourraient prendre le contrôle de la bande de Gaza et l’occuper à long terme. Interrogé sur la possibilité d’y envoyer des troupes américaines, il a répondu que ce serait le cas « si nécessaire ».

« Il a complètement perdu la tête », a réagi le sénateur démocrate américain Chris Murphy. « Une invasion américaine de Gaza conduirait au massacre de milliers de soldats américains et à des décennies de guerre au Proche-Orient. C’est comme une mauvaise blague. »

Souriant au côté de Donald Trump, Benjamin Netanyahu a salué les « idées innovantes » de son interlocuteur et sa « volonté de dépasser les idées reçues ». *

Une source politique israélienne a déclaré mercredi à Reuters que la visite du Premier ministre à Washington avait « dépassé toutes les attentes et tous les rêves », estimant que Donald Trump avait proposé des « solutions ingénieuses » aux problèmes rencontrés par l’Etat d’Israël depuis sa création.

L’extrême droite israélienne s’est également réjouie de ces propos. L’ancien ministre de la Sécurité publique Itamar Ben Gvir, favorable à une recolonisation du territoire par Israël, a estimé que le transfert des Palestiniens hors de Gaza était la « seule solution ».

Paul O’Brien, directeur exécutif d’Amnesty International, a estimé que reloger les Palestiniens hors de Gaza serait comme les « détruire en tant que peuple ».

Le traumatisme de la Nakba (« catastrophe »), l’exil forcé de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948, reste dans tous les esprits.

« Trump peut aller au diable avec ses idées, son argent et ses convictions. Nous n’irons nulle part », a déclaré mercredi Samir Abou Basil, un père de cinq enfants âgé de 40 ans habitant la ville de Gaza, joint sur un forum de discussion.

« Le plus facile pour lui, s’il veut régler ce conflit, est de prendre les Israéliens et de les déplacer ailleurs. Ce sont eux les étrangers et non les Palestiniens. Nous sommes les propriétaires de cette terre », a-t-il ajouté.

(avec Nidal al Mughrabi au Caire et les bureaux de Reuters; version française Jean Terzian, Camille Raynaud et Jean-Stéphane Brosse)

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